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Jean-François Tripodi : "Élus et professionnels doivent travailler main dans la main pour moderniser notre système de soins"




Mercredi 27 Juillet 2016


Depuis des années, politiques et professionnels sont mobilisés pour remédier aux inégalités d’accès aux soins, engendrées par notre modèle à bout de souffle. Or, cet objectif ne sera atteint que si l’ensemble des parties prenantes travaillent en bonne intelligence, avec pour unique préoccupation : l’intérêt des patients. C’est en tout cas l’avis de Jean-François Tripodi, qui dirige le réseau de soins ouvert Carte Blanche Partenaires. Selon lui, la modernisation de notre système de santé passera nécessairement par l’innovation sociale et la refonte du fonctionnement de nos institutions de santé.



Jean-François Tripodi : "Élus et professionnels doivent travailler main dans la main pour moderniser notre système de soins"

Les réseaux de soins sont encore peu connus en France. Vous qui dirigez l’une des principales plateformes de santé en France, pourriez-vous nous expliquer leurs missions et leur fonctionnement ?

Les réseaux de soins comme Carte Blanche Partenaires sont des organismes chargés d’optimiser les parcours de soins des patients, dans une démarche partenariale avec les acteurs de leur prise en charge (professionnels de santé et assureurs, notamment). Cela signifie que nous mettons en œuvre des solutions organisationnelles, économiques ou techniques destinées à garantir aux assurés une qualité de soins maximale tout en participant à la maîtrise des dépenses de santé. Nous avons également en ligne de mire l’amélioration de l’accès aux soins pour tous, car tout le monde sait que les inégalités en la matière, même dans un pays comme le nôtre, restent criantes à certains égards.
 
Pour cela, nous contractualisons avec les professionnels de santé qui respectent un certain nombre de critères qualitatifs en termes de services rendus, et économiques (c’est-à-dire une certaine modération tarifaire). Les réseaux de soins ont ainsi démontré leur efficacité dans les domaines de l’optique, de l’audioprothèse, du dentaire ou de l’hospitalisation par exemple, qui représentent des postes de dépense importants pour les patients mais aussi pour l’assurance maladie obligatoire et complémentaire. Concrètement, pour les bénéficiaires, cela se traduit par des avantages négociés par Carte Blanche Partenaires : tiers payant généralisé, qualité des produits et de la prestation, tarifs négociés, services inclus, actions de prévention…
En fait des soins de qualité à un juste prix ! 

Du point de vue du néophyte, on perçoit encore mal l’intérêt pour un professionnel de santé d’adhérer à un réseau de soins…

Et pourtant il est majeur : en adhérant librement à un réseau de soins ouvert, les professionnels de santé se voient garantir un volume d’activité significatif puisque nos bénéficiaires sont incités à s’orienter vers eux dans le cadre de leur parcours de soins. A cela, s’ajoutent les services que nous leur proposons tels que l’utilisation d’un système de dématérialisation des prises en charge, ce qui signifie pour le professionnel de santé moins de tâches administratives, et donc plus de temps consacré au patient.
 
Nous cherchons en permanence à améliorer l’équilibre entre l’intérêt économique du patient, celui des professionnels de santé, et celui des Assureurs santé. C’est le seul moyen de pérenniser notre système de santé sans mettre en péril la qualité des soins. Rappelons, en outre, que l’adhésion à Carte Blanche Partenaires est libre et non limitative en temps ou en nombre, contrairement aux pratiques des réseaux de soins fermés.

A ce propos, comment distingue-t-on les réseaux ouverts des réseaux fermés ?

Il y a une différence fondamentale sur le plan de la philosophie. La première caractéristique d’un réseau fermé est sa sélectivité, puisque ce type de réseaux suppose la sélection d’un nombre limité de professionnels par zone géographique. Les réseaux fermés sont généralement dédiés à l’optique sur la base d’un cahier des charges assez restrictif qui se traduit par une forte limitation des verres disponibles et par un scoring du professionnel de santé. Cela a deux conséquences essentielles. La première, c’est que contrairement aux réseaux ouverts, la faible densité de professionnels adhérents au réseau fermé sur un territoire donné entraîne souvent une difficulté d’accès aux soins pour les bénéficiaires puisque mécaniquement, la couverture du territoire est moins bonne. La deuxième conséquence qui découle du système de scoring affecte directement les professionnels eux-mêmes, puisqu’ils se retrouvent en situation de concurrence exacerbée et peuvent du jour au lendemain, lors du renouvellement, perdre une part de clientèle non négligeable en cas de nouvelle notation défavorable. Le scoring lui-même peut poser aussi quelques questions de fiabilité en fonction des critères de notation, on peut voir par exemple que le fait d'offrir du café est un critère de sélection.

Puisque vous faites référence à l’optique, qui est emblématique des difficultés d’accès aux soins pour certains Français, comment mesurez-vous concrètement l’efficacité de votre action ?

D’abord à travers le niveau de service rendu à 6,5 millions de bénéficiaires, qui sont 90% à passer par notre réseau optique pour obtenir leurs équipements. Ensuite, à travers le service rendu aux professionnels de santé. Une enquête réalisée en février dernier auprès de 700 de nos opticiens adhérents révèle un taux de satisfaction de 86%. Notre volonté est d’améliorer sans cesse le taux d’utilisation du réseau, grâce à un maillage territorial qui incarne véritablement notre politique de proximité et de facilité d’accès aux soins.

Capucine Davignon




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