La descente aux enfers d’Ubisoft et du jeu vidéo



Jeudi 12 Décembre 2024


2024 a marqué un tournant pour l’industrie du jeu vidéo, avec une cascade de licenciements, des fermetures de studios, et des grèves historiques. Que reste-t-il d’un secteur autrefois florissant ?



Une grève symptomatique d’une industrie en crise

Le 12 décembre 2024, une grève d’ampleur nationale a secoué l’industrie française du jeu vidéo. Appuyée par la CGT et le Syndicat des Travailleurs du Jeu Vidéo (STJV), cette mobilisation s'inscrit dans un contexte de crise profonde, exacerbée par une année marquée par des licenciements massifs et des fermetures de studios, à l'image des antennes d'Ubisoft à San Francisco et Osaka.  Les chiffres parlent d'eux-mêmes : 14 500 licenciements dans le monde en 2024, selon Game Industry Layoffs, contre 10 500 en 2023. En France, la mobilisation des salariés des grands studios tels qu'Ubisoft ou Don’t Nod témoigne d’une colère latente. Les revendications portent sur des conditions de travail précaires, un manque de reconnaissance des talents, et une instabilité chronique due aux suppressions de postes.
Un délégué syndical d’Ubisoft Paris confie : « Ce n’est pas seulement une grève contre les licenciements, c’est un cri d’alarme pour l’avenir de notre métier. » La fermeture des studios et les plans d’économie fragilisent le tissu de l’écosystème français, autrefois considéré comme un pilier européen de l’innovation vidéoludique.

Une industrie mondiale en chute libre

Malgré un marché générant 187,7 milliards de dollars en 2024, la baisse des investissements dans le secteur est alarmante. Des studios renommés, comme Firewalk (Sony) ou des antennes d’Ubisoft, ont cessé leurs activités. La concurrence de secteurs émergents comme l’intelligence artificielle détourne les capitaux nécessaires au développement de jeux AAA (jeux à gros budgets).
Mike Bithell, un développeur indépendant britannique, résume la situation : « L’écosystème est en chute libre. Ce qui semblait être une crise ponctuelle s’est transformé en un effondrement prolongé. » Fondée en 1986, Ubisoft a longtemps incarné l’excellence française dans le domaine des jeux vidéo. Pourtant, en 2024, la société semble s’effondrer sous le poids des erreurs stratégiques et d’une gestion contestée. Les récentes fermetures de studios à l’international et les échecs commerciaux de jeux comme Star Wars Outlaws illustrent les difficultés croissantes.

Adélaïde Motte
Dans cet article : grève jeu vidéo