Phnom Penh ouvre sa place boursière



Mercredi 21 Mars 2012


En 1975, les Khmers rouges prenaient le pouvoir au Cambodge avec l’aide de la Chine. Au nom du maoïsme, ils abolissaient les marchés et la monnaie. Près de 40 après la chute du kampouchéa démocratique et la destruction de son sytème financier, le Cambodge se dote à nouveau d’une place boursière dont l’entrée en activité est planifié pour le milieu d’année.



L’année 2012 est historique pour le Cambodge. Prenant la suite du Vietnam et du Laos, ce pays a décidé d’ouvrir le 18 avril les portes de sa place boursière baptisée "Cambodia Securities Exchange". La bourse cambodgienne existe en réalité depuis juillet 2011 mais aucune cotation n’y a encore été réalisé.

Plusieurs compagnies nationales ont déjà réuni le soutien des investisseurs pour préparer leur entrée en bourse. L’entreprise publique Phnom Penh Water Supply Authority a ainsi prévu d’ouvrir son capital au marché boursier à hauteur de 20,7 millions de dollars. D’autres groupes publics telles que le Port Autonome de Sihanoukville et les télécoms cambodgien doivent se joindre au bal au courant de l’année 2012. L’opération devrait se dérouler sans grande difficulté puisque les investisseurs se pressent déjà aux portes pour prendre une participation au capital de ces entreprises. A terme, l’ouverture de la cotation aux entreprises privées est programmée et des acteurs comme le groupe de presse Post Media ont déjà fait part de leur intention d’entrer sur le marché financier cambodgien renaissant.
 
L’ouverture de la bourse du Cambodge est un accomplissement de plus pour ce pays tout juste remis du règne désastreux des khmers rouges. Accusant toujours une certaine dépendance à l’égard de l’aide internationale, l’économie du pays fait néanmoins preuve d’un dynamisme remarquable en Asie du Sud-Est depuis les dix dernières années. Il affichait par exemple une croissance moyenne annuelle du PIB de 8% entre 2000 et 2007. Malgré la crise de 2008 et une recession consécutive en 2009, le Cambodge a renoué avec des taux de croissance annuels supérieurs à 4% dès l’année 2010. Les prévisions pour les années à venir sont toujours très optimistes.

Le gouvernement cambodgien table aujourd’hui sur l’ouverture d’un marché financier national pour supporter la croissance de l’économie du pays. Toutefois le taux d’épargne du Cambodge figure parmi les plus faible d’Asie. En effet celui-ci s’élevait en 2010 à 14,4% contre 27% au Vietnam qui a ouvert sa place boursière nationale en 2000. A titre d’exemple, le taux d’épargne s’élève à 53% en Chine. Le Cambodge prends donc le pari de l’ouverture financière accrue pour approvisionner ses champions nationaux en liquidités.

Bien que les capacités d’investissement du pays soient limitées, les entreprises candidates à l’introduction en bourse ne manquent pas d’investisseurs. La Phnom Penh Water Supply Authority aurait ainsi enregistré une demande pour ses titres atteignant un niveau dix fois supérieurs aux 82,8 milliards de riels qu’elle souhaitait lever. Mais l’enthousiasme des début ne doit pas masquer la réalité de la situation : il faudra du temps à la bourse cambodgienne avant de gagner la confiance des investisseurs et de devenir un réel moteur de l’économie du Cambodge.
 
Quelques 40 années après la chute du régime des Khmers Rouges qui a décimé ce pays, le Cambodge peut être fier de ses progrès en matière de développement. Figurant aujourd’hui parmi les économies les plus dynamique d’Asie du Sud-Est, la Cambodge n’en est pas moins sujet à certaine fragilité. La financiarisation de son économie directement via un marché boursier international lui pose en effet des défis nouveaux. Il lui faudra par exemple gérer à l’avenir les participations et la pression des investisseurs étrangers, mais aussi faire du Cambodia Securities Exchange une oasis de confiance dans un pays figrurant parmi les plus corrompus du monde. La chantier et vaste et ne fait que commencer. Avec l’ouverture de cette place boursière, le Cambodge entame donc l’écriture d’un nouveau chapitre de son Histoire.

La Rédaction