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Auchan et Michelin se restructurent : quelles conséquences pour l’emploi en France ?




Mercredi 6 Novembre 2024


Les groupes français Auchan et Michelin ont récemment annoncé des plans sociaux d’envergure, qui marquent un tournant décisif pour leur avenir et celui de milliers d'employés. Cette vague de licenciements et de fermetures de sites industriels découle de difficultés économiques profondes et d'une conjoncture sectorielle dégradée.



Auchan et Michelin face à des plans sociaux massifs

Auchan a accusé une perte d'environ un milliard d’euros sur les six premiers mois de l'année 2024, ce qui l’a poussé à réduire sa main-d'œuvre de 2 389 postes et à fermer plusieurs magasins, y compris l'hypermarché de Woippy en Moselle. Cette annonce a immédiatement suscité des réactions vives, notamment de la part des salariés, qui se sont mobilisés dès le lendemain pour exprimer leur inquiétude et leur colère face à cette décision soudaine. Cette restructuration s'inscrit dans un vaste plan de redressement destiné à restaurer la compétitivité du groupe, qui mise désormais sur une nouvelle stratégie commerciale axée sur la diversification de l'offre dans les hypermarchés restants.

Du côté de Michelin, l’entreprise a annoncé la fermeture de ses sites de Vannes et Cholet, entraînant une suppression de 1 250 postes d’ici 2026. La baisse drastique de la demande sur le marché des pneumatiques a incité cette décision, selon les explications fournies par la direction du groupe. La réorientation stratégique de Michelin, qui vise à concentrer ses activités sur des segments plus rentables, est représentative des ajustements majeurs auxquels sont contraints les grands industriels en réponse à l'évolution rapide du marché. Le groupe entend recentrer l'activité sur des segments plus spécialisés et sur l'innovation dans les matériaux écologiques, un choix qui répond aux pressions environnementales et aux nouvelles normes du secteur industriel .

Les syndicats et le gouvernement inquiets

Face à l’ampleur des suppressions d’emplois annoncées, les syndicats ont dénoncé des décisions prises sans concertation préalable, pointant une politique d’optimisation financière au détriment de l’emploi local. Des représentants syndicaux d'Auchan ont qualifié ces mesures de « coup dur pour les employés », soulignant la précarité qui guette les travailleurs dans un secteur déjà fragilisé par la concurrence et les mutations du commerce de détail. Dans un communiqué, un délégué syndical de Michelin a critiqué une « stratégie de rentabilité à court terme » et dénoncé le manque d'initiatives pour sécuriser l'emploi dans les régions touchées. Le gouvernement a promis d'étudier ces dossiers de près, avec l’objectif d'assurer un accompagnement aux travailleurs impactés et de limiter autant que possible les répercussions sociales.

Le gouvernement, quant à lui, se trouve dans une position délicate. Alors que les autorités ont mis en place des programmes pour encourager l'emploi, la multiplication des plans sociaux remet en question l'efficacité des politiques de relance de l’emploi. La ministre du Travail a exprimé sa « préoccupation » et a exhorté les deux entreprises à explorer des alternatives aux licenciements, telles que le reclassement interne ou la formation professionnelle pour faciliter la transition vers de nouvelles opportunités d'emploi. En 2024, le recul des embauches a été notable, avec une baisse des projets de recrutement de 257 000 postes par rapport à l'année précédente. Ce ralentissement du marché du travail, conjugué aux plans de rigueur budgétaire, pourrait accentuer la pression sur le taux de chômage en 2025 .

Adélaïde Motte

Dans cet article : auchan, licencicement, michelin, plan social



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