L’Education Nationale rétive au changement
Pour reprendre l’expression d’un Ministre, « le Mammouth » n’aime pas la nouveauté. Chaque réforme fait hurler les syndicats qui n’hésitent pas à manifester ou à se mettre en grève. Tous les Français, pendant leur scolarité, ont eu à pâtir de fréquents conflits sociaux au sein de l’Éducation Nationale. Moralité : rien ne change. Les professeurs ne portent plus de blouse grise mais au final enseignent avec les mêmes méthodes que leurs grands ainés. Le système est totalement sclérosé, incapable de se remettre en cause. Des professeurs isolés font cependant preuve d’initiatives. Par exemple, certains qui proposent des classes inversées ou d’autres des classes coopératives où chacun s’aide. Ainsi, Le Monde a relevé 10 innovations pédagogiques provenant d’initiatives individuelles. Mais le système en lui-même résiste de toutes ses forces au moindre changement. Des totems. Ce qui prime, au-delà de l’intérêt des élèves, c’est que l’école soit publique et nationale. Les initiatives privées apparaissent comme des initiatives « de classe ». Ainsi, la France n’a montré aucun intérêt pour les charter schools américaines ou les Academies ou free schools anglaises, ces écoles publiques gratuites à gestion privée et à forte identité éducative. Elles ont pourtant bouleversé le paysage éducatif de ces deux grands pays. Mais elles touchaient à une vache sacrée en France : le caractère public de l’école, le statut de fonctionnaire de ses enseignants. L’initiative du changement peut-elle venir de la sphère citoyenne ? C’est par exemple le cas d’organisations de la société civile comme Educ'France, nouveau venu chez les acteurs éducatifs actifs sur le web, qui propose une réflexion dynamique, sans parti pris et en dehors des lourdeurs de l’administration. Né en décembre dernier, ce site internet produit et reproduit des articles faisant l'éloge d'une innovation qui peine à faire surface. On connaît l'hostilité structurelle de l'Education nationale aux aventures hors-système…
L’exemple de l’enseignement de l’économie
Pour illustrer notre propos, prenons l’exemple de l'enseignement de l'économie. C’est l’exemple type de la matière sacrifiée sur l’autel de l’idéologie sur le thème de la vision négative de l’entreprise et de la diabolisation de la finance. L’objectif, n’est pas un enseignement pragmatique destiné à ce que chacun puisse être autonome dans l’analyse du monde qui l’entoure. Le Ministre Jean Michel Blanquer a essayé de s’y attaquer dans sa récente loi, mais a fini par abandonner face à des idéologues campés sur leurs positions. Pourtant l’enseignement de l’économie peut être très ludique et utile alors que la France manque cruellement d’entrepreneurs. Des initiatives privées naissent également dans ce domaine. Par exemple, Xavier Fontanet, l’ancien patron d’Essilor, s’est mis en tête d’apprendre à tous, au travers de la mise à disposition d’un jeu sur ordinateur, à diriger un grand groupe et ainsi à comprendre les règles d’or des arbitrages économiques au fondement de la stratégie d’entreprise. L’Education nationale tourne autour mais osera-t-elle s’emparer vraiment de cette innovation qui révolutionne l’enseignement de l’économie ?
Ce qui manque à notre pays en matière éducative, c'est de l'innovation de rupture. Or, au pays de l'éducation et de la mise au ban des aventures solitaires en matière éducative, la méfiance est de mise. Il n'y a, par exemple, pas de marché structuré des nouvelles technologies éducatives en France. Le B to C se développe un peu, mais le B to B est inexistant tant l’Education nationale est rétive à toute expérimentation. Ainsi les leaders français de l’EdTech ont leurs principaux marchés …. à l’étranger. Comme Marbotic, plébiscité aux Pays-Bas, ignoré en France. Or chacun sait que c'est par le biais du numérique que l'innovation prend, même quand elle se fixe sur d'autres aspect de l'enseignement (les modalités de transmission par exemple). Heureusement, ici ou là des initiatives permettent d’espérer.
L’Institut de France (dont l’Académie française) s’attaque à l’innovation éducative : la récente création de la fondation Kairos
Dans ce paysage un peu sombre, surgit (peut-être) une lueur d'espoir avec l'annonce, en fin de semaine dernière de la création d'une institution destinée à promouvoir "l'innovation éducative" en finançant non seulement des écoles, mais aussi des "projets" éducatifs innovants : la Fondation Kairos pour l’innovation éducative. Elle est développée au sein de l’Institut de France, ce qui donne à penser qu’elle tendra à associer un souci réel de la transmission de la connaissance et en particulier de la culture classique avec une recherche d’innovation humaniste, n’ayant pas de peur de principe des technologies. Dans bien des domaines, l’innovation vient d’initiatives citoyennes. Un révolutionnaire, John Holloway, avait même écrit un ouvrage intitulé « changer le monde, sans prendre le pouvoir ». L’État apparaissait pour lui comme une entité gestionnaire et oppressive (« Le pouvoir domination »). De cette approche partisane, les mobilisations citoyennes s’emparaient du vrai pouvoir du « faire » (« le pouvoir « action »). Est-ce que finalement cette théorie néo -marxiste ne pourrait pas s’appliquer dans le monde de l’éducation pour lui permettre d’innover ? Est-ce que les initiatives associatives, centres de réflexion, écoles sous contrats et hors contrats, ne sont pas finalement l’avenir de l’éducation en permettant une adaptation plus rapide à un monde qui évolue très vite ? Il est plus qu'urgent de donner à la jeunesse le goût de l’initiative, de la prise de risque et de l’entrepreneuriat. Sans cette culture de l'innovation, c'est une mission impossible !
Pour reprendre l’expression d’un Ministre, « le Mammouth » n’aime pas la nouveauté. Chaque réforme fait hurler les syndicats qui n’hésitent pas à manifester ou à se mettre en grève. Tous les Français, pendant leur scolarité, ont eu à pâtir de fréquents conflits sociaux au sein de l’Éducation Nationale. Moralité : rien ne change. Les professeurs ne portent plus de blouse grise mais au final enseignent avec les mêmes méthodes que leurs grands ainés. Le système est totalement sclérosé, incapable de se remettre en cause. Des professeurs isolés font cependant preuve d’initiatives. Par exemple, certains qui proposent des classes inversées ou d’autres des classes coopératives où chacun s’aide. Ainsi, Le Monde a relevé 10 innovations pédagogiques provenant d’initiatives individuelles. Mais le système en lui-même résiste de toutes ses forces au moindre changement. Des totems. Ce qui prime, au-delà de l’intérêt des élèves, c’est que l’école soit publique et nationale. Les initiatives privées apparaissent comme des initiatives « de classe ». Ainsi, la France n’a montré aucun intérêt pour les charter schools américaines ou les Academies ou free schools anglaises, ces écoles publiques gratuites à gestion privée et à forte identité éducative. Elles ont pourtant bouleversé le paysage éducatif de ces deux grands pays. Mais elles touchaient à une vache sacrée en France : le caractère public de l’école, le statut de fonctionnaire de ses enseignants. L’initiative du changement peut-elle venir de la sphère citoyenne ? C’est par exemple le cas d’organisations de la société civile comme Educ'France, nouveau venu chez les acteurs éducatifs actifs sur le web, qui propose une réflexion dynamique, sans parti pris et en dehors des lourdeurs de l’administration. Né en décembre dernier, ce site internet produit et reproduit des articles faisant l'éloge d'une innovation qui peine à faire surface. On connaît l'hostilité structurelle de l'Education nationale aux aventures hors-système…
L’exemple de l’enseignement de l’économie
Pour illustrer notre propos, prenons l’exemple de l'enseignement de l'économie. C’est l’exemple type de la matière sacrifiée sur l’autel de l’idéologie sur le thème de la vision négative de l’entreprise et de la diabolisation de la finance. L’objectif, n’est pas un enseignement pragmatique destiné à ce que chacun puisse être autonome dans l’analyse du monde qui l’entoure. Le Ministre Jean Michel Blanquer a essayé de s’y attaquer dans sa récente loi, mais a fini par abandonner face à des idéologues campés sur leurs positions. Pourtant l’enseignement de l’économie peut être très ludique et utile alors que la France manque cruellement d’entrepreneurs. Des initiatives privées naissent également dans ce domaine. Par exemple, Xavier Fontanet, l’ancien patron d’Essilor, s’est mis en tête d’apprendre à tous, au travers de la mise à disposition d’un jeu sur ordinateur, à diriger un grand groupe et ainsi à comprendre les règles d’or des arbitrages économiques au fondement de la stratégie d’entreprise. L’Education nationale tourne autour mais osera-t-elle s’emparer vraiment de cette innovation qui révolutionne l’enseignement de l’économie ?
Ce qui manque à notre pays en matière éducative, c'est de l'innovation de rupture. Or, au pays de l'éducation et de la mise au ban des aventures solitaires en matière éducative, la méfiance est de mise. Il n'y a, par exemple, pas de marché structuré des nouvelles technologies éducatives en France. Le B to C se développe un peu, mais le B to B est inexistant tant l’Education nationale est rétive à toute expérimentation. Ainsi les leaders français de l’EdTech ont leurs principaux marchés …. à l’étranger. Comme Marbotic, plébiscité aux Pays-Bas, ignoré en France. Or chacun sait que c'est par le biais du numérique que l'innovation prend, même quand elle se fixe sur d'autres aspect de l'enseignement (les modalités de transmission par exemple). Heureusement, ici ou là des initiatives permettent d’espérer.
L’Institut de France (dont l’Académie française) s’attaque à l’innovation éducative : la récente création de la fondation Kairos
Dans ce paysage un peu sombre, surgit (peut-être) une lueur d'espoir avec l'annonce, en fin de semaine dernière de la création d'une institution destinée à promouvoir "l'innovation éducative" en finançant non seulement des écoles, mais aussi des "projets" éducatifs innovants : la Fondation Kairos pour l’innovation éducative. Elle est développée au sein de l’Institut de France, ce qui donne à penser qu’elle tendra à associer un souci réel de la transmission de la connaissance et en particulier de la culture classique avec une recherche d’innovation humaniste, n’ayant pas de peur de principe des technologies. Dans bien des domaines, l’innovation vient d’initiatives citoyennes. Un révolutionnaire, John Holloway, avait même écrit un ouvrage intitulé « changer le monde, sans prendre le pouvoir ». L’État apparaissait pour lui comme une entité gestionnaire et oppressive (« Le pouvoir domination »). De cette approche partisane, les mobilisations citoyennes s’emparaient du vrai pouvoir du « faire » (« le pouvoir « action »). Est-ce que finalement cette théorie néo -marxiste ne pourrait pas s’appliquer dans le monde de l’éducation pour lui permettre d’innover ? Est-ce que les initiatives associatives, centres de réflexion, écoles sous contrats et hors contrats, ne sont pas finalement l’avenir de l’éducation en permettant une adaptation plus rapide à un monde qui évolue très vite ? Il est plus qu'urgent de donner à la jeunesse le goût de l’initiative, de la prise de risque et de l’entrepreneuriat. Sans cette culture de l'innovation, c'est une mission impossible !