Les collectivités, premiers moteurs des achats publics
En 2023, la commande publique, qui inclut les achats de l’État, des collectivités locales et des bailleurs sociaux, s'est élevée à 89 milliards d'euros. Cela représente une augmentation de 4,4 % par rapport à l’année précédente. Cette croissance s'explique notamment par l’inflation, évaluée à 4,9 % en 2023, mais pas seulement. Après avoir connu un ralentissement lors de la crise sanitaire, les achats publics retrouvent aujourd’hui un niveau comparable à celui de 2021, marquant ainsi une reprise des dépenses publiques. Ces achats couvrent une large gamme de biens et services, des fournitures aux matériaux pour les travaux publics, en passant par les rénovations d’écoles. Ce dynamisme alimente le secteur privé, en particulier les PME, qui bénéficient de près de 49 % des appels d’offres publics.
Les collectivités locales se positionnent comme les premiers acheteurs publics, représentant 67 % des appels d’offres émis. Parmi elles, le bloc communal (communes et intercommunalités) concentre 72 % des achats des collectivités, bien loin devant les départements (10 %) et les régions (5 %). La valeur moyenne des appels d'offres au premier semestre 2024 s'élève à 521 000 euros, signe de la diversité des projets financés : construction, aménagement urbain, équipements publics, etc.
La commande publique : une aubaine pour les PME
Les petites et moyennes entreprises sont les premières bénéficiaires de cette hausse des commandes publiques. Contrairement à une idée reçue, les achats de l’État et des collectivités ne sont pas uniquement destinés aux grands groupes. En effet, les PME accaparent près de la moitié des marchés publics. Ce soutien est d'autant plus important pour ces entreprises qu'il leur permet de maintenir et de développer leurs activités, notamment après les crises. En répondant aux besoins de l’administration, les PME se voient offrir des opportunités de croissance tout en consolidant leur présence sur l'ensemble du territoire. Comme l’indique l'étude de la Banque des territoires et Intercommunalités de France, la commande publique n'est pas une "maladie honteuse", mais plutôt un moteur économique.
Certains y voient le reflet d’un État dépensier et pointent du doigt leur impact sur les déficits publics. Pour autant, le Premier ministre Michel Barnier a rappelé l'importance d'un équilibre budgétaire, invoquant la règle des "2/3, 1/3" : deux tiers de l'effort budgétaire doivent provenir de la réduction des dépenses et un tiers de la hausse des impôts. Mais cet effort doit-il forcément se faire au détriment de la commande publique ? D’un point de vue économique, ces dépenses représentent près de 10 % du PIB français. Elles contribuent à stimuler l'activité et à garantir la pérennité des services publics. Dès lors, il s'agit de bien évaluer l'utilité de chaque investissement, afin que la commande publique reste un levier de croissance pour l’ensemble de l’économie française.