Pays fragiles : la Banque mondiale innove dans la collecte de données fiables



Mardi 18 Février 2020


Un rapport de la Banque mondiale souligne des innovations de méthodes pour mieux collecter les données dans les pays difficiles. Un progrès encourageant dans l’accompagnement des économies en difficulté.



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Poser un constat économique pratique s’avère très difficile dans nombre de pays fragiles. Les organisations internationales qui accompagnent les pays en difficulté font constamment évoluer les méthodes d’analyse des situations. C’est notamment le cas de la Banque mondiale qui vient de publier un rapport sur les innovations en la matière. « L'efficacité des interventions de développement repose sur la disponibilité de statistiques de qualité. Cette exigence se heurte cependant à de nombreuses difficultés dans les zones en proie à la fragilité. En raison des violences ou des risques sanitaires, notamment, il est en effet impossible de recourir aux moyens traditionnels de collecte des données sans mettre en danger les enquêteurs. À cela s'ajoutent, dans les situations de conflit en particulier, des problèmes d'ordre pratique comme le mauvais état des routes ou le manque d'infrastructures de télécommunications, ou encore l'hostilité de la population à l'égard du gouvernement central. D'autres difficultés viennent compliquer la tâche, liées aux déplacements de population et à l'impossibilité de constituer une base d'échantillonnage » explique un communiqué de l’organisation.

« Avec force exemples, cet ouvrage met à bas l'idée selon laquelle il serait impossible de collecter des données dans certaines circonstances difficiles. Des enquêtes par téléphonie mobile à l'expérimentation de nouvelles approches pour le traitement des questions sensibles, les innovations présentées ici peuvent être utiles au-delà du seul cadre des situations de fragilité », assure la directrice de l’expertise en pauvreté de la Banque mondiale, Carolins Sanchez-Paramo.

Ainsi le développement des réseaux mobiles et l’utilisation croissante des téléphones portables parmi les populations les plus pauvres ouvrent de nouvelles possibilités. « Si les enquêtes téléphoniques auprès des ménages ne peuvent pas se substituer systématiquement aux entretiens en face à face, elles offrent des avantages significatifs dans certaines circonstances et pour des besoins spécifiques. Ce type d'enquête a par exemple été utilisé pour collecter des informations lors de la crise Ebola en Sierra Leone, et de la sécheresse au Nigéria, en Somalie, au Soudan du Sud et au Yémen, mais aussi pour suivre l'évolution des conditions de vie des personnes déplacées à la suite de la crise dans le nord du Mali. Par ailleurs, là où l'option du téléphone portable n'est pas envisageable, il est possible de faire appel à des enquêteurs sur place pour réaliser les entretiens dans leur communauté » ajoute la Banque mondiale.

Joseph Martin