​La mauvaise leçon en leadership de Carlos Ghosn



Vendredi 12 Avril 2019


Dans sa vidéo de défense au ton très accusateur, Carlos Ghosn s’est montré combatif. Tout dénonçant un complot sans en dire plus sur les faits qui lui sont précisément reprochés, il s’en est pris à la direction actuelle de Renault. Une leçon en leadership de mauvais goût dans un contexte où c’est son comportement personnel qui a fragilisé un fleuron de l’industrie française.



DR - Compte Twitter de Carlos Ghosn
« S'asseoir autour d'une table et chercher le consensus, ce n'est pas une vision pour une entreprise qui évolue dans une industrie aussi compétitive que l'automobile, a expliqué Carlos Ghosn avant de dire plus tard que Le leadership doit s'exercer. On doit faire ce qui est bon pour l'entreprise et non pas ce sur quoi on peut tous se mettre d'accord… Ce n'est pas une dictature, c'est ce qu'on appelle le leadership. » Le contexte est celui de la réplique de l’ancien patron. Le résultat est décevant. Carole Ghosn avait laissé entendre que la vidéo avait pour objectif de « désigner les responsables ». Le résultat est la dénonciation d’un complot. Sans qu’il ne réponde sur les faits qui lui sont reprochés.

« C'est à cet instant que l'on attend que Ghosn dévoile une liste de noms, des comploteurs de Nissan, qu'il désigne les coupables… Mais, dans la déclaration diffusée, Carlos Ghosn ne nommera finalement personne. La raison officielle : ses avocats ont décidé de couper un passage de la vidéo, d'environ trente à quarante secondes, où le taïkun déchu citait nommément ceux qui, selon lui, sont à l'origine de ce « complot », car il y avait des « risques légaux de livrer les identités réelles de personnes », dit son principal avocat, Junichiro Hironaka. Ghosn reste finalement évasif quand il désigne « quelques exécutifs de Nissan qui, pour leur propre intérêt et poussés par des peurs égoïstes, détruisent énormément de valeur pour Nissan » commente Le Point .

C’est ensuite qu’il désigne sans les nommer ses successeurs comme cité plus haut. Ce que Le Point appelle une « surprenante leçon de management » est finalement un bien mauvais coup. Entendre de la part de celui qui a mis en danger et remis en question l’équilibre de l’alliance et de Renault, qu’il faudrait faire différemment est ahurissant. Car si les marques japonaises ont renégocié l’équilibre des forces, c’est bien parce que Renault était en position de faiblesse. Et que ce soit de manière téléguidée ou non, ce sont bien les agissements présumés de Carlos Ghosn qui ont causé cette situation.

Capucine Davignon
Dans cet article : Ghosn Le Point industrie leadership