Une faillite inévitable face à une dette colossale
La chute de Northvolt est avant tout le résultat d’une situation financière devenue intenable. Avec une dette qui s’élevait à près de 8 milliards d’euros et seulement 30 millions de dollars de liquidités en caisse, la chute de l'entreprise suédoise était annoncée. La décision du constructeur BMW de rompre un contrat de 2 milliards de dollars en juin 2024 aura fini par sceller son sort.
Face à ces difficultés, l’entreprise avait tenté de se protéger en se plaçant sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites en novembre 2024, espérant ainsi obtenir un rééchelonnement de sa dette. Mais cette manœuvre n’a pas suffi à rassurer les investisseurs, qui ont fini par se détourner du projet. Northvolt n’a pas non plus réussi à respecter les volumes de production attendus par les constructeurs européens, déjà confrontés à une forte pression pour répondre à la demande croissante en véhicules électriques.
La faillite de Northvolt entraîne des répercussions sociales majeures. Environ 5 000 salariés, principalement basés à Skellefteå en Suède, sont directement touchés. L’entreprise avait déjà procédé à la suppression de 25 % de ses effectifs en septembre 2024 (1.600 postes) sans parvenir à enrayer sa dégradation financière.
Un projet industriel trop ambitieux
Dès sa création en 2016, Northvolt s’est imposé comme un projet phare de l’ambition européenne, promettant de réduire la dépendance des constructeurs automobiles européens aux fabricants extra-européens, notamment asiatiques, dominés par des acteurs comme CATL, BYD ou LG, et américains (Tesla).
Mais l'ambition de Northvolt s’est rapidement heurtée à la réalité, et surtout, à son modèle économique, trop fragile. L'annonce de sa mise en faillite entraîne de fait l'abandon de plusieurs de ses projets phares tels que la construction de plusieurs usines, notamment au Canada, en Allemagne et à Göteborg (en partenariat avec Volvo), remettant ainsi en cause l'objectif de l’Union européenne, qui est de produire 25 % des batteries mondiales d’ici 2030.