Les casinos affirment que la FDJ est favorisée



Jeudi 18 Janvier 2024


Les dirigeants de l’ensemble des casinos français ont envoyé une lettre au Premier ministre lundi dernier, affirmant que la Française des Jeux (FDJ) faisait l’objet d’un traitement préférentiel de la part du régulateur, l’Autorité Nationale des Jeux. Ils dénoncent des « distorsions de concurrence » et l’avantage monopolistique de la FDJ.



Le torchon brûle entre les casinos et la FDJ. Lundi 15 janvier, les professionnels des machines à sous et de la roulette ont envoyé une lettre à Gabriel Attal, le tout nouveau Premier ministre, pour dénoncer le comportement du poids lourd français des jeux d’argent et de hasard.

« Depuis quelques années, le traitement de la FDJ par le régulateur (Autorité Nationale des Jeux) nous semble plus favorable que celui qui est réservé à l’ensemble des filières de jeux d’argent et de hasard », débute la lettre signée par les dirigeants des groupes de casinos comme Alexandre et Joy Desseigne Barrière, à la barre du groupe homonyme, Laurent Lassiaz (Joa), Romain Tranchant (groupe Tranchant), Fabrice Paire (Partouche), mais également les syndicats de la profession et les casinos indépendants.

Le courrier au vitriol dénonce également « des distorsions majeures de concurrence : l’accès sans pièce d’identité, la facilité de proposer de nouveaux jeux, l’absence de contrôle dans les points de vente à la différence des casinos ou encore l’utilisation du même compte client FDJ pour les jeux sous monopole et les jeux du champ concurrentiel ».

Concernant le compte client FDJ, la PDG du groupe Stéphane Pallez a affirmé vouloir séparer les jeux sous monopole et les jeux du volet concurrentiel. Elle a également rappelé aux Echos que la FDJ accélérait sur la prévention du jeu excessif et du jeu des mineurs dans le réseau physique de distribution et dans le réseau en ligne.

De plus, selon les signataires, les acquisitions de la FDJ ces dernières années (rachats du bookmaker hippique ZeTurf, de l’opérateur de la loterie irlandaise PLI, de l’entreprise spécialisée dans la technologies de paris sportifs Sporting Group, des services de paiement L’Addition ou Aleda…), illustrent une « politique agressive d’expansion, qui ne fait qu'accroître le risque de subventions croisées par la FDJ, par utilisation de ses activités sous droits exclusifs en tant que levier pour favoriser et développer ses offres de service sur les marchés concurrentiels ».

Les professionnels accusent également la FDJ d’utiliser son avantage monopolistique afin de s’imposer sur des marchés hautement concurrentiels. La valeur de ce monopole sera bientôt jugée par la Commission européenne. Pour rappel, la Française des Jeux a versé 380 millions d’euros à l’État durant 25 ans pour conserver le monopole.

« Si Bruxelles estime finalement que ce montant devait atteindre un milliard d’euros, alors cela voudrait dire que la FDJ a pu utiliser plus de 600 millions pour réaliser ses opérations avec des fonds dont elle n’aurait pas dû disposer », s’insurge un casino signataire.

D’après la FDJ, cette critique est injustifiée dans la mesure où ses activités de monopole « ont été confirmées par la représentation nationale en 2019 et la loi Pacte ».

Si la lettre met en exergue quelques rancœurs, elle a surtout été envoyée pour traiter d’un dossier sensible : le casino en ligne. « Des informations récentes faisant état d’un possible projet d’ouverture de casinos en ligne sur le marché français réservée à un nouveau monopole de la FDJ inquiètent fortement la profession des casinos », précisent les signataires.

Il y a quelques semaines, un article de Gaming and co, newsletter experte des jeux et paris sportifs, indiquait que le gouvernement et la FDJ envisageraient d’expérimenter le casino en ligne. L’expérimentation serait, toujours d’après Gaming and co, exclusivement réservée à la FDJ. Une rumeur suscitant la colère des acteurs des casinos, qui préparent leurs défenses dans l’attente d’une hypothétique législation.

Plusieurs sources affirment néanmoins que ce scénario est improbable. Pour sa part, la FDJ réfute toute discussion avec l’exécutif au sujet du casino en ligne, et « dément formellement les déclarations fantaisistes concernant un possible « nouveau monopole » dévolu au groupe en matière de casinos en ligne ».

L’entreprise indique que cette allégation est dénuée de tout fondement. « La FDJ n’a pas de projet en ce sens et les pouvoirs publics n’ont pas manifesté leur intention d’autoriser les jeux de casino en ligne en France », poursuit-il.

Selon les Échos, la levée de boucliers des professionnels des casinos aurait comme objectif premier d’interpeller « les pouvoirs publics à quelques mois de la fin de l’expérimentation des cercles de jeux parisiens ». Il semble d’ailleurs peu probable que cette lettre puisse faire bouger les lignes dans la filière.

Cela étant dit, l’initiative permettra d’ouvrir un débat au sein du Parlement durant lequel les revendications des casinotiers pourront être entendues. Ces derniers attendent aujourd’hui d’être reçus par Gabriel Attal.

La Rédaction