Le décret anti OPA de Montebourg déplait à l’UE



Samedi 17 Mai 2014


Le décret anti-OPA publié au Journal Officiel permet le blocage par l’Etat français des rachats de sociétés françaises par des groupes étrangers a été défendu par le ministre de l’Economie et du redressement productif. La Commission européenne a critiqué cette mesure qu’elle estime protectionniste. Le ministère s’est voulu rassurant mais des dossiers clés pourraient de nouveau souligner les divergences doctrinales entre Bruxelles et Paris.



Arnaud Montebourg - compte Facebok officiel
Après les OGM et les tarifs de rachat des énergies renouvelables, un nouveau sujet de discorde entre la Commission européenne et la France apparaît. Le « démondialiste » et ministre de l’Economie Arnaud Montebourg a été un ardent défenseur du décret anti-OPA publié au Journal Officiel cette semaine. Le texte donne à l’Etat plus de pouvoir pour empêcher le rachat d’une société française par des opérateurs étrangers.

Outil protectionniste

La Commission européenne a fait savoir à Paris que la mesure n’était pas appréciée à Bruxelles. Le commissaire responsable du marché intérieur, Michel Barnier a ainsi déclaré que « l'objectif de protéger les intérêts essentiels stratégiques dans chaque Etat membre est essentiel dès qu'il s'agit de sécurité ou d'ordre public. » Il a ensuite expliqué qu’il fallait « vérifier » si le décret était acceptable «  sinon cela deviendrait du protectionnisme. »
 
La Commission européenne ne voit pas d’un bon œil le « patriotisme économique » de Arnaud Montebourg. Si pour le moment la direction prise par le ministre ne s’est pas encore concrétisée, les institutions européennes restent vigilantes à des cas concrets d’application. Le moment choisi pour la publication du décret ne doit en effet rien au hasard, les pourparlers autour de la vente d’Alstom pourraient très prochainement faire l’objet d’un bras de fer entre la Commission et l’Etat français. Michel Barnier s’y prépare et affirme que la direction prise n’est pas la bonne, « une bonne protection, c'est l'investissement, pas le protectionnisme » a-t-il déclaré.
 
De son côté, le ministère de l’Economie a voulu envoyer un signe à la Commission en expliquant que le « réarmement fondamental de la puissance public » dont a parlé au Monde M Montebourg « ne veut pas dire qu’il est interdit de s’installer en France. »