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Lagardère souhaite-t-il se débarrasser de Canal+ ?




Lundi 6 Mai 2013


Depuis 2011 déjà, Lagardère souhaitait se séparer des parts qu’il possédait dans la filiale de Canal Plus, Canal Plus France. Actionnaire à 20 %, il revenait ce jeudi 2 mai, dans une interview accordée au journal Le Monde, sur la possibilité de la mise en bourse de sa participation dans Canal Plus et se disait « prêt » à racheter les 80 % restant à Vivendi.



Comment apprécier ces déclarations par rapport à la stratégie globale du groupe ?

Lagardère souhaite-t-il se débarrasser de Canal+ ?
Canal Plus France regroupe diverses chaînes payantes comme les canaux Canal+ sur le territoire français, mais aussi par exemple Planète et Comédie.
 
C’est une nouvelle ambition qui apparait en contradiction avec les volontés précédentes. En 2010, le groupe Lagardère avait repensé sa stratégie et engageait alors une politique de cession de ses participations minoritaires comme c’est par exemple le cas d’EADS où les 7,5 % possédés par le groupe ont été cédés. Pourquoi alors une telle annonce ? Deux possibilités. Soit l’annonce est réelle, et le but est d’acquérir Canal Plus France pour l’introduire en bourse, soit l’effet est d’inciter Vivendi (actionnaire majoritaire) à racheter les 20 % détenus par Lagardère. Dans le premier cas, la déclaration vient donc se poser en contradiction avec le désengagement des activités non stratégiques de la société, dont la distribution de presse, la télévision et le magazine. Arnaud Lagardère possédait d’ailleurs une option pour monter à 34 % du capital jusqu’en 2009, il ne l’a cependant jamais fait valoir. De plus, Vivendi n’est sûrement pas vendeur, et affiche clairement sa volonté se recentrer sur les médias. Accepter de céder sa part dans Canal Plus France serait ainsi surprenant dans ces conditions.

Une annonce sur fond de rivalité

Il faut rappeler que cette annonce intervient seulement trois mois après l'assignation de Vivendi par Lagardère devant le tribunal de commerce de Paris. Arnaud Lagardère reproche une convention de trésorerie conclue entre Vivendi et Canal Plus France lors de la création de celle-ci en 2007. Elle n’aurait pas été approuvée par le conseil de surveillance de Canal Plus France et l’utilisation de sa trésorerie, estimée à 300 millions d’euros à ses débuts, 1,6 milliard fin 2012, est contestée. Le groupe Lagardère assure que cette masse est utilisée sans aucune logique de retour ou de rendement, par exemple dans des opérations de croissance externe ou des prêts pour d'autres filiales de Vivendi. Ce que cherche Lagardère, c’est l’annulation de la convention, mais surtout la restitution de la totalité des 1,6 milliard d’euros à Canal Plus (a raison d’un million d’euros par jour, sous astreinte).

Des propos qui provoquent la confusion.

Au vu des événements récents, ces déclarations provoquent une certaine confusion. Pourtant, l’actionnaire minoritaire, Lagardère, cherche à redorer son image et prouver qu’il défend les intérêts de Canal Plus France et non pas les siens, comme cela a pu être interprété lors le l’action en justice. En outre, une précision importante a été faite à la suite de l’interview dans Le Monde du jeudi 2 mai : le groupe Lagardère ne ferait « pas seul » le rachat de Canal Plus France contrairement à ce qui pouvait être supposé des propos tenus dans le quotidien national. Un objectif de 31 % suffirait pour avoir le contrôle. Après la prise de contrôle, s’en suivrait une valorisation afin de l’introduire en bourse (Canal Plus France). Une situation hasardeuse dans laquelle la communication semble être gérée maladroitement. D’un autre côté, l’acquisition de 80 % du capital de Canal Plus France est bien au-dessus des moyens du groupe qui fait face à un endettement de 1,7 milliard d’euros (fin 2012).
 
Mais à la question pourquoi tant d’agitation depuis quelques mois autour de la chaîne cryptée, il est possible d’évoquer un point significatif. Le 15 avril 2014, selon les accords signés avec Vivendi, Lagardère ne pourra plus exercer son droit d’introduction en bourse de Canal Plus France. Ce qui paraît précipiter les annonces, et cela ne devrait pas aller en s’améliorant.





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