La direction du Développement Afrique vous a été confié récemment, vous êtes un familier du continent africain sur lequel vous travailliez déjà chez Saur International. Pouvez-vous nous décrire votre expérience africaine ?
J’ai effectivement travaillé quelques années à la SAUR, qui était alors actionnaire de la Sénégalaise Des Eaux (SDE), de la Société des Eaux de Côte d'Ivoire (SODECI), et de l'Energie Du Mali (EDM), ainsi que d'une concession en Afrique du Sud. Je reviens ainsi vers ce continent après une quinzaine d'années.
Ce retour et ma compréhension des sujets actuels ont été favorisé par les échanges avec mes collègues africains du Master de Sciences po. Mais il faut être sur place pour appréhender la situation, c’est pourquoi depuis ma prise de poste, j'ai pu me déplacer à nouveau, au Maghreb, en Afrique de l'Ouest, de l'Est et Australe.
Quel regard posez-vous sur la gestion des ressources en eau sur ce continent ?
La gestion des ressources en eau est extrêmement compliquée, que ce soit en termes de production ou de distribution. Plus de 20% des ménages ruraux sont à plus d'une heure d'une source d'eau réellement potable ce qui les incite à s'approvisionner dans les eaux plus proches et de mauvaise qualité, favorisant alors l'émergence de maladies - bactériologiques (diarrhée, choléra, légionellose…), virales (Hépatite, poliomyélite) ou liées à la présence de métaux lourds....
Se pose aussi la question de l’assainissement des eaux usées. En effet seuls 30% des Africains Sub-sahariens sont reliés à des réseaux de traitement d’eaux pluviales et usées. Partout ailleurs le rejet se fait directement dans le milieu naturel avec les dangers sanitaires et épidémiologiques que l’on connaît.
Par le passé, les investissements pour l'eau en Afrique ont été colossaux et d'importantes réformes structurelles envisagées, mais force est de constater que les problématiques ont peu évolué, et que sans la mise en place de solutions nouvelles, adaptées aux spécificités de l’Afrique, la situation est plus critique chaque année.
A quelles spécificités et contraintes propres à l'Afrique VWT doit-il faire face ?
L’Afrique se transforme très rapidement, sa démographie augmente et s'urbanise dans des proportions jamais connues. En Afrique subsaharienne la population urbaine est en hausse de 24 millions de personnes par an. Et le développement des centres urbains s’effectue horizontalement, la distinction entre zone urbaine et zone rurale est moins évidente que dans nos villes européennes, ce qui complique encore le déploiement d’infrastructures adéquates, alors même que le manque est déjà criant.
Dans les domaines des télécommunications et de l’énergie, l’Afrique est passée d’un modèle pré-révolution industrielle à la révolution numérique sans transition, avec des solutions décentralisées qui se sont développées à grande échelle. Nous pouvons certainement nous en inspirer. Nous devons également prendre en compte les capacités de certaines sociétés de gestion et de patrimoine de l'eau, ainsi que le droit coutumier, les situations géopolitiques, régionales et nationales.
Quelles solutions VWT propose-t-elle face à tous ces défis ?
Pour cela VWT choisit de s'associer avec des partenaires locaux qui ont développé des solutions adaptées. Malheureusement les acteurs locaux du monde de l'eau sont rares et souvent de très petite taille. Le transfert de compétence et la formation de partenaires africains sont donc une préoccupation majeure de VWT dans ses ambitions pour l'Afrique.
De plus VWT a développé des solutions adaptées au marché africain au-delà des grandes stations conventionnelles de traitement.
Ces solutions de traitement de l’eau, potable, usée ou industrielle, sont conteneurisées ou skidées. Elles traitent de moindres débits (jusque 2000 m3 par jour), mais sont adaptées au besoin de villes moyennes, et peuvent être déployées rapidement et sur un territoire large.
Cela garantit un accès rapproché à une eau de qualité, que ce soit en traitement d’eau de surface, ou en complément d’un forage. Avec des solutions fiables et robustes, nécessitant une faible maintenance, ce qui doit aussi assurer leur pérennité.
Se pose ensuite la question de l’énergie électrique dans des endroits reculés. Pour cela nous travaillons sur des solutions "tout en un" et les progrès techniques de production et stockage d'électricité hors réseau permettent des avancées rapides.
La situation nécessite de nouvelles idées et de nouveaux moyens. Au-delà de la résilience naturelle que l’Afrique a montré ces dernières décennies, l’accélération est telle qu’il faut savoir profiter des atouts que l’Afrique porte en elle. L'objectif est de permettre aux populations de vivre et travailler localement.
Enfin VWT s'adresse aussi au marché industriel. Les zones industrielles sont en développement et elles doivent prendre en compte des réglementations nécessaires mais néanmoins contraignantes. La production d'eau industrielle et le traitement des eaux usées est un vrai savoir-faire chez VWT et notre expertise permet de ne pas détériorer les ressources en eau.
L'identité française de la société Veolia joue-t-elle un rôle dans son implantation en Afrique ? Lequel ?
VWT est évidemment une société française mais est surtout un acteur global du métier du traitement de l’eau. Le cumul de nos expériences et nos savoir-faire dans le monde entier est le réel atout. Il doit nous permettre d’appréhender le marché africain, au travers de nos connaissances et en compréhension des spécificités locales.
Nous souhaitons ainsi être actifs autant en Afrique francophone, qu’anglophone ou lusophone. Nous adressons d’ailleurs le marché africain depuis la France mais aussi depuis l'Afrique du Sud et au plus près des acteurs locaux.
Il est important de ne pas paraître "arrogant comme un Français en Afrique", mais d’accompagner et de faciliter les évolutions avec et grâce aux acteurs locaux et multinationaux. Nous ne serons pas ivoiriens en côte d’Ivoire ou kenyans au Kenya, ce discours m’étonne encore et toujours, nous apportons nos capacités et travaillons avec les partenaires locaux, les mieux à même de prendre les meilleures décisions, dès lors que nous partageons nos expertises et visions du développement.
Les sujets sont complexes, les besoins profonds, et le futur difficile à appréhender, même pour les meilleurs spécialistes. VWT souhaite être un élément de réponse.
Dans cet environnement, c’est sans doute modestement mais avec beaucoup de volonté et d’envie, que je souhaite favoriser le développement de l'Afrique et de VWT, pour et avec les Africains.
J’ai effectivement travaillé quelques années à la SAUR, qui était alors actionnaire de la Sénégalaise Des Eaux (SDE), de la Société des Eaux de Côte d'Ivoire (SODECI), et de l'Energie Du Mali (EDM), ainsi que d'une concession en Afrique du Sud. Je reviens ainsi vers ce continent après une quinzaine d'années.
Ce retour et ma compréhension des sujets actuels ont été favorisé par les échanges avec mes collègues africains du Master de Sciences po. Mais il faut être sur place pour appréhender la situation, c’est pourquoi depuis ma prise de poste, j'ai pu me déplacer à nouveau, au Maghreb, en Afrique de l'Ouest, de l'Est et Australe.
Quel regard posez-vous sur la gestion des ressources en eau sur ce continent ?
La gestion des ressources en eau est extrêmement compliquée, que ce soit en termes de production ou de distribution. Plus de 20% des ménages ruraux sont à plus d'une heure d'une source d'eau réellement potable ce qui les incite à s'approvisionner dans les eaux plus proches et de mauvaise qualité, favorisant alors l'émergence de maladies - bactériologiques (diarrhée, choléra, légionellose…), virales (Hépatite, poliomyélite) ou liées à la présence de métaux lourds....
Se pose aussi la question de l’assainissement des eaux usées. En effet seuls 30% des Africains Sub-sahariens sont reliés à des réseaux de traitement d’eaux pluviales et usées. Partout ailleurs le rejet se fait directement dans le milieu naturel avec les dangers sanitaires et épidémiologiques que l’on connaît.
Par le passé, les investissements pour l'eau en Afrique ont été colossaux et d'importantes réformes structurelles envisagées, mais force est de constater que les problématiques ont peu évolué, et que sans la mise en place de solutions nouvelles, adaptées aux spécificités de l’Afrique, la situation est plus critique chaque année.
A quelles spécificités et contraintes propres à l'Afrique VWT doit-il faire face ?
L’Afrique se transforme très rapidement, sa démographie augmente et s'urbanise dans des proportions jamais connues. En Afrique subsaharienne la population urbaine est en hausse de 24 millions de personnes par an. Et le développement des centres urbains s’effectue horizontalement, la distinction entre zone urbaine et zone rurale est moins évidente que dans nos villes européennes, ce qui complique encore le déploiement d’infrastructures adéquates, alors même que le manque est déjà criant.
Dans les domaines des télécommunications et de l’énergie, l’Afrique est passée d’un modèle pré-révolution industrielle à la révolution numérique sans transition, avec des solutions décentralisées qui se sont développées à grande échelle. Nous pouvons certainement nous en inspirer. Nous devons également prendre en compte les capacités de certaines sociétés de gestion et de patrimoine de l'eau, ainsi que le droit coutumier, les situations géopolitiques, régionales et nationales.
Quelles solutions VWT propose-t-elle face à tous ces défis ?
Pour cela VWT choisit de s'associer avec des partenaires locaux qui ont développé des solutions adaptées. Malheureusement les acteurs locaux du monde de l'eau sont rares et souvent de très petite taille. Le transfert de compétence et la formation de partenaires africains sont donc une préoccupation majeure de VWT dans ses ambitions pour l'Afrique.
De plus VWT a développé des solutions adaptées au marché africain au-delà des grandes stations conventionnelles de traitement.
Ces solutions de traitement de l’eau, potable, usée ou industrielle, sont conteneurisées ou skidées. Elles traitent de moindres débits (jusque 2000 m3 par jour), mais sont adaptées au besoin de villes moyennes, et peuvent être déployées rapidement et sur un territoire large.
Cela garantit un accès rapproché à une eau de qualité, que ce soit en traitement d’eau de surface, ou en complément d’un forage. Avec des solutions fiables et robustes, nécessitant une faible maintenance, ce qui doit aussi assurer leur pérennité.
Se pose ensuite la question de l’énergie électrique dans des endroits reculés. Pour cela nous travaillons sur des solutions "tout en un" et les progrès techniques de production et stockage d'électricité hors réseau permettent des avancées rapides.
La situation nécessite de nouvelles idées et de nouveaux moyens. Au-delà de la résilience naturelle que l’Afrique a montré ces dernières décennies, l’accélération est telle qu’il faut savoir profiter des atouts que l’Afrique porte en elle. L'objectif est de permettre aux populations de vivre et travailler localement.
Enfin VWT s'adresse aussi au marché industriel. Les zones industrielles sont en développement et elles doivent prendre en compte des réglementations nécessaires mais néanmoins contraignantes. La production d'eau industrielle et le traitement des eaux usées est un vrai savoir-faire chez VWT et notre expertise permet de ne pas détériorer les ressources en eau.
L'identité française de la société Veolia joue-t-elle un rôle dans son implantation en Afrique ? Lequel ?
VWT est évidemment une société française mais est surtout un acteur global du métier du traitement de l’eau. Le cumul de nos expériences et nos savoir-faire dans le monde entier est le réel atout. Il doit nous permettre d’appréhender le marché africain, au travers de nos connaissances et en compréhension des spécificités locales.
Nous souhaitons ainsi être actifs autant en Afrique francophone, qu’anglophone ou lusophone. Nous adressons d’ailleurs le marché africain depuis la France mais aussi depuis l'Afrique du Sud et au plus près des acteurs locaux.
Il est important de ne pas paraître "arrogant comme un Français en Afrique", mais d’accompagner et de faciliter les évolutions avec et grâce aux acteurs locaux et multinationaux. Nous ne serons pas ivoiriens en côte d’Ivoire ou kenyans au Kenya, ce discours m’étonne encore et toujours, nous apportons nos capacités et travaillons avec les partenaires locaux, les mieux à même de prendre les meilleures décisions, dès lors que nous partageons nos expertises et visions du développement.
Les sujets sont complexes, les besoins profonds, et le futur difficile à appréhender, même pour les meilleurs spécialistes. VWT souhaite être un élément de réponse.
Dans cet environnement, c’est sans doute modestement mais avec beaucoup de volonté et d’envie, que je souhaite favoriser le développement de l'Afrique et de VWT, pour et avec les Africains.