On aurait tort de penser que cette montée du populisme n’est que la conséquence ponctuelle de la crise et de sociétés en perte de repères et donc qu’il reculera une fois que la reprise économique sera durablement installée. On peut tout d’abord remarquer que les mouvements populistes parmi les plus puissants se situent dans les pays les plus riches d’Europe où les taux de chômage sont les plus faibles (Suisse, Autriche, Norvège, Danemark, Pays-Bas). Cette montée semble être avant tout, en effet, le reflet d’une déconnexion croissante dans certains pays européens entre une partie de la population, notamment les catégories populaires, et ses élites sur un grand nombre de questions : mondialisation, délocalisations, immigration, société multiculturelle et multireligieuse, rapport à l’islam, évolution des mœurs, etc. Elle s’inscrit également dans un contexte de crise de la démocratie représentative et de dilution du pouvoir, souvent plus concentré au sein de la fameuse « troïka » que dans les institutions nationales, d’euroscepticisme croissant, mais aussi de déclin démographique européen, de vieillissement de la population et d’un sentiment collectif de décrochage par rapport aux pays émergents. Il est évident, là aussi, que cette montée du populisme devrait se poursuivre en 2014. On a pu l’observer au mois de février dernier avec la votation suisse organisée à l’instigation du mouvement populiste, l’Union démocratique du centre (UDC), sur « la fin de l’immigration de masse » dans le pays, et on devrait certainement le voir de façon spectaculaire lors des élections européennes de mai 2014.
La troisième tendance est la poursuite de la dégradation du climat. Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), l’année 2013 a été la 6e année la plus chaude dans le monde depuis 1850. Treize des quatorze années durant lesquelles les températures ont été les plus élevées ont été relevées au XXIe siècle, les années les plus chaudes ayant été 2010 et 2005. Un rapport de l’OMM publié en juillet 2013 indiquait d’ailleurs que la période 2001-2010 avait été la décennie la plus chaude jamais observée. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a, de son côté, publié un nouveau rapport en septembre, ce qui ne s’était pas produit depuis 2007, où il confirme la réalité du changement climatique et l’influence des activités humaines sur la dégradation du climat en divulguant des données encore plus alarmistes sur le réchauffement de la planète et l’élévation du niveau des mers. L’année 2013 s’est aussi caractérisée par de nombreuses catastrophes naturelles, comme un séisme en Chine dans le Sichuan, une tornade en Oklahoma ou des inondations en Europe centrale. Mais la catastrophe la plus retentissante de l’année a été le supertyphon Haiyan qui s’est abattu notamment sur les Philippines au mois de novembre et qui est considéré comme le plus puissant jamais enregistré. L’année 2014, qui, selon certaines estimations pourrait être la plus chaude de l’histoire, devrait confirmer cette dégradation du climat et de l’environnement. On a pu le voir en ce début d’année avec, par exemple, le mois de janvier le plus chaud que l’on ait connu en France depuis 1900 et le quatrième le plus chaud depuis 1880 dans le monde. L’épisode récent de « smog » sur la France en est également un autre exemple tangible.
A propos de l'auteur
Eddy Fougier est politologue, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). Spécialiste de l'altermondialisme, de la vie politique française et des affaires internationales et européennes, il est également l'auteur des Fiches d’actualité et de culture générale, publiées chaque année aux éditions Ellipses.