Notre-Dame-des-Landes : Vinci réclame 1,6 milliard d'euros à l'État



Jeudi 21 Mars 2024


L'abandon du projet controversé d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes par le gouvernement français a conduit Vinci, le concessionnaire principal, à demander une indemnité colossale de 1,6 milliard d'euros.



Vinci contre l'État : un litige à plusieurs milliards

Le 17 janvier 2018 marquait un tournant pour le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes avec l'annonce de son abandon par le gouvernement. Vinci, via sa filiale Aéroports du Grand Ouest, se retrouve face à un projet avorté dont elle détenait la concession. En réponse, le groupe réclame une indemnité de 1,6 milliard d'euros à l'État, arguant de la nécessité d'une compensation pour l'arrêt de ce projet d'envergure. Cette demande est examinée mi-mars par le tribunal administratif de Nantes. Le rapporteur public suggère le rejet de la requête, car le motif d'intérêt général justifierait l'abandon du projet . Vinci, de son côté, reste discret sur cette procédure toujours en cours, dont le jugement n'est pas attendu avant deux semaines.

Au-delà de la demande financière, l'abandon du projet d'aéroport soulève d'importantes questions sur la réaffectation des terres de la Zone d'aménagement différé (Zad), ainsi que sur le futur de l'aménagement territorial dans cette région. Les violentes expulsions qui ont suivi l'annonce de l'abandon témoignent de la tension et du casse-tête foncier qu'a engendré cette décision. Par ailleurs, la réclamation de Vinci s'inscrit dans un contexte où le groupe gère déjà plusieurs aéroports en France et à l'international, questionnant la relation entre les grands groupes de BTP et les politiques publiques d'aménagement du territoire.

Retour sur le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes

Initialement prévu pour désengorger l'aéroport de Nantes-Atlantique et répondre à l'augmentation du trafic aérien, le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes s'est heurté dès ses débuts à une vive opposition. Entre enjeux écologiques, contestations locales et nationales, et interrogations sur sa véritable nécessité, le projet a été marqué par des décennies de luttes et de manifestations. L'abandon du projet, bien qu'accueilli favorablement par une partie de l'opinion publique, a également suscité des questionnements sur la gouvernance et la prise de décision dans les grands projets d'infrastructure.

La décision du tribunal administratif de Nantes, attendue dans les prochaines semaines, constituera un tournant majeur dans cette affaire. Elle pourrait poser les bases d'une réflexion plus large sur la compensation en cas d'abandon de grands projets d'infrastructure. Par ailleurs, cette affaire soulève des questions sur le futur des terrains de la Zad et la répartition des responsabilités financières entre l'État et les acteurs privés dans la gestion et l'abandon des grands projets.

Adélaïde Motte
Dans cet article : aviation aéroport vinci