Le poids de l'histoire
Pétrole et conflits ont constamment été liés depuis la première guerre mondiale.
C’est toutefois avec la seconde guerre mondiale que la géopolitique du pétrole prendra toute sa dimension. L’une des raisons fondamentales de l’attaque japonaise sur Pearl Harbour est la stratégie de Tokyo d’empêcher un embargo américain sur ses approvisionnements. Quant à l’opération allemande dans le Caucase, le pétrole en était le premier objectif.
La guerre s’achèvera d’ailleurs alors qu’à son retour de Yalta, le Président Roosevelt signera avec le Roi Ibn Seoud d’Arabie les accords du Quincy.
La décolonisation va également être caractérisée par les conflits liés au pétrole. Le plus radical sera la guerre du Biafra entre 1967 et 1970. En effet, derrière les raisons officielles (ethniques et religieuses), de la tentative de sécession du Nigeria, ce sont les richesses pétrolières de cette région qui constitueront les véritables raisons de la guerre ;
Pendant la guerre froide, les enjeux pétroliers seront au cœur des tensions. À cet égard, le conflit le plus directement lié au pétrole est certainement la guerre civile angolaise. Moscou soutiendra le régime de Luanda tandis que les États-Unis appuieront la guerilla de Jonas Savimbi dans ce pays deuxième producteur de pétrole d’Afrique.
Quant aux conflits israélo-arabes, ils déboucheront en 1973 sur l’arme économique et le premier choc pétrolier.
Ces trente dernières années, les impérialismes régionaux ont eu le pétrole comme facteur causal dans un très grand nombre de cas :
Si l’histoire récente a ainsi placé le pétrole au centre des rivalités géopolitique, la situation actuelle est particulièrement caractéristique d’un pétrole devenu facteur clé des tensions géopolitiques.
C’est toutefois avec la seconde guerre mondiale que la géopolitique du pétrole prendra toute sa dimension. L’une des raisons fondamentales de l’attaque japonaise sur Pearl Harbour est la stratégie de Tokyo d’empêcher un embargo américain sur ses approvisionnements. Quant à l’opération allemande dans le Caucase, le pétrole en était le premier objectif.
La guerre s’achèvera d’ailleurs alors qu’à son retour de Yalta, le Président Roosevelt signera avec le Roi Ibn Seoud d’Arabie les accords du Quincy.
La décolonisation va également être caractérisée par les conflits liés au pétrole. Le plus radical sera la guerre du Biafra entre 1967 et 1970. En effet, derrière les raisons officielles (ethniques et religieuses), de la tentative de sécession du Nigeria, ce sont les richesses pétrolières de cette région qui constitueront les véritables raisons de la guerre ;
Pendant la guerre froide, les enjeux pétroliers seront au cœur des tensions. À cet égard, le conflit le plus directement lié au pétrole est certainement la guerre civile angolaise. Moscou soutiendra le régime de Luanda tandis que les États-Unis appuieront la guerilla de Jonas Savimbi dans ce pays deuxième producteur de pétrole d’Afrique.
Quant aux conflits israélo-arabes, ils déboucheront en 1973 sur l’arme économique et le premier choc pétrolier.
Ces trente dernières années, les impérialismes régionaux ont eu le pétrole comme facteur causal dans un très grand nombre de cas :
- Guerre Irak/Iran de 1980 à 1988 avec pour objectif le Chatt el Arab ;
- Invasion du Koweït par l’Irak en 1990 ;
- Conflit Equateur/Pérou de 1997 sur la Cordillière d’El Condor riche en pétrole ;
- Tensions entre le Nigeria et le Cameroun sur la presqu’île pétrolière de Bakassi (contentieux réglé par la Cour Internationale de Justice) ;
- Occupation du Timor oriental jusqu’en 2003 par l’Indonésie (du fait, en particulier, de la fosse pétrolière d’Arafura).
Si l’histoire récente a ainsi placé le pétrole au centre des rivalités géopolitique, la situation actuelle est particulièrement caractéristique d’un pétrole devenu facteur clé des tensions géopolitiques.
Pétrole et géopolitique des tensions contemporaines
Au Moyen Orient, l’incertitude stratégique que fait peser l’Iran sur la région du fait de sa politique de prolifération nucléaire est aujourd’hui analysée comme susceptible de dérégler à la hausse les prix du pétrole en cas de frappe israélienne.
En Irak, l’insécurité qui caractérise le pays touche très largement les capacités de production et d’exportation pétrolières.
En Afrique du Nord, les conséquences du conflit en Libye sont également pétrolières. Ainsi, un certain nombre de tribus profitent actuellement de la recomposition en cours pour tenter de contrôler des gisements pétroliers.
En Afrique, le Soudan est révélateur des stratégies pétrolières de la Chine et des États-Unis dans les conflits en zones pétrolières. Pékin de son côté soutient le régime de Khartoum en contrepartie du monopole du forage et de l’exploitation du pétrole dans le Sud du Darfour. Ainsi s’explique le constant appui au Conseil de sécurité de l’ONU de la République Populaire de Chine en faveur du gouvernement El Béchir.
Quant aux États-Unis, ils ont largement contribué à l’indépendance du Sud Soudan l’an dernier ; cette région du pays détenant 70 % du pétrole soudanais. La stratégie de Washington est désormais de construire un oléoduc à travers l’Ouganda et le Kenya pour évacuer le brut par le port de Mombassa.
Quant à la politique de la Russie, deuxième exportateur mondial derrière l’Arabie Saoudite, elle est caractérisée par l’utilisation de l’arme du gaz et de l’arme du pétrole pour imposer une domination sur les pays de sa périphérie. En termes perspectifs, un nouveau profil géopolitique du pétrole est au demeurant en train de se dessiner.
En Irak, l’insécurité qui caractérise le pays touche très largement les capacités de production et d’exportation pétrolières.
En Afrique du Nord, les conséquences du conflit en Libye sont également pétrolières. Ainsi, un certain nombre de tribus profitent actuellement de la recomposition en cours pour tenter de contrôler des gisements pétroliers.
En Afrique, le Soudan est révélateur des stratégies pétrolières de la Chine et des États-Unis dans les conflits en zones pétrolières. Pékin de son côté soutient le régime de Khartoum en contrepartie du monopole du forage et de l’exploitation du pétrole dans le Sud du Darfour. Ainsi s’explique le constant appui au Conseil de sécurité de l’ONU de la République Populaire de Chine en faveur du gouvernement El Béchir.
Quant aux États-Unis, ils ont largement contribué à l’indépendance du Sud Soudan l’an dernier ; cette région du pays détenant 70 % du pétrole soudanais. La stratégie de Washington est désormais de construire un oléoduc à travers l’Ouganda et le Kenya pour évacuer le brut par le port de Mombassa.
Quant à la politique de la Russie, deuxième exportateur mondial derrière l’Arabie Saoudite, elle est caractérisée par l’utilisation de l’arme du gaz et de l’arme du pétrole pour imposer une domination sur les pays de sa périphérie. En termes perspectifs, un nouveau profil géopolitique du pétrole est au demeurant en train de se dessiner.
Essai de prospective
La mer va constituer dans les années qui viennent le cœur des rivalités et des enjeux pétroliers. 72 % de la planète est constituée par les mers et, désormais, avec la chèreté des prix du pétrole et les nouvelles techniques de forage en eaux très profondes, le « deep sea » va bouleverser la géopolitique et la géo-économie du pétrole.
L’Océan Arctique détient autant de pétrole que l’Arabie Saoudite et autant de gaz naturel que la Qatar. Le réchauffement climatique y rendra désormais possible les forages. La Russie, les États-Unis et le Canada se lancent aujourd’hui dans des rivalités juridiques et militaires pour la définition de leurs zones économiques.
La Russie a signé un accord avec la Norvège et apparaît, de très loin, la plus active dans ce dossier. Alors que l’on pensait que ses ressources pétrolières s’épuisaient, la Russie est en passe de retrouver 25 ans de capacité d’exportation. Les ressources pétrolières de l’Arctique ne manqueront pas, au demeurant, de générer des revendications indépendantistes. Ainsi, les Inouits du Groënland viennent d’ores et déjà d’obtenir un statut d’autonomie par rapport au Danemark.
Le Brésil quant à lui commence à développer en Atlantique Sud le projet « Amazonie bleue » au large de ses 8.000 km de côtes et entend devenir par les forages en eaux profondes l’un des six premiers producteurs de pétrole du monde. Pour sécuriser ce projet, le Brésil se dote en ce moment même d’une marine de guerre.
La Chine, pour sa part, affirme chaque jour davantage sa souveraineté sur la mer de Chine méridionale. Elle développe sa marine de guerre. Elle affirme sa souveraineté sur les Iles Spratly face au Vietnam, aux Philippines, à l’Indonésie et à la Malaisie. Dans son livre blanc sur la défense, le gouvernement chinois a d’ailleurs précisé que le pétrole des Iles Spratley était considéré comme un casus belli par Pékin. Ce pétrole d’eaux profondes ne manquera pas de générer des nouvelles zones de tensions.
En Amérique latine, celles qui émergent sous nos yeux opposent la Colombie et le Venezuela sur les zones pétrolières maritimes qui jouxtent les deux pays.
Pour le pétrole « on shore » deux régions vont prendre, dans les années à venir, une importance géopolitique : l’Afrique et l’Asie centrale. L’Afrique noire détient 30 % des réserves prouvées de pétrole alors qu’elle ne représente encore que 14 % du pétrole foré. En conséquence, le continent africain va constituer un enjeu majeur dans la nouvelle géopolitique du pétrole : Pékin, Washington y sont d’ores et déjà rivaux en termes de stratégie et de diplomatie pétrolières.
L’Asie centrale avec le gaz du Turkmenistan et le pétrole du Khazakstan constitue une priorité pour Pékin. Dans le même temps, Washington analyse la Mer Caspienne comme un élément clé de sa stratégie pétrolière. À ce titre, les États-Unis n’analysent pas seulement la géopolitique de l’Iran comme celle d’un État du Golfe mais aussi comme un pays clé de la mer caspienne et pilier d’une stratégie d’influence sur l’axe géopolitique Mer Caspienne / Asie centrale. Ce, alors qu’un gisement comme celui du Kachagam devient l’un des plus stratégiques du monde.
En conclusion, une nouvelle géopolitique de la production du pétrole apparaît. L’ « Offshore » profond et le « deep sea » vont avoir comme conséquence la multiplication des producteurs, une soixantaine de pays étant désormais concernés. Avec l’Arctique, la Mer de Chine du Sud et l’Amérique Latine, la géographie des réserves est en passe de connaître une nouvelle cartographie. Dans le même temps, le transport du pétrole et la sécurisation des futures installations en mer va générer l’émergence de nouvelles puissances navales, de la Chine au Brésil. Plus que jamais, le pétrole apparaîtra dans les années qui viennent autant comme un objet géopolitique que comme une source d’énergie.
L’Océan Arctique détient autant de pétrole que l’Arabie Saoudite et autant de gaz naturel que la Qatar. Le réchauffement climatique y rendra désormais possible les forages. La Russie, les États-Unis et le Canada se lancent aujourd’hui dans des rivalités juridiques et militaires pour la définition de leurs zones économiques.
La Russie a signé un accord avec la Norvège et apparaît, de très loin, la plus active dans ce dossier. Alors que l’on pensait que ses ressources pétrolières s’épuisaient, la Russie est en passe de retrouver 25 ans de capacité d’exportation. Les ressources pétrolières de l’Arctique ne manqueront pas, au demeurant, de générer des revendications indépendantistes. Ainsi, les Inouits du Groënland viennent d’ores et déjà d’obtenir un statut d’autonomie par rapport au Danemark.
Le Brésil quant à lui commence à développer en Atlantique Sud le projet « Amazonie bleue » au large de ses 8.000 km de côtes et entend devenir par les forages en eaux profondes l’un des six premiers producteurs de pétrole du monde. Pour sécuriser ce projet, le Brésil se dote en ce moment même d’une marine de guerre.
La Chine, pour sa part, affirme chaque jour davantage sa souveraineté sur la mer de Chine méridionale. Elle développe sa marine de guerre. Elle affirme sa souveraineté sur les Iles Spratly face au Vietnam, aux Philippines, à l’Indonésie et à la Malaisie. Dans son livre blanc sur la défense, le gouvernement chinois a d’ailleurs précisé que le pétrole des Iles Spratley était considéré comme un casus belli par Pékin. Ce pétrole d’eaux profondes ne manquera pas de générer des nouvelles zones de tensions.
En Amérique latine, celles qui émergent sous nos yeux opposent la Colombie et le Venezuela sur les zones pétrolières maritimes qui jouxtent les deux pays.
Pour le pétrole « on shore » deux régions vont prendre, dans les années à venir, une importance géopolitique : l’Afrique et l’Asie centrale. L’Afrique noire détient 30 % des réserves prouvées de pétrole alors qu’elle ne représente encore que 14 % du pétrole foré. En conséquence, le continent africain va constituer un enjeu majeur dans la nouvelle géopolitique du pétrole : Pékin, Washington y sont d’ores et déjà rivaux en termes de stratégie et de diplomatie pétrolières.
L’Asie centrale avec le gaz du Turkmenistan et le pétrole du Khazakstan constitue une priorité pour Pékin. Dans le même temps, Washington analyse la Mer Caspienne comme un élément clé de sa stratégie pétrolière. À ce titre, les États-Unis n’analysent pas seulement la géopolitique de l’Iran comme celle d’un État du Golfe mais aussi comme un pays clé de la mer caspienne et pilier d’une stratégie d’influence sur l’axe géopolitique Mer Caspienne / Asie centrale. Ce, alors qu’un gisement comme celui du Kachagam devient l’un des plus stratégiques du monde.
En conclusion, une nouvelle géopolitique de la production du pétrole apparaît. L’ « Offshore » profond et le « deep sea » vont avoir comme conséquence la multiplication des producteurs, une soixantaine de pays étant désormais concernés. Avec l’Arctique, la Mer de Chine du Sud et l’Amérique Latine, la géographie des réserves est en passe de connaître une nouvelle cartographie. Dans le même temps, le transport du pétrole et la sécurisation des futures installations en mer va générer l’émergence de nouvelles puissances navales, de la Chine au Brésil. Plus que jamais, le pétrole apparaîtra dans les années qui viennent autant comme un objet géopolitique que comme une source d’énergie.