Le vendredi 14 février, Benjamin Griveaux, candidat de la République en marche (LREM) à la mairie de Paris, met fin au suspense qui dure depuis la veille en déclarant : « J’ai décidé de retirer ma candidature à l’élection municipale parisienne. » Cette annonce officielle intervient moins de 48 heures après l’apparition de vidéos compromettantes. Retour sur la communication du parti, du candidat et du monde politique, communication qui a été unanime, rapide et indignée.
À première vue, on peut être impressionné par la rapidité et la brutalité avec laquelle la candidature à la mairie de Paris de Benjamin Griveaux, a été balayée. Si cela a été effectivement acté en moins de deux jours, ces quelques heures ont été une véritable épreuve de communication pour le candidat et son parti. Cependant, cette affaire a pris racine il y a presque deux ans. Nous sommes en 2018, Benjamin Griveaux est alors porte-parole du gouvernement d’Emmanuel Macron et entretient une liaison consentie avec une étudiante, Alexandra de Taddeo, à laquelle il aurait supposément envoyé des vidéos de lui à caractère sexuel. Ce sont certaines de ces vidéos, accompagnées de capture d’écrans de SMS, qui sont publiées le 12 février sur un site internet encore jamais utilisé, hébergé en Amérique du Nord mais apparenté à l’activiste russe et réfugié politique en France Piotr Pavlenski.
Si ce site se présente comme « la première ressource pornographique avec la participation de fonctionnaires et représentants politiques », et attaque violemment ceux qui « mentent à leurs électeurs en imposant le puritanisme à la société, alors qu’ils le méprisent eux-mêmes », la visibilité du site reste limitée. Tout change jeudi 13 février, alors que Benjamin Griveaux est sur le point de présenter son programme, avec une diffusion virale de cet article. Les images circulent soudainement extrêmement vite, mouvement enclenché en partie par le tweet du député Joachim Son-Forget, ex-LREM. Si le message de ce dernier semble dénigrer cette vidéo, cette première pierre dans la construction d’une communication est maladroite, voire interprétée comme un acte pour nuire au candidat.
Ce n’est que jeudi après-midi que l’intéressé découvre la diffusion virale des vidéos. Commence alors un parcours du combattant pour le candidat et son parti, afin de décider des informations à faire circuler, de la position à prendre…Il est très clair que la nature d’un tel scandale, directement lié à la vie privée d’un candidat, rentre difficilement dans les carcans de communication habituelle du parti lors d’une crise. Très vite, on assiste à des prises de paroles de différents membres du parti. Même s’il n’y a d’abord pas de communication officielle de LREM, ces discours spontanés vont tous dans le même sens. Par exemple, la député LREM Olivia Grégoire, amie et porte-parole du candidat, condamne la diffusion de ces vidéos : ce « très inquiétant dévoilement de l’intime », et « ce que ça présage ».
De tous bords politiques et sur les réseaux, la radio, les chaines de télévision, les femmes et hommes politiques apportent d’une manière unanime leur soutien au candidat LREM. D’un côté, Anne Hidalgo s’insurge et « appelle au respect de la vie privée des personnes », de l’autre Danielle Simonnet se révolte contre cette instrumentalisation de la vie privée. Quant à Cédric Villani, il apporte son soutien à son concurrent sur twitter : « J’adresse à Benjamin Griveaux, ainsi qu’à sa famille, mon soutien plein et entier dans cette épreuve. Je prends acte de sa décision difficile. L’attaque indigne qu’il subit est une menace grave pour notre démocratie. » Des représentants de tout le spectre politique condamnent unanimement ces actes et communiquent rapidement. Mélenchon invite les insoumis à ne participer d’aucune façon à la diffusion de ces images privées. Il ajoute « non, tous les coups ne sont pas permis (…) la publication d’images intimes pour détruire un adversaire est odieuse. »
Une cellule de crise au sein du parti se tient dans la nuit du jeudi au vendredi, durant laquelle la décision de Benjamin Griveaux de se retirer est finalement prise. Emmanuel Macron, alors en déplacement, lui assure par téléphone tout son soutien, quelle que soit sa décision. Ce n’est que le lendemain, vendredi 14 février à 9 heures, que Benjamin Griveaux prend la parole. Il s’exprime pendant un peu moins de trois minutes, avec un débit lent marqué par l’émotion, à huis clos, devant seulement deux caméras : celle de l’AFP et celle de BFM : « En annonçant ma candidature à la mairie de Paris, je connaissais la dureté de la vie politique. Hier, un nouveau stade a été franchi : un site internet et des réseaux sociaux ont relayé des attaques ignobles mettant en cause ma vie privée. Quand tous les coups sont désormais permis, cela va trop loin. (…) J’ai décidé de retirer ma candidature à l’élection municipale parisienne. Mes priorités sont très claires : c’est d’abord ma famille. (…) Les parisiens méritent une campagne digne ».
Dans son allocution, la première et unique communication officielle du candidat pendant ce scandale, Benjamin Griveaux reste extrêmement sobre, et pose sa famille en priorité. Il ne dément pas la position de candidat bon père de famille qui lui avait d’ailleurs été reprochée par Piotr Pavlenski. On peut noter qu’il ne précise à aucun moment qu’il s’agit de vidéos à caractère sexuel. Si Emmanuel Macron ne fait aucune déclaration directement liée à ce scandale express, il évoque l’absence « d’anticorps pour protéger la démocratie », laissant place à un sous-entendu possible.
Si l’allocution de l’ex-candidat a le mérite de clarifier la situation, la question de savoir qui va le remplacer se pose immédiatement et prend le dessus. C’est peut-être même un élément qui a permis à ce scandale d’être si rapide. Le parti promet une réponse officielle en moins d’une semaine, et dès le 16 février, Agnès Buzyn annonce sa candidature pour la mairie de Paris, clôturant ainsi une affaire qui a questionné la protection de la vie privée et les limites du débat démocratique, en seulement quelques heures…
À première vue, on peut être impressionné par la rapidité et la brutalité avec laquelle la candidature à la mairie de Paris de Benjamin Griveaux, a été balayée. Si cela a été effectivement acté en moins de deux jours, ces quelques heures ont été une véritable épreuve de communication pour le candidat et son parti. Cependant, cette affaire a pris racine il y a presque deux ans. Nous sommes en 2018, Benjamin Griveaux est alors porte-parole du gouvernement d’Emmanuel Macron et entretient une liaison consentie avec une étudiante, Alexandra de Taddeo, à laquelle il aurait supposément envoyé des vidéos de lui à caractère sexuel. Ce sont certaines de ces vidéos, accompagnées de capture d’écrans de SMS, qui sont publiées le 12 février sur un site internet encore jamais utilisé, hébergé en Amérique du Nord mais apparenté à l’activiste russe et réfugié politique en France Piotr Pavlenski.
Si ce site se présente comme « la première ressource pornographique avec la participation de fonctionnaires et représentants politiques », et attaque violemment ceux qui « mentent à leurs électeurs en imposant le puritanisme à la société, alors qu’ils le méprisent eux-mêmes », la visibilité du site reste limitée. Tout change jeudi 13 février, alors que Benjamin Griveaux est sur le point de présenter son programme, avec une diffusion virale de cet article. Les images circulent soudainement extrêmement vite, mouvement enclenché en partie par le tweet du député Joachim Son-Forget, ex-LREM. Si le message de ce dernier semble dénigrer cette vidéo, cette première pierre dans la construction d’une communication est maladroite, voire interprétée comme un acte pour nuire au candidat.
Ce n’est que jeudi après-midi que l’intéressé découvre la diffusion virale des vidéos. Commence alors un parcours du combattant pour le candidat et son parti, afin de décider des informations à faire circuler, de la position à prendre…Il est très clair que la nature d’un tel scandale, directement lié à la vie privée d’un candidat, rentre difficilement dans les carcans de communication habituelle du parti lors d’une crise. Très vite, on assiste à des prises de paroles de différents membres du parti. Même s’il n’y a d’abord pas de communication officielle de LREM, ces discours spontanés vont tous dans le même sens. Par exemple, la député LREM Olivia Grégoire, amie et porte-parole du candidat, condamne la diffusion de ces vidéos : ce « très inquiétant dévoilement de l’intime », et « ce que ça présage ».
De tous bords politiques et sur les réseaux, la radio, les chaines de télévision, les femmes et hommes politiques apportent d’une manière unanime leur soutien au candidat LREM. D’un côté, Anne Hidalgo s’insurge et « appelle au respect de la vie privée des personnes », de l’autre Danielle Simonnet se révolte contre cette instrumentalisation de la vie privée. Quant à Cédric Villani, il apporte son soutien à son concurrent sur twitter : « J’adresse à Benjamin Griveaux, ainsi qu’à sa famille, mon soutien plein et entier dans cette épreuve. Je prends acte de sa décision difficile. L’attaque indigne qu’il subit est une menace grave pour notre démocratie. » Des représentants de tout le spectre politique condamnent unanimement ces actes et communiquent rapidement. Mélenchon invite les insoumis à ne participer d’aucune façon à la diffusion de ces images privées. Il ajoute « non, tous les coups ne sont pas permis (…) la publication d’images intimes pour détruire un adversaire est odieuse. »
Une cellule de crise au sein du parti se tient dans la nuit du jeudi au vendredi, durant laquelle la décision de Benjamin Griveaux de se retirer est finalement prise. Emmanuel Macron, alors en déplacement, lui assure par téléphone tout son soutien, quelle que soit sa décision. Ce n’est que le lendemain, vendredi 14 février à 9 heures, que Benjamin Griveaux prend la parole. Il s’exprime pendant un peu moins de trois minutes, avec un débit lent marqué par l’émotion, à huis clos, devant seulement deux caméras : celle de l’AFP et celle de BFM : « En annonçant ma candidature à la mairie de Paris, je connaissais la dureté de la vie politique. Hier, un nouveau stade a été franchi : un site internet et des réseaux sociaux ont relayé des attaques ignobles mettant en cause ma vie privée. Quand tous les coups sont désormais permis, cela va trop loin. (…) J’ai décidé de retirer ma candidature à l’élection municipale parisienne. Mes priorités sont très claires : c’est d’abord ma famille. (…) Les parisiens méritent une campagne digne ».
Dans son allocution, la première et unique communication officielle du candidat pendant ce scandale, Benjamin Griveaux reste extrêmement sobre, et pose sa famille en priorité. Il ne dément pas la position de candidat bon père de famille qui lui avait d’ailleurs été reprochée par Piotr Pavlenski. On peut noter qu’il ne précise à aucun moment qu’il s’agit de vidéos à caractère sexuel. Si Emmanuel Macron ne fait aucune déclaration directement liée à ce scandale express, il évoque l’absence « d’anticorps pour protéger la démocratie », laissant place à un sous-entendu possible.
Si l’allocution de l’ex-candidat a le mérite de clarifier la situation, la question de savoir qui va le remplacer se pose immédiatement et prend le dessus. C’est peut-être même un élément qui a permis à ce scandale d’être si rapide. Le parti promet une réponse officielle en moins d’une semaine, et dès le 16 février, Agnès Buzyn annonce sa candidature pour la mairie de Paris, clôturant ainsi une affaire qui a questionné la protection de la vie privée et les limites du débat démocratique, en seulement quelques heures…