Autolib' : nouveau revers pour le groupe Bolloré
Le 12 décembre 2023, le tribunal administratif de Paris a rejeté la demande d'indemnisation de Bolloré, jugeant que les clauses d'indemnisation du contrat étaient en contradiction avec les principes régissant les délégations de service public. Selon ces principes, le risque financier doit être supporté par le concessionnaire. Cette décision, qualifiant la convention de nulle « dans son ensemble », représente un revers majeur pour le groupe Bolloré. La Chambre régionale des comptes d'Ile-de-France avait précédemment critiqué Autolib', pointant du doigt un plan d'affaires basé sur des « hypothèses irréalistes et une incapacité à s'adapter aux difficultés croissantes ».
Le service d'autopartage Autolib' avait été lancé sous la direction de Bertrand Delanoë. Celui-ci visait à transformer le paysage du transport urbain à Paris. Avec un objectif de plus de 50 millions d'euros de bénéfices, le service semblait prometteur. En effet, dès le départ, le service d'autopartage affichait un bénéfice de 56 millions d'euros par an. Cependant, malgré un succès initial, les déficits se sont rapidement accumulés, ce qui a poussé le syndicat mixte Autolib’ Vélib’ Métropole (SAVM) à résilier de façon anticipée le contrat en 2019. En conséquence, le groupe Bolloré réclamait 235 millions d'euros pour couvrir les pertes accumulées et les coûts de résiliation anticipée. Les 103 communes utilisatrices, et le SAVM ont refusé de payer, ouvrant la voie à un conflit juridique, chaque partie se renvoyant la balle.
Un service d'autoportage jusqu'à présent inégalé
Le service Autolib', conçu pour révolutionner le transport urbain à Paris, devait opérer jusqu'en 2023. En 2019, il affichait 150 000 abonnés et une flotte de 4 000 voitures électriques. Cependant, la résiliation anticipée du contrat a laissé une dette conséquente de près de 293 millions d'euros. La décision du tribunal a radicalement changé la donne, épargnant aux collectivités cette charge financière et laissant un vide important dans l'offre de services de mobilité urbaine à Paris.
Depuis la fin d'Autolib', aucun autre service n'a réussi à s'imposer avec la même envergure, laissant les Parisiens avec moins d'options pour l'autopartage. En anticipation d'un possible appel de la part du groupe Bolloré, le SAVM avait mis de côté 32 millions d'euros. Vincent Bolloré, à la tête du groupe, a jusqu'en mars 2024 pour faire appel sur la décision du tribunal administratif de Paris.