L’histoire des métiers d’art est aussi ancienne que celle de l’humanité. La main de l’homme pose son dévolu sur la matière depuis la nuit des temps pour façonner des objets utiles au quotidien (un gobelet, une arme, une roue…) ou des œuvres uniques de dimension symbolique, artistique ou religieuse (une peinture, une sculpture, un dessin…).
En tant que secteur organisé, nous en trouvons l’origine en France dès le XIIème siècle. A partir du règne de Saint-Louis (1214-1270), les corporations obtiennent des règlements spéciaux notamment à Paris où l’organisation des métiers est connue grâce au Livre des Métiers publié en 1268 par Etienne Boileau, premier Prévôt de Paris. Plus tard, Louis XIV et Colbert, au XVIIème siècle, favorisent la création des premières manufactures qui bénéficient de monopoles : les manufactures d’Alençon pour la dentelle, d’Aubusson et des Gobelins pour la tapisserie ou encore de Saint-Gobain pour les miroirs sont créées entre 1665 et 1667. Au XVIIIème siècle, les fabriques sont de plus en plus nombreuses : la manufacture de Sèvres (1740), les toiles de Jouy (1783) ou Baccarat (1764), prennent leur essor ou font leur apparition. Le XIXème siècle est celui de la révolution industrielle : de nouveaux procédés de fabrication apparaissent, à l’exemple du métier Jacquard qui bouleverse le secteur textile. Il est aussi le siècle des expositions universelles qui mettent en scène les savoir-faire de notre pays et sa maîtrise des nouvelles techniques et technologies.
De nos jours plus que jamais, les artisans d’art sont de véritables entrepreneurs de l’innovation à tel point que les savoir-faire et les connaissances des professionnels des métiers d’art, essentiellement en raison des travaux de recherche sur les matériaux, sont une source de croissance pour l’ensemble de l’économie. La mode, par exemple, en développant des textiles intelligents, crée des liens inattendus avec l’univers médical.
Le numérique dessine par ailleurs les contours d’un artisanat inventif et développe les capacités à fabriquer un moule ou une maquette en très peu de temps. Il ouvre également la possibilité de façonner des articles impossibles à réaliser avec les outils traditionnels et de produire de très petites séries. En un mot, il fait des métiers d’art un secteur dans lequel l’imagination sera peut-être bientôt la seule limite.
Dans les métiers d’art se rejoignent les deux principales destinations de toute activité humaine : l’utile et du beau. Métiers de restauration et de création, les métiers d’art participent ainsi du patrimoine immatériel qui rend possible la conservation et le renouvellement de notre patrimoine matériel, c’est-à-dire d’une partie de notre culture envisagée par le Président de la République, Emmanuel Macron, lors de ses vœux du 31 décembre dernier comme un « socle commun de notre imaginaire, un imaginaire dont nous avons besoin, un imaginaire d'avenir où chacune et chacun doit pouvoir se retrouver. »
Enracinés dans notre histoire, les métiers d’art sont cette part vivante de nous-mêmes qui, au-delà de celles et ceux qui en perpétuent les gestes, accompagne la société entière dans un modèle où l’utile et le beau ne s’opposent pas mais se complètent. Que deviendraient nos églises et les édifices formant le « petit patrimoine » qui façonne nos territoires sans les savoir-faire des vitraillistes, des tailleurs de pierre, des ardoisiers ou des lauziers, des charpentiers et autres staffeurs ?
Si la France a la chance de pouvoir compter sur un opérateur public dédié, l’Institut national des métiers d’art (INMA), notre pays a tout intérêt à miser davantage sur ces métiers d’art qui font le lien entre le passé et l’avenir en développant à leur endroit une véritable politique publique stratégique.
Cette stratégie pourrait s’articuler autour des points suivants : Créer un observatoire des métiers d’art pour disposer de données fiables sur le secteur ; Encourager l’innovation dans les métiers d’art en permettant aux artisans de s’équiper en imprimantes 3D et autres outils numériques devenus indispensables à la création, en pérennisant les dispositifs fiscaux en faveur des métiers d’art (crédit d’impôt métiers d’art en particulier) ; Miser sur l’attractivité des métiers d’art en matière touristique en encourageant notamment les visites d’ateliers et de manufactures ; Prendre en compte la spécificité des métiers d’art en matière de formation ; c’est-à-dire traiter en particulier la question des métiers dits « orphelins » qui ne disposent souvent pas de parcours de formation, étendre le parcours « A la découverte des métiers d’art » à de nouvelles académies, accompagner les artisans en fin de carrière dont les ateliers menacent de fermer faute de repreneur ; Contribuer à porter un regard neuf sur les métiers d’art qui constituent un secteur innovant loin des images d’Epinal.
A cet égard, la mission confiée par le Président de la République à M. Stéphane Bern pour recenser des monuments et des bâtiments en péril en France est un signal fort et positif dont chacun peut se réjouir. Elle est fondamentale car elle concerne le rayonnement de notre pays, l’attractivité de nos territoires, la pérennité de notre culture et d’une certaine manière la capacité que nous avons tous, Français, à envisager l’avenir en tirant de notre passé toute sa force. Il est cependant indispensable, pour que celle-ci soit une réussite, qu’elle donne lieu à des propositions solides pour soutenir celles et ceux qui, par leur talent et leur travail, tiennent l’avenir de notre patrimoine entre leurs mains.
(*) http://www.ceser-iledefrance.fr/travaux/les-metiers-dart-au-service-du-developpement-et-du-rayonnement-de-lile-de-france
En tant que secteur organisé, nous en trouvons l’origine en France dès le XIIème siècle. A partir du règne de Saint-Louis (1214-1270), les corporations obtiennent des règlements spéciaux notamment à Paris où l’organisation des métiers est connue grâce au Livre des Métiers publié en 1268 par Etienne Boileau, premier Prévôt de Paris. Plus tard, Louis XIV et Colbert, au XVIIème siècle, favorisent la création des premières manufactures qui bénéficient de monopoles : les manufactures d’Alençon pour la dentelle, d’Aubusson et des Gobelins pour la tapisserie ou encore de Saint-Gobain pour les miroirs sont créées entre 1665 et 1667. Au XVIIIème siècle, les fabriques sont de plus en plus nombreuses : la manufacture de Sèvres (1740), les toiles de Jouy (1783) ou Baccarat (1764), prennent leur essor ou font leur apparition. Le XIXème siècle est celui de la révolution industrielle : de nouveaux procédés de fabrication apparaissent, à l’exemple du métier Jacquard qui bouleverse le secteur textile. Il est aussi le siècle des expositions universelles qui mettent en scène les savoir-faire de notre pays et sa maîtrise des nouvelles techniques et technologies.
De nos jours plus que jamais, les artisans d’art sont de véritables entrepreneurs de l’innovation à tel point que les savoir-faire et les connaissances des professionnels des métiers d’art, essentiellement en raison des travaux de recherche sur les matériaux, sont une source de croissance pour l’ensemble de l’économie. La mode, par exemple, en développant des textiles intelligents, crée des liens inattendus avec l’univers médical.
Le numérique dessine par ailleurs les contours d’un artisanat inventif et développe les capacités à fabriquer un moule ou une maquette en très peu de temps. Il ouvre également la possibilité de façonner des articles impossibles à réaliser avec les outils traditionnels et de produire de très petites séries. En un mot, il fait des métiers d’art un secteur dans lequel l’imagination sera peut-être bientôt la seule limite.
Dans les métiers d’art se rejoignent les deux principales destinations de toute activité humaine : l’utile et du beau. Métiers de restauration et de création, les métiers d’art participent ainsi du patrimoine immatériel qui rend possible la conservation et le renouvellement de notre patrimoine matériel, c’est-à-dire d’une partie de notre culture envisagée par le Président de la République, Emmanuel Macron, lors de ses vœux du 31 décembre dernier comme un « socle commun de notre imaginaire, un imaginaire dont nous avons besoin, un imaginaire d'avenir où chacune et chacun doit pouvoir se retrouver. »
Enracinés dans notre histoire, les métiers d’art sont cette part vivante de nous-mêmes qui, au-delà de celles et ceux qui en perpétuent les gestes, accompagne la société entière dans un modèle où l’utile et le beau ne s’opposent pas mais se complètent. Que deviendraient nos églises et les édifices formant le « petit patrimoine » qui façonne nos territoires sans les savoir-faire des vitraillistes, des tailleurs de pierre, des ardoisiers ou des lauziers, des charpentiers et autres staffeurs ?
Si la France a la chance de pouvoir compter sur un opérateur public dédié, l’Institut national des métiers d’art (INMA), notre pays a tout intérêt à miser davantage sur ces métiers d’art qui font le lien entre le passé et l’avenir en développant à leur endroit une véritable politique publique stratégique.
Cette stratégie pourrait s’articuler autour des points suivants : Créer un observatoire des métiers d’art pour disposer de données fiables sur le secteur ; Encourager l’innovation dans les métiers d’art en permettant aux artisans de s’équiper en imprimantes 3D et autres outils numériques devenus indispensables à la création, en pérennisant les dispositifs fiscaux en faveur des métiers d’art (crédit d’impôt métiers d’art en particulier) ; Miser sur l’attractivité des métiers d’art en matière touristique en encourageant notamment les visites d’ateliers et de manufactures ; Prendre en compte la spécificité des métiers d’art en matière de formation ; c’est-à-dire traiter en particulier la question des métiers dits « orphelins » qui ne disposent souvent pas de parcours de formation, étendre le parcours « A la découverte des métiers d’art » à de nouvelles académies, accompagner les artisans en fin de carrière dont les ateliers menacent de fermer faute de repreneur ; Contribuer à porter un regard neuf sur les métiers d’art qui constituent un secteur innovant loin des images d’Epinal.
A cet égard, la mission confiée par le Président de la République à M. Stéphane Bern pour recenser des monuments et des bâtiments en péril en France est un signal fort et positif dont chacun peut se réjouir. Elle est fondamentale car elle concerne le rayonnement de notre pays, l’attractivité de nos territoires, la pérennité de notre culture et d’une certaine manière la capacité que nous avons tous, Français, à envisager l’avenir en tirant de notre passé toute sa force. Il est cependant indispensable, pour que celle-ci soit une réussite, qu’elle donne lieu à des propositions solides pour soutenir celles et ceux qui, par leur talent et leur travail, tiennent l’avenir de notre patrimoine entre leurs mains.
(*) http://www.ceser-iledefrance.fr/travaux/les-metiers-dart-au-service-du-developpement-et-du-rayonnement-de-lile-de-france