Northvolt en faillite : un revers pour l’industrie européenne des batteries



Vendredi 22 Novembre 2024


Northvolt, une figure de proue de l’industrie des batteries électriques en Europe, a récemment annoncé sa faillite, plongeant le secteur en pleine turbulence. Cet acteur suédois avait pour ambition de rivaliser avec les géants chinois et américains dans la course aux batteries pour véhicules électriques.



Northvolt, du rêve à la chute

Fondée en 2016, Northvolt s’était fixée pour mission de fournir des batteries électriques produites en Europe, en s'appuyant sur une technologie durable et une chaîne d’approvisionnement intégrée. L’entreprise avait misé sur des « gigafactories », comme celle de Skellefteå en Suède, pour répondre à la demande croissante de batteries pour véhicules électriques et autres dispositifs énergétiques. En s’appuyant sur des partenariats stratégiques avec des entreprises comme Scania et Volkswagen, Northvolt semblait bien positionnée pour transformer l’Europe en un hub mondial de production de batteries. Cependant, plusieurs facteurs ont conduit à la chute de Northvolt. D’abord, des problèmes de production récurrents : depuis septembre 2024, l’entreprise n’a cessé de manquer ses objectifs hebdomadaires, ce qui a accru les tensions financières. Un plan de sauvetage de 300 millions de dollars, censé stabiliser la situation, n’a pas suffi à endiguer les pertes. En parallèle, le développement de ses infrastructures, comme les projets de gigafactories en Allemagne et au Canada, a été suspendu, limitant sa capacité à atteindre l’échelle nécessaire pour concurrencer ses rivaux internationaux.
Selon Peter Carlsson, PDG démissionnaire de Northvolt, l’entreprise a également souffert d’un manque de financements structurels à l’échelle européenne : « Nous avons sous-estimé les défis d’un marché global où les subventions massives des concurrents chinois et américains nous placent dans une position désavantageuse. »

L'impact sur le secteur européen des batteries

L’effondrement de Northvolt soulève des questions cruciales sur l’avenir de l’industrie des batteries en Europe. En effet, cette faillite illustre les difficultés pour les entreprises européennes à rivaliser face à des acteurs soutenus par des politiques publiques généreuses en Asie et en Amérique du Nord. Les analystes estiment que la disparition de Northvolt pourrait freiner l'élan européen vers une indépendance énergétique et technologique.
Tom Johnstone, président intérimaire du conseil d’administration de Northvolt, se veut toutefois rassurant : « Cette étape décisive va permettre à Northvolt de poursuivre sa mission d’établir une base industrielle européenne pour la production de batteries. » Mais les experts restent sceptiques quant à la viabilité d’une telle restructuration.

Adélaïde Motte