Les petites structures et les seniors en première ligne
L’année 2024 a vu près de 61 000 chefs d’entreprise perdre leur emploi, un niveau inédit depuis 2015. Cette hausse de + 18 % par rapport à l'année précédente illustre l'ampleur de la crise qui frappe les entrepreneurs. En moyenne, 166 dirigeants ont cessé leur activité chaque jour en raison de liquidations judiciaires.
Les TPE sont les premières victimes de cette vague de défaillances. Près de trois quarts des dirigeants concernés étaient à la tête de très petites structures, souvent fragilisées par des trésoreries limitées et une forte dépendance aux délais de paiement. Les entreprises comptant entre six et neuf salariés ont particulièrement souffert, avec une hausse de 30,2 % des pertes d'emploi chez leurs dirigeants. Ces sociétés, pourtant établies, ont peiné à absorber la hausse des coûts des matières premières et les retards de paiement, accélérant les cessations d'activité.
Les entrepreneurs les plus âgés ont également été durement frappés. Le nombre de dirigeants de plus de 60 ans ayant perdu leur activité a bondi de +33,2 %, soit 8 081 personnes touchées. Ces entrepreneurs, souvent à la tête d'entreprises anciennes et ancrées localement, rencontrent des difficultés accrues en matière de transmission de leur activité, laissant ces structures sans repreneur face aux tensions financières.
Des secteurs et des territoires particulièrement fragiles
Certains secteurs sont bien plus exposés que d'autres. Le domaine de la sécurité enregistre une véritable envolée avec une hausse de +112,8 % du nombre de dirigeants ayant perdu leur activité sur la seule année 2024. Cette explosion s’explique par une forte concurrence tarifaire et la multiplication de contrats précaires, laissant de nombreuses entreprises sans stabilité financière. Le secteur de l'immobilier figure aussi parmi les plus touchés, avec une augmentation de +34,7 % des pertes d'emploi chez les dirigeants. La flambée des taux d’intérêt et la chute des transactions ont fortement réduit l’activité des agents immobiliers et des petites agences. Vient ensuite le secteur des transports et de la logistique enregistre une hausse de +29,3 %, les professionnels ayant subi de plein fouet la hausse des coûts du carburant et les tensions sur les chaînes d’approvisionnement. La construction, secteur déjà sous pression avec la flambée des prix des matériaux, a vu 14 928 entrepreneurs perdre leur activité en 2024, soit une augmentation de +23,7 %.
Sur le plan régional, l’Île-de-France affiche le plus grand nombre de pertes d’emploi avec 14 227 chefs d’entreprise concernés (+25,2 %). Mais en termes de proportion, c'est la Normandie qui tient la triste première place du podium, cette dernière enregistrant une hausse de +27,9 %, suivit des Pays de la Loire +26,8 %. À l’inverse, les régions comme la Corse et le Centre-Val de Loire affichent des hausses limitées (< à +10 %).