3. Atos-Bull : la naissance d’un géant européen
Avec 87,2 % des actions de Bull au 9 septembre 2014, la société Atos a sans aucun doute réussi son OPA amicale sur l’entreprise historique de services et de matériels informatiques. Cela a d’ailleurs été attesté par l’AMF le 11 aout. Valorisé à hauteur de 620 millions d’euros, Bull permet à Atos de se positionner en leader européen sur les secteurs très convoités du Cloud, du Big Data, et l’internet 3.0, le tout sur fond d’une expertise historique en cybersécurité, domaines dans lesquels la plus-value apportée par Bull risque d’être déterminante. « La nouvelle structure Bull aurait une taille critique suffisante pour avoir une véritable force de frappe en Europe », indique ainsi Philippe Vannier. En effet sur les marchés émergents du numérique, Cloud et Big Data en particulier, la taille compte, parce que la capacité de stockage des infrastructures et la qualité des outils de traitement de données vont impacter directement l’efficacité et les potentialités de l’entreprise. Dans ce secteur du marché du numérique, il n’y aura pas réellement de place pour l’ingénieur génial qui monte sa start-up dans son garage. Bull et Atos, comme Google et Amazon avant elles, ont dû s’acquitter de coûts d’entrée sur ce marché rédhibitoires pour l’immense majorité des PME œuvrant sur les mêmes technologies.
Derrière ce rapprochement, Atos a clairement affiché son ambition de se positionner en leader européen du Cloud, de la cybersécurité et du Big Data. Une vision partagée par Bull : « Ce rapprochement va donner naissance à une entreprise de premier plan et une marque informatique de référence en Europe. Le nouveau groupe ainsi constitué devient Numéro 1 du cloud privé en Europe et l'un des principaux leaders dans la cybersécurité et le Big Data », précisait à l’issue de la première phase de l’OPA le PDG de Bull, Philippe Vannier. Ouvrant sur le même segment de marché que Bull, Atos fournit des services de conseil et d’intégration de systèmes, d’infogérance et des services transactionnels, pour un chiffre d’affaires annuel de 8,6 milliards d’euros et 76 300 collaborateurs dans 52 pays. Compte tenu des similitudes en termes d’activités, Atos espère de ce rapprochement des synergies et des économies d’échelles de l’ordre de 80 millions d’euros. Ce sera également l’occasion pour Bull de concrétiser plus rapidement que prévu son plan stratégique One Bull 2014-2017, visant à multiplier par deux l’EBIT à l’échéance. Si aucun plan social ni aucun restructuration ne sont prévus à l’heure actuelle au sein des deux groupes, l’organisation et la répartition des activités va évoluer fortement, avec une spécialisation accrue des deux entités. « Si cette OPA est un succès, nous créerons au sein d'Atos un véhicule, qui regroupera l'ensemble des activités liées au Big Data et à la cybersécurité des deux groupes », déclarait Thierry Breton, PDG d'Atos, en mai 2014. Atos de son côté va se concentrer sur le Cloud, et l’entreprise intégrera la division Cloud de Bull au sein de sa filiale Canopy, créée en 2012. « En fondant nos activités cloud avec celles de Bull, nous possèderons 100 data centers dans le monde, répartis dans une quinzaine de hubs régionaux et transcontinentaux », ajoute par ailleurs Thierry Breton.
Au final, en dans une relative discrétion, l’Europe assiste à la naissance d’un géant de l’informatique. En cumulant strictement les chiffres d’affaires, l’entité nouvellement créée génère donc un volume d’activité de près de 10 milliards d’euros, dont près de 500 millions sur les seules activités de cybersécurité et de Big Data. Des chiffres plus qu’honorables sur des marchés qui sont encore loin d’être arrivés à maturité : selon le cabinet Gartner, si 57 % des entreprises interrogées déclarent mener des projets d’intégration Big Data, seules 8 % d’entre elles se sont pour l’instant dotés de capacités en la matière. Le même cabinet évalue à 25 % la croissance de ce marché sur les deux à venir pour atteindre les 36 milliards d’euros en 2016. Au-delà des questions de cybersécurité et de mise en œuvre de technologies de Cloud souverain, ces considérations sont très certainement rentrées en ligne de compte pour le lancement de l’OPA de Atos sur Bull.
Conclusion
La société Bull est arrivée à la porte des années 2000 avec une histoire mouvementée et un bilan affaibli par l’épisode de la nationalisation. De restructurations en rachat de compétences clés, Bull s’est par la suite imposé comme un acteur français incontournable en architecture des systèmes numériques critiques. Forte ces savoir-faire nombreux, permettant maitrise et sécurité de bout en bout de la chaîne numérique, l’entreprise s’est recentrée sur la fourniture de services et de produits numériques complexes. Partant de là, Bull a pu se diversifier technologiquement parlant, et amorcer le virage du calcul haute-performance et des supercalculateurs. Par cette stratégie du pas-à-pas, Bull s’est doté de toutes les compétences pour s’inscrire parmi les leaders du Cloud privé et du traitement du Big Data.
Compte tenu de son ancienneté et de son expertise dans le domaine de la cybersécurité et du traitement de l’information, Bull-Atos est une entreprise qui dispose désormais de sérieux atouts pour affronter les bouleversements technologiques à venir, qu’il s’agisse du Cloud ou du Big Data. Sur des marchés en ébullition face à ce qui pourrait devenir la phase n°2 de la révolution numérique, après l’arrivée d’internet, il n’était que temps de voir l’Europe se doter d’un acteur de premier plan pour affronter la concurrence mondiale. En ce sens, les responsabilités portées par Bull et Atos dépassent très largement le seul cadre économique.
(*) Jean-Pierre Brulé, L'informatique malade de l'Etat, Editions Les Belles Lettres, 1993, p.263.
[Jean-Pierre Brulé a été président de Bull de 1972 à 1981]
Derrière ce rapprochement, Atos a clairement affiché son ambition de se positionner en leader européen du Cloud, de la cybersécurité et du Big Data. Une vision partagée par Bull : « Ce rapprochement va donner naissance à une entreprise de premier plan et une marque informatique de référence en Europe. Le nouveau groupe ainsi constitué devient Numéro 1 du cloud privé en Europe et l'un des principaux leaders dans la cybersécurité et le Big Data », précisait à l’issue de la première phase de l’OPA le PDG de Bull, Philippe Vannier. Ouvrant sur le même segment de marché que Bull, Atos fournit des services de conseil et d’intégration de systèmes, d’infogérance et des services transactionnels, pour un chiffre d’affaires annuel de 8,6 milliards d’euros et 76 300 collaborateurs dans 52 pays. Compte tenu des similitudes en termes d’activités, Atos espère de ce rapprochement des synergies et des économies d’échelles de l’ordre de 80 millions d’euros. Ce sera également l’occasion pour Bull de concrétiser plus rapidement que prévu son plan stratégique One Bull 2014-2017, visant à multiplier par deux l’EBIT à l’échéance. Si aucun plan social ni aucun restructuration ne sont prévus à l’heure actuelle au sein des deux groupes, l’organisation et la répartition des activités va évoluer fortement, avec une spécialisation accrue des deux entités. « Si cette OPA est un succès, nous créerons au sein d'Atos un véhicule, qui regroupera l'ensemble des activités liées au Big Data et à la cybersécurité des deux groupes », déclarait Thierry Breton, PDG d'Atos, en mai 2014. Atos de son côté va se concentrer sur le Cloud, et l’entreprise intégrera la division Cloud de Bull au sein de sa filiale Canopy, créée en 2012. « En fondant nos activités cloud avec celles de Bull, nous possèderons 100 data centers dans le monde, répartis dans une quinzaine de hubs régionaux et transcontinentaux », ajoute par ailleurs Thierry Breton.
Au final, en dans une relative discrétion, l’Europe assiste à la naissance d’un géant de l’informatique. En cumulant strictement les chiffres d’affaires, l’entité nouvellement créée génère donc un volume d’activité de près de 10 milliards d’euros, dont près de 500 millions sur les seules activités de cybersécurité et de Big Data. Des chiffres plus qu’honorables sur des marchés qui sont encore loin d’être arrivés à maturité : selon le cabinet Gartner, si 57 % des entreprises interrogées déclarent mener des projets d’intégration Big Data, seules 8 % d’entre elles se sont pour l’instant dotés de capacités en la matière. Le même cabinet évalue à 25 % la croissance de ce marché sur les deux à venir pour atteindre les 36 milliards d’euros en 2016. Au-delà des questions de cybersécurité et de mise en œuvre de technologies de Cloud souverain, ces considérations sont très certainement rentrées en ligne de compte pour le lancement de l’OPA de Atos sur Bull.
Conclusion
La société Bull est arrivée à la porte des années 2000 avec une histoire mouvementée et un bilan affaibli par l’épisode de la nationalisation. De restructurations en rachat de compétences clés, Bull s’est par la suite imposé comme un acteur français incontournable en architecture des systèmes numériques critiques. Forte ces savoir-faire nombreux, permettant maitrise et sécurité de bout en bout de la chaîne numérique, l’entreprise s’est recentrée sur la fourniture de services et de produits numériques complexes. Partant de là, Bull a pu se diversifier technologiquement parlant, et amorcer le virage du calcul haute-performance et des supercalculateurs. Par cette stratégie du pas-à-pas, Bull s’est doté de toutes les compétences pour s’inscrire parmi les leaders du Cloud privé et du traitement du Big Data.
Compte tenu de son ancienneté et de son expertise dans le domaine de la cybersécurité et du traitement de l’information, Bull-Atos est une entreprise qui dispose désormais de sérieux atouts pour affronter les bouleversements technologiques à venir, qu’il s’agisse du Cloud ou du Big Data. Sur des marchés en ébullition face à ce qui pourrait devenir la phase n°2 de la révolution numérique, après l’arrivée d’internet, il n’était que temps de voir l’Europe se doter d’un acteur de premier plan pour affronter la concurrence mondiale. En ce sens, les responsabilités portées par Bull et Atos dépassent très largement le seul cadre économique.
(*) Jean-Pierre Brulé, L'informatique malade de l'Etat, Editions Les Belles Lettres, 1993, p.263.
[Jean-Pierre Brulé a été président de Bull de 1972 à 1981]