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Rappel Takata : Toyota et Mercedes contraints à des mesures d'urgence en France




Vendredi 11 Avril 2025


Le rappel massif d’airbags Takata annoncé le 10 avril 2025 par le gouvernement français, qui implique désormais Toyota et Mercedes-Benz, marque un tournant critique pour l’industrie automobile. Derrière l’urgence de sécurité publique, c’est la gestion des risques industriels, juridiques et financiers qui se retrouve au cœur du dispositif.



Airbags Takata : deux constructeurs de plus touchés

Le 10 avril 2025, le ministère des Transports a élargi le périmètre du rappel des airbags défectueux produits par l’équipementier japonais Takata, en y intégrant officiellement Toyota et Mercedes-Benz. La décision fait suite à la publication, la veille, d’un décret gouvernemental instaurant une série d’obligations pour les constructeurs concernés, assorties de sanctions financières lourdes en cas de non-conformité.

Le rappel en question vise des véhicules produits entre 2001 et 2018, équipés d’un système de gonflage d’airbags susceptible de défaillance. Le nitrate d’ammonium, utilisé comme propulseur, peut se dégrader avec le temps et l’humidité, augmentant considérablement le risque d’explosion inopinée de l’airbag. En France, ce dispositif est identifié comme responsable de 29 accidents, dont 12 décès (essentiellement en Outre-mer) et plusieurs blessés graves.

Un impact direct sur deux acteurs majeurs du marché automobile

La mesure concerne une volumétrie conséquente : selon le ministère des Transports, 2,3 millions de véhicules sont encore en circulation sur le territoire métropolitain avec des airbags Takata non remplacés, auxquels s’ajoutent environ 80 000 véhicules dans les départements d’Outre-mer.
Les modèles listés dans le décret incluent :
    • Toyota : Yaris (2001-2017), Corolla (2001-2010)
    • Mercedes-Benz : Classe A (W169, 2004-2012), Classe C (W203 et W204, 2004-2016)

Ces véhicules font désormais l’objet d’une campagne "Stop Drive", impliquant leur immobilisation immédiate jusqu’à remplacement de l’élément défectueux. Les constructeurs ont l’obligation d’informer les propriétaires identifiés par voie de courrier recommandé et de mettre à disposition un système de suivi centralisé du traitement du rappel. Tout manquement pourra entraîner une pénalité administrative journalière de 1 million d’euros, comme stipulé dans le décret du 9 avril 2025.

Toyota et Mercedes : organisation logistique et réponse industrielle

Du côté des constructeurs, les plans de gestion de crise ont été activés. Toyota a mis à jour son site internet pour permettre aux clients de vérifier en ligne, via leur numéro VIN, si leur véhicule est concerné. Le constructeur y précise que certains cas nécessitent l’arrêt immédiat de la conduite et la prise de rendez-vous dans un centre habilité. L’opération de remplacement est gratuite pour les usagers.

Mercedes-Benz propose une procédure similaire, centrée également sur l’identification VIN et la prise de contact via son réseau de concessionnaires. Dans les deux cas, les ateliers doivent être en mesure de fournir une attestation officielle de remplacement de l’airbag dans un délai de 24 heures après l’intervention.

Sur le plan logistique, ces campagnes s’ajoutent aux tensions déjà existantes sur les chaînes d’approvisionnement. Le remplacement d’un airbag frontal implique souvent une intervention longue, avec le démontage complet du tableau de bord et un recalibrage du système de sécurité.
 

Une réponse réglementaire et judiciaire renforcée

Le volet réglementaire de ce rappel s’est notablement durci en 2025. Au-delà des obligations techniques, le décret du 9 avril impose aux constructeurs d’assurer un suivi numérique centralisé du remplacement des airbags, interfacé avec le système national de contrôle technique. Cette mesure vise à éviter les fraudes ou reventes de véhicules non conformes. Parallèlement, le ministère de la Justice a saisi la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Paris pour centraliser l’ensemble des procédures engagées en France. Selon Franceinfo, cette orientation judiciaire vise à gagner en cohérence et en efficacité, compte tenu de la multiplication des plaintes de particuliers et d’associations dans plusieurs régions.

Sur le plan économique, les coûts de rappel à la charge des constructeurs restent difficilement quantifiables à ce stade, mais sont significatifs. Au niveau mondial, le scandale Takata a entraîné le rappel de plus de 100 millions d’airbags dans près de 20 marques différentes, générant un coût cumulé estimé à plus de 15 milliards de dollars. Si le fournisseur initial — Takata — a été placé en faillite en 2017, la responsabilité du remplacement incombe désormais aux constructeurs automobiles. 

Aurélien Lacroix




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