Éditorialistes & Contributeurs
Corporate management
Reprenons depuis le début. League of Legends est un jeu vidéo multijoueur opposant 10 joueurs répartis dans 2 équipes. Développé par Riot Games et sorti en 2010, League of Legends (aussi appelé LOL) est le jeu vidéo en ligne qui a révolutionné l’eSport. Constamment situé dans le top 10 des jeux vidéo les plus joués au monde avec 70 millions de joueurs, le jeu est toujours très populaire 10 ans après sa sortie. Le championnat du monde ayant lieu tous les ans regroupant les meilleures équipes mondiales attire des millions de spectateurs sur les plateformes de visionnage en ligne. La finale 2019 a eu lieu à Paris dans un Accord Hotel Arena rempli à ras bord.
La scène professionnelle est très active avec des championnats régionaux décomposés en deux phases : le segment de printemps et le segment d’été, où les meilleures équipes professionnelles s’affrontent. La LEC, League of Legends European Championship, est la Ligue européenne du jeu League of Legends et est considérée comme faisant partie des 3 meilleurs championnats mondiaux aux côtés du championnat Coréen et Chinois. Elle a donc une visibilité très importante avec ses plus de 300 000 spectateurs hebdomadaires et s’est toujours démarqué des autres ligues régionales par son style et ses émissions.
En effet, la LEC en tant que tel est né en 2018 par la prise d’indépendance de la Ligue Européenne vis à vis de la Ligue Nord-Américaine avec une toute nouvelle identité visuelle et un style très marqué : League of Legends est un jeu vidéo et la LEC compte bien assumer le côté très fun de cette industrie. Autour des matchs, dont la diffusion constitue évidemment le cœur de la LEC, s’organise tout un ensemble d’émissions et de vidéos mettant en scène ses analystes et commentateurs, que l’on appelle « Caster » dans le monde de LOL. Très vite la LEC prend de la vitesse, ses Casters devenant des personnalités à part entière : on vient tout autant voir les matchs que voir ces commentateurs hauts en couleurs expliquer les subtilités du jeu qui échappent à l’œil d’un public jeune et très engagé. On peut également attribuer la montée en puissance de la LEC aux excellentes performances de ses équipes sur la scène internationale puisque les équipes Fnatic et G2, toutes deux issues de la Ligue, sont finalistes des championnats mondiaux en 2018 et 2019 respectivement.
Cette image jeune et dynamique est cultivée par la LEC qui soutient les mouvements antiracisme, pro-LGBT mondiaux qui sont très chers à sa communauté composée à plus de 75% de moins de 30 ans avec des campagnes de sensibilisation et des Casters qui montrent leur soutien à ces causes.
C’est dans ce contexte que l’annonce du partenariat entre la LEC et NEOM survient le mercredi 29 juillet. Les réactions ne se font pas attendre, de nombreux internautes s’indignent que la LEC s’allient à une entreprise saoudienne soutenue publiquement par Mohammed Ben Salman. Puis ça s’emballe, l’intégralité des Casters de la LEC communiquent sur leurs Twitter pour exprimer leur désapprobation. Commence alors à enfler la rumeur comme quoi les Casters vont refuser de prendre l’antenne vendredi pour les émissions prévues en direct après leur refus de diffuser une des émissions phares de la LEC qui est censé sortir le mercredi : Euphoria. La crise prend de l’ampleur. Les tweets de certains Casters sont sans équivoques
La scène professionnelle est très active avec des championnats régionaux décomposés en deux phases : le segment de printemps et le segment d’été, où les meilleures équipes professionnelles s’affrontent. La LEC, League of Legends European Championship, est la Ligue européenne du jeu League of Legends et est considérée comme faisant partie des 3 meilleurs championnats mondiaux aux côtés du championnat Coréen et Chinois. Elle a donc une visibilité très importante avec ses plus de 300 000 spectateurs hebdomadaires et s’est toujours démarqué des autres ligues régionales par son style et ses émissions.
En effet, la LEC en tant que tel est né en 2018 par la prise d’indépendance de la Ligue Européenne vis à vis de la Ligue Nord-Américaine avec une toute nouvelle identité visuelle et un style très marqué : League of Legends est un jeu vidéo et la LEC compte bien assumer le côté très fun de cette industrie. Autour des matchs, dont la diffusion constitue évidemment le cœur de la LEC, s’organise tout un ensemble d’émissions et de vidéos mettant en scène ses analystes et commentateurs, que l’on appelle « Caster » dans le monde de LOL. Très vite la LEC prend de la vitesse, ses Casters devenant des personnalités à part entière : on vient tout autant voir les matchs que voir ces commentateurs hauts en couleurs expliquer les subtilités du jeu qui échappent à l’œil d’un public jeune et très engagé. On peut également attribuer la montée en puissance de la LEC aux excellentes performances de ses équipes sur la scène internationale puisque les équipes Fnatic et G2, toutes deux issues de la Ligue, sont finalistes des championnats mondiaux en 2018 et 2019 respectivement.
Cette image jeune et dynamique est cultivée par la LEC qui soutient les mouvements antiracisme, pro-LGBT mondiaux qui sont très chers à sa communauté composée à plus de 75% de moins de 30 ans avec des campagnes de sensibilisation et des Casters qui montrent leur soutien à ces causes.
C’est dans ce contexte que l’annonce du partenariat entre la LEC et NEOM survient le mercredi 29 juillet. Les réactions ne se font pas attendre, de nombreux internautes s’indignent que la LEC s’allient à une entreprise saoudienne soutenue publiquement par Mohammed Ben Salman. Puis ça s’emballe, l’intégralité des Casters de la LEC communiquent sur leurs Twitter pour exprimer leur désapprobation. Commence alors à enfler la rumeur comme quoi les Casters vont refuser de prendre l’antenne vendredi pour les émissions prévues en direct après leur refus de diffuser une des émissions phares de la LEC qui est censé sortir le mercredi : Euphoria. La crise prend de l’ampleur. Les tweets de certains Casters sont sans équivoques
"C'est une déception parce que c’est la LEC. C’est mon équipe, mon produit, mes managers, mon lieu de travail.
Ma famille. Mon chez-moi.
Ce n’est pas quelqu’un dans un bureau du siège très loin que je ne connais pas. C’est dévastateur parce que je connais ceux qui ont pris ces décisions et je me sens ignorée.
Indiana « Froskurinn » Black, Casters chez LEC"
Ma famille. Mon chez-moi.
Ce n’est pas quelqu’un dans un bureau du siège très loin que je ne connais pas. C’est dévastateur parce que je connais ceux qui ont pris ces décisions et je me sens ignorée.
Indiana « Froskurinn » Black, Casters chez LEC"
La réponse de la LEC ne se fait pas attendre, le 30 juillet 2020, la LEC annonce avoir fait une erreur et met fin au partenariat dans un communiqué de Alberto Guerrero, directeur de l’eSport chez Riot Games, responsable de la région Europe-Moyen Orient. La crise aura donc duré moins de 24h.
Comprenons d’abord la raison de cette levée de boucliers. Le nouveau partenaire, NEOM, est une entreprise saoudienne qui est en train de construire une ville futuriste au Nord-Ouest du Royaume pouvant accueillir jusqu’à 1 millions d’habitants et ayant un coût de 500 milliards de dollars. Fortement soutenue par Mohammed Ben Salman, prince héritier de l’Arabie Saoudite, la ville accueillerait un port, un centre de recherche, des complexes sportifs, etc.
L’indignation suscitée par l’annonce est en partie dû à l’image du prince héritier mais aussi aux articles publiés par le journal anglais The Guardian qui rapporte que la tribu des Huwaitat, composé de 20 000 personnes vivant sur l’emplacement de la ville, est en train d’être délogé avec des violences et un mort vérifié. Pour rajouter le l’huile sur le feu, le logo officiel de la LEC était aux couleurs du drapeau LGBT au moment de l’annonce du partenariat. Quand on connaît la situation des droits de la femme et des minorités LGBT dans le Royaume, on peut effectivement s’étonner de la décision de la LEC.
Cette crise est donc si importante car c’est une crise de réputation sans précédent. Le partenariat avec NEOM, et donc à MBS et à l’Arabie Saoudite, entache la réputation d’une organisation encore très jeune qui s’est développé grâce à son image. Ne pas réagir était impossible étant donné le lien qui unit la LEC et ses fans, et le danger est très réel : un boycott de la part des Casters à 2 jours des directs représente une menace réelle pour les revenus et l’image de la LEC. Il fallait donc contrôler la crise de toute urgence.
Le détail des discussions internes entre la direction et les Casters ne nous sont pas connus mais la décision de ne pas diffuser EUphoria a montré une unité de nombreux employés face à la direction a sans crédibilisée la menace du boycott. Sous pression et avec peu de temps pour réagir, la LEC a fait machine arrrière.
En fin de compte, la LEC a décidé de ne pas prendre de risque vis-à-vis de la situation et a mis fin au partenariat avec NEOM dès le lendemain avec un communiqué s’excusant et assumant pleinement ses responsabilités. La stratégie a été claire : nos Casters sont notre ressource la plus importante et notre image dépend de leur engagement, nous ne pouvons pas laisser durer la crise. Le partenariat a donc été annulé. L’affaire a été reprise le 6 août lors d’une des émissions phare du LEC, EUphoria, où elle est évoquée très brièvement en début d’émission où Nathan Drakos, Caster vedette de la LEC, qui justifie le choix de ne pas diffuser l’émission du 29 juillet.
L’affaire a donc été tout doucement oubliée et la saison 2020 a donc pu se terminer normalement malgré le contexte sanitaire de l’année 2020 et la saison 2021 a commencé sans incident majeur. Un point néanmoins à soulever, Indiana « Froskurrinn » Black n’a pas renouvelé son contrat de Caster avec la LEC pour la saison de 2021 citant des « différends avec la direction de la LEC ». Les détails ne sont pas connus mais il n’est pas impossible que cette décision soit liée à la crise NEOM.
Comprenons d’abord la raison de cette levée de boucliers. Le nouveau partenaire, NEOM, est une entreprise saoudienne qui est en train de construire une ville futuriste au Nord-Ouest du Royaume pouvant accueillir jusqu’à 1 millions d’habitants et ayant un coût de 500 milliards de dollars. Fortement soutenue par Mohammed Ben Salman, prince héritier de l’Arabie Saoudite, la ville accueillerait un port, un centre de recherche, des complexes sportifs, etc.
L’indignation suscitée par l’annonce est en partie dû à l’image du prince héritier mais aussi aux articles publiés par le journal anglais The Guardian qui rapporte que la tribu des Huwaitat, composé de 20 000 personnes vivant sur l’emplacement de la ville, est en train d’être délogé avec des violences et un mort vérifié. Pour rajouter le l’huile sur le feu, le logo officiel de la LEC était aux couleurs du drapeau LGBT au moment de l’annonce du partenariat. Quand on connaît la situation des droits de la femme et des minorités LGBT dans le Royaume, on peut effectivement s’étonner de la décision de la LEC.
Cette crise est donc si importante car c’est une crise de réputation sans précédent. Le partenariat avec NEOM, et donc à MBS et à l’Arabie Saoudite, entache la réputation d’une organisation encore très jeune qui s’est développé grâce à son image. Ne pas réagir était impossible étant donné le lien qui unit la LEC et ses fans, et le danger est très réel : un boycott de la part des Casters à 2 jours des directs représente une menace réelle pour les revenus et l’image de la LEC. Il fallait donc contrôler la crise de toute urgence.
Le détail des discussions internes entre la direction et les Casters ne nous sont pas connus mais la décision de ne pas diffuser EUphoria a montré une unité de nombreux employés face à la direction a sans crédibilisée la menace du boycott. Sous pression et avec peu de temps pour réagir, la LEC a fait machine arrrière.
En fin de compte, la LEC a décidé de ne pas prendre de risque vis-à-vis de la situation et a mis fin au partenariat avec NEOM dès le lendemain avec un communiqué s’excusant et assumant pleinement ses responsabilités. La stratégie a été claire : nos Casters sont notre ressource la plus importante et notre image dépend de leur engagement, nous ne pouvons pas laisser durer la crise. Le partenariat a donc été annulé. L’affaire a été reprise le 6 août lors d’une des émissions phare du LEC, EUphoria, où elle est évoquée très brièvement en début d’émission où Nathan Drakos, Caster vedette de la LEC, qui justifie le choix de ne pas diffuser l’émission du 29 juillet.
L’affaire a donc été tout doucement oubliée et la saison 2020 a donc pu se terminer normalement malgré le contexte sanitaire de l’année 2020 et la saison 2021 a commencé sans incident majeur. Un point néanmoins à soulever, Indiana « Froskurrinn » Black n’a pas renouvelé son contrat de Caster avec la LEC pour la saison de 2021 citant des « différends avec la direction de la LEC ». Les détails ne sont pas connus mais il n’est pas impossible que cette décision soit liée à la crise NEOM.
