Carnets du Business


           

Données personnelles : les associations européennes vent debout contre Méta




Jeudi 29 Février 2024


Dans un élan sans précédent, plusieurs associations de consommateurs européennes, dont l'UFC-Que Choisir en France, ont décidé de prendre le taureau par les cornes face à Méta (Facebook et Instagram). Cette coalition, qui représente des millions de consommateurs à travers l'Europe, s'insurge contre une pratique jugée non seulement intrusive mais également illégale au regard du règlement général sur la protection des données (RGPD) de l'Union européenne : l'abonnement payant pour échapper à la publicité ciblée.



Un abonnement payant pour contourner les règles européennes

La plainte, déposée, auprès des autorités de protection des données, ce jeudi 29 février 2024, simultanément dans plusieurs pays européens, dont la France, la Slovénie, l'Espagne, et la République tchèque, vise directement le nouveau modèle d'abonnement proposé par Méta. Pour 9,99 euros par mois sur ordinateur, ou 12,99 euros sur mobile, les utilisateurs peuvent, depuis novembre 2023, naviguer sans publicité. Si les consommateurs ne souhaitent pas mettre la main à la poche, ils peuvent bénéficier de Facebook et Instagram à titre gratuit, mais cela signifie qu'ils acceptent la collecte de leurs données personnelles par Méta. Autrement dit, cet abonnement payant, loin d'être perçu comme un avantage, est critiqué pour ce qu'il implique : une monétisation du droit à la vie privée, où seuls ceux qui peuvent se permettre de payer peuvent échapper à l'exploitation de leurs données personnelles.

Les associations ne mâchent pas leurs mots, accusant Méta de violer les principes fondamentaux de protection des données en tentant de « contraindre les consommateurs à accepter le traitement de leurs données à caractère personnel ». « Meta semble penser que pour gagner de l'argent avec la publicité, il est justifié de collecter toutes les données imaginables sur les activités, la localisation, la personnalité, le comportement, les attitudes et les émotions des consommateurs », assène Ursula Pachl, directrice générale adjointe du Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC).

Une amende record en mai 2023

Cette démarche intervient dans un contexte où l'entreprise de Marck Zuckerberg a déjà été épinglé par les régulateurs européens. En mai 2023, l'entreprise a été condamnée à une amende record de 1,2 milliard d'euros par le régulateur irlandais des données personnelles pour ses pratiques de transfert de données vers les États-Unis, jugées non conformes aux exigences européennes. Cette sanction historique, la plus lourde jamais imposée dans le cadre du RGPD, souligne la gravité des manquements de Méta en matière de protection des données.

Nick Clegg, responsable des affaires publiques de Méta, a qualifié cette sanction d'« injustifiée et inutile », tout en annonçant faire appel. Cependant, cette amende est perçue par beaucoup, dont l'activiste Max Schrems, comme un signal fort envoyé à l'industrie technologique sur la nécessité de respecter les normes européennes. Au vu de cette nouvelle plainte conjointe que vient de déposer les associations des consommateurs européennes, Méta risque de payer le prix fort pour sa nouvelle tentative de contourner les règles RGPD européennes.

Axelle Ker




Recherche

Rejoignez-nous
Twitter
Rss
Facebook




L'actualité économique avec le JDE






2ème édition, revue et augmentée