Voiture électrique : malgré un marché en recul, l'UE pourrait lourdement sanctionner ses constructeurs



Lundi 9 Septembre 2024


Luca de Meo, PDG de Renault et président de l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA), était l'invité de France Inter, samedi 7 septembre 2024. Interrogé sur l'avenir de l'industrie automobile européenne, il n'a guère été rassurant, craignant que les objectifs de l'UE, s'ils visent le 100 % électrique, soient inatteignables pour les constructeurs européens qui risquent de lourdes sanctions financières.



95 euros d'amende par gramme de CO2 excédentaire

Les constructeurs automobiles européens pourraient faire face à une amende colossale de 15 milliards d’euros en 2025. Cette sanction, imposée par l’Union européenne, résulterait du non-respect des objectifs de réduction des émissions de CO2.  Cette situation inquiète particulièrement les industriels. Alors que les ventes de véhicules thermiques restent majoritaires, la Commission européenne fixe un plafond strict d’émissions pour tout nouveau véhicule produit en 2025 à 94 grammes de CO2 par kilomètre, contre 116 g/km actuellement, le but étant que les constructeurs européens réduisent de 15% leurs émissions de carbone en 2025 par rapport à 2021. Le dépassement de ce seuil entraînera des amendes de 95 euros par gramme, multipliées par le nombre de véhicules vendus.

Avec un marché en berne depuis plusieurs mois — les ventes de voitures électriques n'ont représenté que 12,5 % du marché automobile européen en août 2024, et ce segment a reculé de 10,8 % en l'espace d'une seule année. Autrement dit, les constructeurs risquent de ne pas atteindre le mix de ventes nécessaire pour éviter ces sanctions, ce qui les obligerait à « renoncer à la production de plus de 2,5 millions de véhicules », selon Luca de Meo.

Des objectifs hors sol pour une industrie sous pression

Malgré les investissements massifs des constructeurs automobiles dans l’électrique, les infrastructures ne suivent pas. « Il faut qu'on nous donne un peu de flexibilité », a insisté Luca de Meo au micro de France Inter, soulignant le fait que l'UE impose des échéances sans prendre en compte la réalité du marché, et après avoir, du moins pour certains de ses pays membres,  tels que l'Allemagne, supprimé certaines aides publiques en faveur de l'électrique (fin du bonus écologique en décembre 2023) qui ont fait chuté les ventes (-68,8 % sur un an chez nos voisins outre-Rhin). Luca de Meo pointe également du doigt la lenteur du déploiement des bornes de recharge qui dépend des investissements des exécutifs européens. 

Les constructeurs européens s'inquiètent par ailleurs de la pression concurrentielle. La Chine, leader sur le marché des véhicules électriques, gagne des parts de marché en Europe, et plusieurs de ses constructeurs ont pour projet de construire des usines en Europe, tels que BYD, afin d'être de nouveau éligibles aux aides locales.   

Axelle Ker