Cette grève fait partie intégrante d’un contexte de profonde transformation du secteur de transports de personnes : les taxis doivent maintenant faire face au relèvement de la TVA de 7 à 10 %, à la loi Thévenoud de cohabitation entre taxis et VTC, et enfin à l’essor spectaculaire d’Uber.
Ce que les taxis reprochent à Uber
Le conflit s’est intensifié dès octobre 2015, quand la plateforme a baissé ses tarifs de 20 % à Paris. Mais ce n’est pas tout : Uber contourne la réglementation sur les VTC de la loi Thévenoud en utilisant le statut LOTI (réservé au transport collectif léger), plus facile à obtenir que celui des VTC.
En effet, la majeure partie du conflit réside également dans le fait qu’un chauffeur VTC n’a pas l’obligation d’avoir une licence, contrairement aux taxis – qui doivent débourser aujourd’hui près de 240 000 € pour leur licence. Les chiffres ne sont pas anodins : en 2015, 36 % des VTC passaient l’épreuve théorique contre 74 % des taxis.
Un mouvement significatif
Si ce mouvement intervient dans un contexte de transformation du secteur des transports, il est également caricaturé. C’est l’ère du taxi bashing où le vieux monde des taxis s’oppose au Nouveau Monde symbolisé par Uber.
Les taxis exigent l’application de la loi, bien conscients qu’Uber était en train d’imposer un état de fait à l’État de droit.
Face aux reproches, Uber défie le Parlement
Dès juillet 2016, le Secrétaire d’État aux transports présente un projet de loi, la loi Grandguillaume. Celle-ci porte sur trois axes : la fin des clauses d’exclusivité qui empêchent aujourd’hui les chauffeurs de taxi comme de VTC de travailler pour plusieurs centrales ou plateformes, le passage de trois (Loti-VTC-Taxis) à deux (VTC-Taxis) statuts - pour éviter les fraudes - et la mise en place d’une concurrence saine.
Dès lors que la loi arrive en débat au Parlement, Uber mobilise tous ses moyens pour la contrer. L’entreprise déploie des millions d’euros en communication dans l’unique but que ce texte ne soit pas voté : distributions de tracts dans les rues de Paris dénonçant une loi qui va détruire des dizaines de milliers d’emplois, achat de pages entières dans la presse nationale pour dénoncer la loi, campagnes de communication média, campagnes d’e-mailing aux clients, financement d’études privées, réunions avec les parlementaires, appels des parlementaires dans les villes où Uber est présent, rédaction de tribunes... Uber utilise ici la stratégie du bouc émissaire en essayant de prouver que cette loi est uniquement destinée à détruire son modèle. Malgré cette pression, le Parlement vote la loi à l’unanimité moins une abstention.
La stratégie d’Uber face à une loi destructrice
Le vote n’est pas sans conséquence pour Uber. En effet, la compagnie perd jusqu’à 20 000 chauffeurs en France, ce qui augmente considérablement le temps d’attente. Celle-ci se voit également contrainte d’augmenter ses tarifs de 10 %. Face à cela, les taxis traditionnels sont ravis : le nombre de demandes de courses des taxis G7 augmente de 19,5 % au mois de janvier 2018.
Uber s’empresse de répliquer par une communication dynamique auprès de ses chauffeurs VTC comme de ses clients : articles sur son site web, vidéos qui expliquent la hausse des tarifs...
Uber sort les gros titres « En 2018, ensemble, nous allons relever un nouveau défi », continue d’employer la stratégie du bouc émissaire et n’hésite pas à intégrer ses clients dans le processus de destruction de la firme mis en place par l’État.
Une crise non sans conséquence interne comme externes
Il est indéniable que cette crise a affecté non seulement le modèle développé par l’entreprise Uber depuis 2009, mais également le concept même de l’ubérisation.
L’Etat semble avoir sacrifié une entreprise qui possède de bons résultats au profit de lobbys qui veulent conserver leur monopole, mais dont la qualité du service est sans cesse remise en question.
Si la réduction du nombre de chauffeurs VTC a freiné l’essor d’Uber en France, elle a aussi impliqué une disparition d’emplois majeure dans un pays où le taux de chômage reste encore trop important.
Enfin, si l’intervention de l’État dans cette crise a été fructueuse pour les taxis, elle ne l’a certainement pas été pour Uber qui doit faire face aujourd’hui à de nombreuses manifestations de ses chauffeurs VTC.
Ce que les taxis reprochent à Uber
Le conflit s’est intensifié dès octobre 2015, quand la plateforme a baissé ses tarifs de 20 % à Paris. Mais ce n’est pas tout : Uber contourne la réglementation sur les VTC de la loi Thévenoud en utilisant le statut LOTI (réservé au transport collectif léger), plus facile à obtenir que celui des VTC.
En effet, la majeure partie du conflit réside également dans le fait qu’un chauffeur VTC n’a pas l’obligation d’avoir une licence, contrairement aux taxis – qui doivent débourser aujourd’hui près de 240 000 € pour leur licence. Les chiffres ne sont pas anodins : en 2015, 36 % des VTC passaient l’épreuve théorique contre 74 % des taxis.
Un mouvement significatif
Si ce mouvement intervient dans un contexte de transformation du secteur des transports, il est également caricaturé. C’est l’ère du taxi bashing où le vieux monde des taxis s’oppose au Nouveau Monde symbolisé par Uber.
Les taxis exigent l’application de la loi, bien conscients qu’Uber était en train d’imposer un état de fait à l’État de droit.
Face aux reproches, Uber défie le Parlement
Dès juillet 2016, le Secrétaire d’État aux transports présente un projet de loi, la loi Grandguillaume. Celle-ci porte sur trois axes : la fin des clauses d’exclusivité qui empêchent aujourd’hui les chauffeurs de taxi comme de VTC de travailler pour plusieurs centrales ou plateformes, le passage de trois (Loti-VTC-Taxis) à deux (VTC-Taxis) statuts - pour éviter les fraudes - et la mise en place d’une concurrence saine.
Dès lors que la loi arrive en débat au Parlement, Uber mobilise tous ses moyens pour la contrer. L’entreprise déploie des millions d’euros en communication dans l’unique but que ce texte ne soit pas voté : distributions de tracts dans les rues de Paris dénonçant une loi qui va détruire des dizaines de milliers d’emplois, achat de pages entières dans la presse nationale pour dénoncer la loi, campagnes de communication média, campagnes d’e-mailing aux clients, financement d’études privées, réunions avec les parlementaires, appels des parlementaires dans les villes où Uber est présent, rédaction de tribunes... Uber utilise ici la stratégie du bouc émissaire en essayant de prouver que cette loi est uniquement destinée à détruire son modèle. Malgré cette pression, le Parlement vote la loi à l’unanimité moins une abstention.
La stratégie d’Uber face à une loi destructrice
Le vote n’est pas sans conséquence pour Uber. En effet, la compagnie perd jusqu’à 20 000 chauffeurs en France, ce qui augmente considérablement le temps d’attente. Celle-ci se voit également contrainte d’augmenter ses tarifs de 10 %. Face à cela, les taxis traditionnels sont ravis : le nombre de demandes de courses des taxis G7 augmente de 19,5 % au mois de janvier 2018.
Uber s’empresse de répliquer par une communication dynamique auprès de ses chauffeurs VTC comme de ses clients : articles sur son site web, vidéos qui expliquent la hausse des tarifs...
Uber sort les gros titres « En 2018, ensemble, nous allons relever un nouveau défi », continue d’employer la stratégie du bouc émissaire et n’hésite pas à intégrer ses clients dans le processus de destruction de la firme mis en place par l’État.
Une crise non sans conséquence interne comme externes
Il est indéniable que cette crise a affecté non seulement le modèle développé par l’entreprise Uber depuis 2009, mais également le concept même de l’ubérisation.
L’Etat semble avoir sacrifié une entreprise qui possède de bons résultats au profit de lobbys qui veulent conserver leur monopole, mais dont la qualité du service est sans cesse remise en question.
Si la réduction du nombre de chauffeurs VTC a freiné l’essor d’Uber en France, elle a aussi impliqué une disparition d’emplois majeure dans un pays où le taux de chômage reste encore trop important.
Enfin, si l’intervention de l’État dans cette crise a été fructueuse pour les taxis, elle ne l’a certainement pas été pour Uber qui doit faire face aujourd’hui à de nombreuses manifestations de ses chauffeurs VTC.