Le cœur de la réforme
1. Tout d’abord, pour l’ensemble des chômeurs, la période de travail pour toucher par la suite les indemnités chômage sera allongée. Ainsi la durée de travail requise passerait de 4 à 6 mois sur une période de référence de 24 mois, écourtés par rapport aux 28 mois aujourd’hui. D’après les Échos, 236 000 allocataires seraient affectés par la mesure pour une économie de 160 millions d’euros au total.
2. Les indemnités seront revues afin de demeurer inférieures à la moyenne des revenus du travail, mais devront cependant être supérieures à 65 % du salaire net mensuel moyen. Pôle emploi précisait début avril que pour un chômeur sur cinq, le montant mensuel net de l’allocation est supérieur au salaire mensuel net moyen qu’il a perçu au cours de la période d’affiliation. Cette incohérence est liée, pour la plupart des cas, aux méthodes de calcul de l’allocation chômage, qui consiste à diviser la somme des revenus perçus la dernière année par le nombre de jours travaillés.
3. Les allocations de l’assurance chômage pour les cadres supérieurs (touchant 4500 € et plus) connaîtront une dégression de l’indemnité proportionnelle au temps passé sans emploi. Ainsi, à partir du 7e mois de chômage, l’indemnisation est réduite de 30 % jusqu’au palier minimum de 2261 € net. La veille de l’allocution d’Édouard Philippe, la rumeur laissait entendre que les seniors comme les jeunes, plus durement exposés au chômage, ne seraient pas concernés par cette mesure. Pour finir, seuls les plus de 57 ans se voient exemptés de la diminution de leurs indemnités.
4. Emmanuel Macron souhaitant développer la flexibilité de l’emploi et les changements de carrière, rétablit le droit à l’assurance chômage pour les démissionnaires au même titre que les autres demandeurs d’emploi. Ceux-ci devront cependant répondre à deux conditions, avoir 5 ans d’ancienneté dans l’entreprise et proposer un projet professionnel.
5. Un système de bonus-malus est mis en place afin de compenser les surcoûts liés aux indemnités post CDD. Ainsi, sept secteurs très gourmands en CDD de courte durée (CDD d’usage) se voient imposer une nouvelle taxe de 10 € par contrat. L’hébergement, la restauration, la plasturgie ou encore l’agroalimentaire se voient ainsi pénalisé par cette mesure. Le gouvernement à laisser entendre que si la mesure fonctionne, l’ensemble des entreprises françaises seront alors concernées. Aussi, les cotisations patronales d’assurance-chômage varieront entre 3 % et 5 % en fonction du nombre de salariés s’inscrivant à Pôle Emploi. Les entreprises de moins de 11 salariés ne seront pas visées pour laisser de la flexibilité au travail.
6. Dernière mesure : désormais, les travailleurs indépendants toucheront une indemnisation de 800 euros par mois durant 6 mois si leur commerce a généré 10 000 euros par ans sur les deux dernières années.
Le bras de fer continue
Tous les représentants de syndicats ont émis leurs critiques, affichant leur mécontentement suite à ce projet de réforme. Ainsi, FO, CGT et CFDT ont toutes donné leur ressenti qualifiant le plan d’« injuste », d’« inefficace » ou encore d’« extrêmement dur ».
Le patronat, cependant moins véhément, semble aussi affecté par les mesures annoncées, notamment sur la mise en place du Bonus-Malus pour les contrats courts, ainsi que la dégressivité de l’indemnité des cadres supérieures. Ceux-ci qualifient la mesure d’« inefficace » et dénoncent une vision punitive de l’économie.
Jean-Michel Blanquer, assurait sur LCI, « même avec cette réforme, le système français reste l’un des plus généreux du monde » prenant à contrepied les nombreuses critiques. En cohérence avec le gouvernement Macron, le ministre de l’Éducation affirme que « Cette réforme est profondément juste avec un critère principal le travail ».