Pollution : une alliance franco-italienne contre les limites de CO2 dans l'automobile



Mercredi 18 Décembre 2024


Après les constructeurs automobiles européens, c'est au tour de plusieurs pays membres de l'Union européenne de s'élever contre le calendrier CO2 et les pénalités financières prévues par l'Union européenne à partir de 2025. Lors d'une réunion regroupant les ministres de l'Environnement des pays membres de l'UE, mardi 17 décembre 2024, la France, conjointement avec l'Italie, a demandé à la Commission européenne de reporter lesdites sanctions à 2027.



L'italie et la France demandent à l'UE de revoir son calendrier CO2

Ce débat, ajouté à l’ordre du jour des ministres de l’Environnement de l’Union européenne par la France, reflète les inquiétudes croissantes du secteur face à l’application stricte des normes CAFE (Corporate Average Fuel Economy). La ministre française de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a souligné la nécessité d’introduire des « flexibilités et ajustements », en dénonçant une approche « contre-productive ». Selon elle, les pénalités envisagées risquent de « fragiliser notre industrie et n'accélèrent pas l'électrification » des véhicules.

Un discours partagé par l’Italie, qui considère que ces mesures « limiteraient considérablement la capacité de l’industrie à réinvestir dans l’innovation », tout comme la République tchèque et la Slovénie. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, avait quant à elle signifié, au mois de novembre, son intention d'engager un « dialogue stratégique » pour l'industrie européenne.

Un marché européen en berne

Les constructeurs européens, déjà confrontés à une baisse des ventes de véhicules électriques, redoutent les conséquences économiques des sanctions prévues. En 2025, ces entreprises devront atteindre des objectifs encore plus stricts, exigeant que 20 à 25 % de leurs ventes concernent des véhicules électriques. Or, comme le rappelle Automobile Propre, de janvier à septembre 2024, cette part n’atteint que 13,1 %.

Luca de Meo, directeur général de Renault et président de l’ACEA (Association des constructeurs européens d'automobiles), alertait dès septembre 2024 sur des objectifs de l'UE qu’il jugeait intenables au vu du marché européen et de la compétitivité des constructeurs asiatiques. La France et l'Italie se sont ainsi faites porte-étendards d'une demande de report des sanctions à 2027, s’appuyant sur l’article 122.1 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE). Un aménagement qui ne remettrait pas en cause les objectifs climatiques de Bruxelles, mais qui laisserait aux constructeurs européens davantage de temps pour se préparer à leur transition vers l'électromobilité.

Axelle Ker