De plus en plus de banques centrales africaines envisagent de créer des monnaies numériques. Le phénomène a intéressé le FMI qui a publié une analyse pertinente. Signée par trois auteurs de l’institution internationale, le texte souligne les promesses portées par de tels projets, mais aussi les obstacles qui se dressent.
« Après les Bahamas, le Nigéria est le deuxième pays du monde à émettre une monnaie numérique de banque centrale (MNBC). Une MNBC est une version numérique des pièces et des billets de banque, plus sûre et moins volatile que des cryptoactifs, car elle est émise et régulée par une banque centrale. Comme le montre le graphique de la semaine, l'Afrique du Sud et le Ghana ont mis en place des projets expérimentaux tandis que d'autres pays en sont à la phase de recherche » explique le FMI.
L’institution est bienveillante vis-à-vis de ses projets qui ne remettent pas en cause le rôle des banques centrales ou de la régulation monétaire. « L'émission de MNBC sert des objectifs différents selon les pays, mais elle est susceptible d'engendrer des avantages communs à toute la région. Le premier de ces avantages est la promotion de l'inclusion financière. Les MNBC pourraient permettre à des personnes qui, jusque-là, ne disposaient pas de compte bancaire d'accéder à des services financiers, en particulier si ces monnaies sont conçues pour un usage hors ligne. En effet, il est possible d'effectuer des transactions numériques à l'aide de téléphones mobiles basiques à un coût faible, voire nul, dans des zones reculées dépourvues d'accès à Internet. Les MNBC peuvent être utilisées pour verser des prestations sociales ciblées, notamment en cas de crise soudaine, comme une pandémie ou une catastrophe naturelle » continue le texte.
Autre avantage de taille souligné par les auteurs, les monnaies virtuelles peuvent permettre de combler le retard très important du continent concernant les transferts et paiements internationaux : « L'Afrique subsaharienne est la région où le coût de l'envoi et de la réception de fonds est le plus élevé au monde, en moyenne un peu moins de 8 % du montant transféré. Grâce aux MNBC, les envois de fonds par les travailleurs émigrés pourraient devenir plus simples, plus rapides et moins chers, car ces monnaies raccourcissent les chaînes de paiements et stimulent la concurrence entre prestataires de services. En outre, l'accélération des autorisations de paiements transnationaux permettrait d'intensifier les échanges dans la région et avec le reste du monde ».
Le FMI s’inquiète cependant de la faiblesse des infrastructures numériques nécessaires, aux compétences des banques centrales dans le domaine mais aussi à la capacité de ces pays à attirer des investissements nécessaires pour ces projets.