« Le Chinois est confucianiste le jour, taoïste la nuit ;
confucianiste en public, taoïste en privé ;
confucianiste dans la vie, bouddhiste face à la mort ».
confucianiste en public, taoïste en privé ;
confucianiste dans la vie, bouddhiste face à la mort ».
Proverbe chinois.
Les grandes sagesses traditionnelles de la Chine sont de retour depuis la mort du Grand Timonier (Mao Zedong) en 1976. Par une approche chronologique, nous allons succinctement examiner la genèse et la structure de chacune des trois sagesses chinoises (2), qui fondent le socle culturel de la prochaine première puissance mondiale. Tout au long de notre exposé, nous éviterons le terme de « religion » qui n’existe pas dans la langue chinoise et qui renvoie à des dogmes ou à des démiurges platoniciens qui n’ont aucune réalité en Chine.
Le taoïsme et l’homme-univers
D’origine chamanique, le taoïsme est de toutes les sagesses chinoises la plus ancienne. Calligraphié sur des tiges de bambou il y a 2 500 ans par le légendaire Lao Tseu (le « Vieil enfant »), il pose que l’homme est à l’image de l’univers qui l’entoure, un miroir de la conscience universelle. Par ce qu’il appelle le « non-agir » (et que l’on devrait plus fidèlement appeler l’ « agir-juste »), il précise que l’être humain ne sera jamais aussi vigoureux (en vitalité et en longévité), performant et heureux que s’il connait et applique les lois qui guident la nature et l’univers. Le taoïsme est une relation au vivant, en soi et autour de soi, une révélation de la compréhension de la vie et des lois de la nature, qui enseigne par son exemple. Le taoïste mobilise le corps et pratique la voie plutôt que l’étude et se défie des mots qui ne porteront jamais l’essence de la connaissance. Comme il est dit dans la tradition, lire les textes classiques sans pratiquer l’alchimie taoïste revient à « observer un bâtiment sans jamais n’y entrer dedans ». Aucun vocable ne pourra jamais décrire le ressenti et la beauté d’un coucher de soleil. Par des pratiques alchimiques externes (ingestion de substances diverses) puis internes (exercices respiratoires, méditatifs…) à partir des Han (206 av. JC-220 ap. JC), le taoïste cherche à rejoindre l’origine et la source de toute chose, le « Dao ».
Le taoïste véritable cherche le contact direct avec la nature, loin des miasmes et de la trépidation des villes, dans l’idéal en altitude pour respirer un air pur et bénéficier de l’énergie du Ciel et de la Terre (Montagne). Le taoïsme n’est devenue une religion avec son clergé et ses temples structurés que sous les Tang (618-907), essentiellement pour des raisons d’assise politique et de concurrence avec la sagesse bouddhiste florissante.
De manière générale, les taoïstes reprochent aux confucianistes de ne s’intéresser qu’au monde de la Terre, à l’effort plutôt qu’au non-agir, à l’homme plutôt qu’à l’ensemble du monde vivant, à l’étude livresque plutôt qu’à la connaissance directe : « Celui qui sait n’a pas un large savoir. Un large savoir ne connaît rien ». Il est fait parfois reproche au taoïsme sa recherche personnelle et égoïste de l’éveil mais le Dao renvoie à un principe de totalité et d’interdépendance qui ne permet pas au pratiquant taoïste de s’extraire de l’autre et de son environnement. De même, la connaissance des lois du monde fait apparaître la beauté et l’amour de la nature qui ouvrent le Cœur et font naître la bonté spontanée. Comme l’écrit Ge Hong (3è s. ap. JC), « L’art de l’immortalité requiert que l’on étende son amour à ce qui rampe et grouille, que l’on ne nuise à rien de ce qui possède un souffle ».
Le taoïste véritable cherche le contact direct avec la nature, loin des miasmes et de la trépidation des villes, dans l’idéal en altitude pour respirer un air pur et bénéficier de l’énergie du Ciel et de la Terre (Montagne). Le taoïsme n’est devenue une religion avec son clergé et ses temples structurés que sous les Tang (618-907), essentiellement pour des raisons d’assise politique et de concurrence avec la sagesse bouddhiste florissante.
De manière générale, les taoïstes reprochent aux confucianistes de ne s’intéresser qu’au monde de la Terre, à l’effort plutôt qu’au non-agir, à l’homme plutôt qu’à l’ensemble du monde vivant, à l’étude livresque plutôt qu’à la connaissance directe : « Celui qui sait n’a pas un large savoir. Un large savoir ne connaît rien ». Il est fait parfois reproche au taoïsme sa recherche personnelle et égoïste de l’éveil mais le Dao renvoie à un principe de totalité et d’interdépendance qui ne permet pas au pratiquant taoïste de s’extraire de l’autre et de son environnement. De même, la connaissance des lois du monde fait apparaître la beauté et l’amour de la nature qui ouvrent le Cœur et font naître la bonté spontanée. Comme l’écrit Ge Hong (3è s. ap. JC), « L’art de l’immortalité requiert que l’on étende son amour à ce qui rampe et grouille, que l’on ne nuise à rien de ce qui possède un souffle ».
Le confucianisme et l’homme citoyen vertueux
Confucius est un contemporain supposé de Lao Tseu (Ve s. av. JC) et les taoïstes se sont amusé à écrire des rencontres imaginaires ridiculisant quelque peu Maître Kong, le nom véritable de Confucius. Ses disciples ont rassemblé sa pensée dans un classique appelé modestement « Les entretiens ». Rapidement devenu orphelin et ayant dû travailler toute sa vie pour subsister, le sage est ancré dans le réel et recherche l’harmonie horizontale, sur le plan social et collectif, loin toutefois d’une éventuelle uniformité. Dans une recherche d’équilibre de société, il célèbre la loyauté et la hiérarchie (au père, à l’Empereur, aux ancêtres) car elle existe à l’état naturel : on est toujours le frère ainé ou le cadet de quelqu’un. En retour, les puissants doivent pratiquer la vertu et protéger ceux qui dépendent d’eux, raison probable pour laquelle Confucius a été de son vivant, si peu entendu par les lettrés de cour.
Idée révolutionnaire à l’époque, l’enseignement est accessible à tous et aboutira aux futurs examens méritocratiques de l’administration impériale. Le confucianisme mise sur l’éducation pour connaître et acquérir les vertus qui permettront d’installer l’harmonie dans la cité. Cette éducation parle d’adaptation, de rigueur tolérante mais sans excès, de l’importance de la musique pour adoucir les mœurs et d’ouverture à l’autre.
Le politique est au cœur du modèle mais le cœur est lui-même au centre de la politique. « N’impose pas à l’autre ce que tu ne souhaiterais pas que l’on t’impose ». Le confucianisme originel est une exigence pour soi, une tolérance vis-à-vis des autres, qui s’adressent aux petits comme aux puissants. Les vertus confucéennes parlent de l’amour de l’autre, de sa nécessaire implication dans la vie sociale, de la loyauté et de la sincérité, de la piété filiale comme signe de reconnaissance des efforts des parents et des ancêtres, de l’observation des rites, du maintien de la dignité en toutes circonstances. Le sage confucianiste sait conserver son calme, mesurer ses paroles et ne pas faire de promesses inconsidérées. Il aime son métier, connait sa place et son rôle dans la société et cherche à contribuer à l’harmonie d’ensemble.
Pour Confucius, l’homme est perfectible et il convient de s’améliorer sans cesse, de développer son « humanité » et les relations humaines avec ardeur par l’étude et sans jamais imaginer l’avoir atteinte. Tendre vers le bien, tant pour soi que pour les autres suppose une auto-observation minutieuse et quasi-permanente. Cette tension mentale chronique et ce « déport de soi » leur sera reproché par les taoïstes car elle éloigne l’individu de l’agir juste et spontané.
Fidèle à la culture chinoise du changement permanent (Yi Jing), toute justice doit s’adapter aux situations. On retrouve chez Confucius un peu « l’esprit des lois » de Montesquieu. Confucius n’avait qu’une attirance relative pour la loi et lui préférait les rites pour développer les vertus naturelles de l’homme. La loi est trop rigide et permet peu d’apprendre. Les rites comme la justice doivent pouvoir s’adapter au réel. L’adaptation et le « juste » doivent primer en toute choses, lieux et situations tant que les principes de vertu sont respectés. De manière générale, il promeut le rite (le culte des anciens…) dans sa fonction de ciment social et de créateur de liens. Il permet également de coder et de donner un sens aux relations sociales. Modifier un rite porte une signification pour l’autre, que l’on invite à décrypter avec tact.
Sagesse horizontale et politique, son caractère opératoire et hiérarchisé, respectueux de l’autorité et de l’ordre établi, explique la préférence des gouvernants et le succès historique du confucianisme auprès des empereurs, au détriment de certains courants plus défiants ou humanistes comme celui qu’a fondé Mozi (479-392 av. JC). Au nom de l’intérêt supérieur de l’harmonie de l’Empire, certains interprètes zélés comme les légistes XunZi (IIIe siècle av. JC) ou Han Feï Zi ont poussé la doctrine confucéenne jusqu’au totalitarisme le plus absolu à base de lois implacables, proposant récompenses simplistes et châtiments cruels, à rebours de la bienveillance originelle de son concepteur et de la nécessaire exemplarité vertueuse des dirigeants.
Basée sur le respect de l’autorité et l’obéissance à la hiérarchie, cette morale est devenue de plus en plus étriquée au fil du temps pour devenir une chape idéologique sous les Song (entre le Xe et le XIIe siècle). Elle est devenue un conformisme, un habitus social rigide, un respect strict et un peu absurde de la hiérarchie et de la piété filiale (solidarité familiale) induisant même récemment, une version « asiatique » des droits de l’homme où l’intérêt collectif prévaudrait sur l’intérêt personnel. En réhabilitant Confucius, la Chine recouvre la confiance en son histoire et le moyen commode d’affermir son emprise politique. Parce qu’il encourage l’engagement social et l’amélioration de la vie collective, il est aujourd’hui omniprésent et valorisé par le pouvoir central, au travers notamment du fameux « score social », supposé quantifier la vertu confucianiste du citoyen.
Les confucianistes reprochent aux taoïstes leur individualisme et aux bouddhistes cette obsession que le monde est une illusion. Les confucianistes pensent trouver la vertu et l’harmonie dans l’organisation de la société, les taoïstes loin de la société. Les confucianistes rejetaient le concept de la réincarnation des bouddhistes ainsi que leur idée de célibat qui compromettait la possibilité d’avoir une progéniture et d’assurer la richesse et l’harmonie du royaume. Ils se défiaient de l’indépendance des monastères bouddhistes vis-à-vis de l’autorité impériale et convoitaient la richesse des monastères. Ils n’étaient par ailleurs pas très partisans d’un salut individuel, indépendant de la cause collective.
Idée révolutionnaire à l’époque, l’enseignement est accessible à tous et aboutira aux futurs examens méritocratiques de l’administration impériale. Le confucianisme mise sur l’éducation pour connaître et acquérir les vertus qui permettront d’installer l’harmonie dans la cité. Cette éducation parle d’adaptation, de rigueur tolérante mais sans excès, de l’importance de la musique pour adoucir les mœurs et d’ouverture à l’autre.
Le politique est au cœur du modèle mais le cœur est lui-même au centre de la politique. « N’impose pas à l’autre ce que tu ne souhaiterais pas que l’on t’impose ». Le confucianisme originel est une exigence pour soi, une tolérance vis-à-vis des autres, qui s’adressent aux petits comme aux puissants. Les vertus confucéennes parlent de l’amour de l’autre, de sa nécessaire implication dans la vie sociale, de la loyauté et de la sincérité, de la piété filiale comme signe de reconnaissance des efforts des parents et des ancêtres, de l’observation des rites, du maintien de la dignité en toutes circonstances. Le sage confucianiste sait conserver son calme, mesurer ses paroles et ne pas faire de promesses inconsidérées. Il aime son métier, connait sa place et son rôle dans la société et cherche à contribuer à l’harmonie d’ensemble.
Pour Confucius, l’homme est perfectible et il convient de s’améliorer sans cesse, de développer son « humanité » et les relations humaines avec ardeur par l’étude et sans jamais imaginer l’avoir atteinte. Tendre vers le bien, tant pour soi que pour les autres suppose une auto-observation minutieuse et quasi-permanente. Cette tension mentale chronique et ce « déport de soi » leur sera reproché par les taoïstes car elle éloigne l’individu de l’agir juste et spontané.
Fidèle à la culture chinoise du changement permanent (Yi Jing), toute justice doit s’adapter aux situations. On retrouve chez Confucius un peu « l’esprit des lois » de Montesquieu. Confucius n’avait qu’une attirance relative pour la loi et lui préférait les rites pour développer les vertus naturelles de l’homme. La loi est trop rigide et permet peu d’apprendre. Les rites comme la justice doivent pouvoir s’adapter au réel. L’adaptation et le « juste » doivent primer en toute choses, lieux et situations tant que les principes de vertu sont respectés. De manière générale, il promeut le rite (le culte des anciens…) dans sa fonction de ciment social et de créateur de liens. Il permet également de coder et de donner un sens aux relations sociales. Modifier un rite porte une signification pour l’autre, que l’on invite à décrypter avec tact.
Sagesse horizontale et politique, son caractère opératoire et hiérarchisé, respectueux de l’autorité et de l’ordre établi, explique la préférence des gouvernants et le succès historique du confucianisme auprès des empereurs, au détriment de certains courants plus défiants ou humanistes comme celui qu’a fondé Mozi (479-392 av. JC). Au nom de l’intérêt supérieur de l’harmonie de l’Empire, certains interprètes zélés comme les légistes XunZi (IIIe siècle av. JC) ou Han Feï Zi ont poussé la doctrine confucéenne jusqu’au totalitarisme le plus absolu à base de lois implacables, proposant récompenses simplistes et châtiments cruels, à rebours de la bienveillance originelle de son concepteur et de la nécessaire exemplarité vertueuse des dirigeants.
Basée sur le respect de l’autorité et l’obéissance à la hiérarchie, cette morale est devenue de plus en plus étriquée au fil du temps pour devenir une chape idéologique sous les Song (entre le Xe et le XIIe siècle). Elle est devenue un conformisme, un habitus social rigide, un respect strict et un peu absurde de la hiérarchie et de la piété filiale (solidarité familiale) induisant même récemment, une version « asiatique » des droits de l’homme où l’intérêt collectif prévaudrait sur l’intérêt personnel. En réhabilitant Confucius, la Chine recouvre la confiance en son histoire et le moyen commode d’affermir son emprise politique. Parce qu’il encourage l’engagement social et l’amélioration de la vie collective, il est aujourd’hui omniprésent et valorisé par le pouvoir central, au travers notamment du fameux « score social », supposé quantifier la vertu confucianiste du citoyen.
Les confucianistes reprochent aux taoïstes leur individualisme et aux bouddhistes cette obsession que le monde est une illusion. Les confucianistes pensent trouver la vertu et l’harmonie dans l’organisation de la société, les taoïstes loin de la société. Les confucianistes rejetaient le concept de la réincarnation des bouddhistes ainsi que leur idée de célibat qui compromettait la possibilité d’avoir une progéniture et d’assurer la richesse et l’harmonie du royaume. Ils se défiaient de l’indépendance des monastères bouddhistes vis-à-vis de l’autorité impériale et convoitaient la richesse des monastères. Ils n’étaient par ailleurs pas très partisans d’un salut individuel, indépendant de la cause collective.
Le bouddhisme et l’homme compassionnel
Inspiré par Bouddha au Ve siècle av JC., le bouddhisme est une voie de transformation de l’esprit, qui cherche à passer de l’ignorance à la sagesse, de l’égocentrisme à l’altruisme et à la compassion. Le bouddhisme propose de multiples méthodes pour libérer l’esprit de l’illusion et des états mentaux nuisibles tel que la haine, l’obsession, la jalousie et l’orgueil. Les enseignements bouddhistes comprennent aussi bien des points de vue philosophiques ou psychologiques, qu’une pratique spirituelle dont le but est de se défaire d’une vision erronée de la réalité et de déraciner les causes mêmes de la souffrance. La souffrance peut provenir de « poisons » comme l’avidité et l’attachement (aux êtres, aux choses, à son corps, à la réalité…) ou comme l’ignorance (la réalité n’est qu’un mirage, le karma). Le bouddhisme est une voie d’éveil du soi qui passe par l’offrande et le don, l’entraide, la communauté, la sérénité, la non-violence et la protection de tout ce qui vit. Le bouddhisme fait appel à la concentration intérieure et à la discipline mentale, à la contemplation méditative, à la prière et à la répétition de mantras avec au bout, la levée du voile des illusions notamment celle de l’ego, le nirvana et la fin du cycle des réincarnations.
Le bouddhisme est arrivé en Chine au 1er siècle de notre ère par les routes de la soie. Un premier empereur (Wu) déclara le bouddhisme religion d’état quelques 500 ans plus tard au VIe siècle. Le bouddhisme a connu une expansion rapide au sein de la société chinoise pour de multiples raisons dont les principales sont les suivantes :
- La protection de l’Empereur Han MingDi au 1er siècle de notre ère, qui aurait été frappé par la puissance compassionnelle des premiers bouddhistes,
- L’adaptation et l’acceptation sans mépris de la particularité des croyances locales, les traditions vernaculaires, - Des monastères solidement organisés et devenus rapidement opulents par les offrandes, - La possibilité pour les laïques d’accéder à l’éveil et de se libérer de la souffrance,
- L’élargissement du prix de la vie à tout ce qui vit (plantes, animaux),
- Une représentation inédite les divinités sous la forme de peintures bariolées, de scènes narratives et de statues qui les rendaient vivantes et accessibles au peuple,
- Une possibilité de convoquer les divinités bouddhiques par de simples invocations verbales ne nécessitant plus l’intermédiation de prêtres taoïstes ou chamaniques.
Le bouddhisme est arrivé en Chine au 1er siècle de notre ère par les routes de la soie. Un premier empereur (Wu) déclara le bouddhisme religion d’état quelques 500 ans plus tard au VIe siècle. Le bouddhisme a connu une expansion rapide au sein de la société chinoise pour de multiples raisons dont les principales sont les suivantes :
- La protection de l’Empereur Han MingDi au 1er siècle de notre ère, qui aurait été frappé par la puissance compassionnelle des premiers bouddhistes,
- L’adaptation et l’acceptation sans mépris de la particularité des croyances locales, les traditions vernaculaires, - Des monastères solidement organisés et devenus rapidement opulents par les offrandes, - La possibilité pour les laïques d’accéder à l’éveil et de se libérer de la souffrance,
- L’élargissement du prix de la vie à tout ce qui vit (plantes, animaux),
- Une représentation inédite les divinités sous la forme de peintures bariolées, de scènes narratives et de statues qui les rendaient vivantes et accessibles au peuple,
- Une possibilité de convoquer les divinités bouddhiques par de simples invocations verbales ne nécessitant plus l’intermédiation de prêtres taoïstes ou chamaniques.
Conclusion
Les 3 sagesses ont en commun la volonté d’installer l’harmonie en soi et autour de soi, sur les plans visibles voire invisibles mais par des voies différentes. Chacune avec leurs mots, fait référence à la bonté, à l’amour, au bien. Elles se comprennent comme des enseignements et des manières de vivre destinées à installer l’équilibre en soi et autour de soi, et non comme de simples croyances. Chacun de ces mouvements a inspiré l’autre et a été récupéré à un moment de l’histoire chinoise par le pouvoir politique. Convergentes à certains égards, le confucianisme fait cependant primer la vie de la cité et la rectitude morale, le taoïsme le rapport à soi et à la nature, le bouddhisme la compassion et l’illusion du monde. Le bouddhisme et le taoïsme sont fondamentalement des voies d’éveil et de spiritualité. Le confucianisme est une voie horizontale, d’abord personnelle puis sociale et politique. Tous ces enseignements cherchent à transmettre l’évidence du juste mais chacun à un niveau qui lui est propre. La question qui se pose aujourd’hui à la société chinoise est celle de l’intégration des monothéismes, de la place que le pouvoir politique souhaite accorder à la religion catholique (appelée « l’enseignement du maître du Ciel » - Jiao Zhu Tian), supposément inféodée à l’occident et à l’autorité temporelle du Vatican. La place de l’islam est également interrogée par l’actualité et la façon dont sont traités les Ouïghours de la province du XinJiang. Autrefois rivales, les 3 sagesses traditionnelles se sont amadoué au fil du temps. Elles se complètent aujourd’hui et s’enrichissent mutuellement. Elles nous apportent surtout la preuve historique de la coexistence possible des pratiques et des croyances, de la possibilité de se nourrir de la différence de l’autre. Ce message est essentiel à rappeler à un moment de notre histoire qui voit les fondamentalismes religieux et les séparations communautaires, se renforcer de manière inquiétante.
Références
Javary C. J.-D. (2010), Les Trois sagesses chinoises, Albin Michel.
Maspero H. (1971), Le taoïsme et les religions chinoises - Gallimard NRF.
Chateau L. (2014), La Tao-entreprise : performance globale et harmonie, Deboeck.
Meier O. (2019), Management interculturel, Editions Dunod.
Maspero H. (1971), Le taoïsme et les religions chinoises - Gallimard NRF.
Chateau L. (2014), La Tao-entreprise : performance globale et harmonie, Deboeck.
Meier O. (2019), Management interculturel, Editions Dunod.
Note
(1) En collaboration avec Laurent Chateau, formateur et auteur d'ouvrages, conseil et coach de dirigeants,créateur du « Leadership taoïste™ ». Ancien Cadre supérieur dans le secteur de l’énergie et des transports publics, il est formateur, conseil et coach en France et dans les pays francophones. Pratiquant d’arts martiaux sino-vietnamiens pendant 12 ans et membre d’une école taoïste pendant 16 ans, il est enseignant diplômé de Qi Gong traditionnel taoïste (Long Men/QuanZhen, Shaolin…). En savoir plus : https://www.leadershiptaoiste.com et LinkedIn
(2) Toute la société chinoise est basée sur des principes issus de trois grandes doctrines: le confucianisme, le taoïsme et le bouddhisme. En effet, la Chine n'est pas, au sens stric du terme, un pays de religions mais plutôt de doctrines. La culture chinoise fut d'ailleurs formée sur les bases de ces trois doctrines : le confucianisme dicte le comportement quotidien(pour la vie de tous les jours), le taoïsme aborde la question des purifications (pour les maux du corps), le bouddhisme s'intéresse aux rituels. Ces trois doctrines ont fortement influencé la culture et la vie des Chinois depuis plus d'un millénaire et se sont même propagés au sein des pays limitrophes.
(2) Toute la société chinoise est basée sur des principes issus de trois grandes doctrines: le confucianisme, le taoïsme et le bouddhisme. En effet, la Chine n'est pas, au sens stric du terme, un pays de religions mais plutôt de doctrines. La culture chinoise fut d'ailleurs formée sur les bases de ces trois doctrines : le confucianisme dicte le comportement quotidien(pour la vie de tous les jours), le taoïsme aborde la question des purifications (pour les maux du corps), le bouddhisme s'intéresse aux rituels. Ces trois doctrines ont fortement influencé la culture et la vie des Chinois depuis plus d'un millénaire et se sont même propagés au sein des pays limitrophes.