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2023, année zéro de l’hydrogène ?




Mercredi 27 Septembre 2023


Le Gouvernement qualifie l’hydrogène de « clé de voûte de la décarbonation de l’industrie » et soutient son développement au travers du plan France 2030. Déjà actives sur cet enjeu collectif, des entreprises de tous types (s’)investissent de manière complémentaire en faveur de cette énergie. Si la technologie n’est pas nouvelle, les investissements en sa faveur viennent de connaitre une nette accélération.



Financer des infrastructures-clés

Membre d’Invest Europe et d’organisations d’investisseurs dans plusieurs pays, Ardian se présente comme un pionnier du soutien à la transition énergétique. Depuis 2007, le fonds investit dans le secteur des énergies renouvelables au travers de son fonds Infrastructure. Plus récemment, c’est par la joint-venture Hy24 avec FiveT Hydrogen (hydrogène décarboné), qu’Ardian a choisi d’implémenter des technologies hydrogène effectives via le Clean H2 Infra Fund. À ce titre, le fonds est parvenu à lever une enveloppe de deux milliards de dollars sous gestion. Le Fund devient de ce fait le plus grand fonds mondial consacré au financement des infrastructures de l’économie hydrogène, ce qui lui permet par ailleurs d’être le premier « à investir exclusivement sur l’ensemble de la chaîne de valeur de l’hydrogène décarboné » : production de cet hydrogène en amont, et en aval les flottes captives et les stations hydrogène.

Hy24 compte déjà plusieurs contributions pratiques à son actif. La plus récente est une coentreprise de 200 millions d’euros avec l’opérateur danois Everfuel. Sectorisée dans les pays nordiques, Everfuel Hy24 A/S se fixe comme objectif de nourrir ceux-ci au moyen d’une production finale d’un gigawatt d’hydrogène vert – avec comme première étape un électrolyseur implanté au Danemark. Ce nouveau projet fait suite à trois autres investissements de la joint-venture d’Ardian, centrées sur les infrastructures et la mobilité. Un an plus tôt, Hy24 s’est ainsi allié avec Mirova, la Caisse des Dépôts et Placement du Québec (CDPQ) et Technip Energies pour un investissement record chez l’Allemand Hy2genAG, figure majeure de l’hydrogène vert. L’objectif : produire des carburants de synthèse (dits e-carburants) pour décarboner les secteurs de l’industrie et du transport. Des avancées en faveur du climat que l’on retrouve également, à une autre échelle, chez la start-up iséroise Sylfen.

Développer de nouvelles idées

Avec des moyens financiers moindres mais avec les mêmes convictions, de nombreuses start-up se consacrent également au déploiement et à l’implémentation de technologies fondées sur l’hydrogène. Sur la pente croissante, Sylfen – fondée en 2015 – fut en 2021 lauréate de l’aide Territoires d’industries du plan de relance d’après-COVID, et primée en 2022 dans la catégorie Construction & Immobilier du Clean Tech Open France. Issue du CEA-Liten (« accélérateur de particules » dans l’hydrogène), elle est parvenue cette même année à lever dix millions d’euros pour ses projets, soit plus du double des quatre millions initialement visés. Sylfen apporte en particulier sa contribution au travers de la problématique du stockage, talon d’Achille de la transition énergétique. Pour ce faire, l’entreprise a créé le Smart Energy Hub, qui lui a valu la labellisation publique GreenTech Verte.

Sa technologie est en effet apte à stocker localement « les surplus de production locale d’énergie renouvelable », évitant ainsi l’injection d’EnR – et les aléas de leur intermittence – sur les réseaux. Dédié aux bâtiments et aux éco-quartiers, il stocke le surplus énergétique de ceux-ci pour pallier – au moyen de l’hydrogène – les manques d’électricité et de chaleur qui peuvent survenir. En cas d’insuffisance du stock d’hydrogène, une cogénération au méthane assure l’appoint. En janvier, le cofondateur de Sylfen, Nicolas Bardi, expliquait sur BFM TV l’intérêt d’intégrer l’hydrogène aux technologies de stockage : les batteries, qui fournissent un bon rendement sur un temps court, et l’hydrogène, qui permet de stocker de l’énergie sur un temps long, et dont « le prix du stockage est quarante fois moins qu’avec les batteries ». Mais pour être utilisée avec succès, la technologie hydrogène a par ailleurs besoin de matériaux adaptés, que des entreprises comme Arkema produisent.

Produire des matériaux adaptés

En 2022, l’expertise du chimiste Arkema lui a permis de figurer sur trois des quinze projets que la France a transmis à la Commission européenne. Ceci, dans l’objectif de faire partie du projet important d’intérêt européen commun (Piiec) pour un hydrogène communautaire décarboné. L’État français va par conséquent pouvoir investir un total de 2,1 milliards d’euros dans de grandes usines destinées à produire divers éléments, des piles à combustible aux trains à hydrogène en passant par les véhicules. Arkema sera de ce fait chargée des « matériaux durables de haute performance qui serviront à l’hydrogène pour la mobilité ». Trois sites de production de l’entreprise étaient à cette fin, encore récemment, en cours de définition : Normandie, Nouvelle-Aquitaine, et Auvergne-Rhône-Alpes.

Les solutions hydrogène d’Arkema sont consacrées à la mobilité, avec pour principal enjeu de « produire le combustible de manière décarbonée », selon un directeur scientifique de sa division R&D. Entretemps, l’entreprise développe des matériaux divers : résine liquide thermoplastique proposant un meilleur recyclage, polymères pour contrôler en continu l’état de santé des réservoirs à hydrogène, une chimie complexe intégrée aux piles à combustible hydrogène, ou encore un polyamide imperméable à cette énergie. Comme Ardian et Sylfen, ces avancées permettent au chimiste de voir plus grand. Dernièrement, Arkema a ainsi annoncé l’obtention de la validation SBTi (Science Based Targets initiative), suite à ses objectifs relevés de décarbonation à horizon 2030. Combinées, les actions et investissements effectifs de ces acteurs variés, en support à la stratégie publique, permettent d’envisager l’implémentation de l’hydrogène décarboné dans un futur proche.

La Rédaction



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