L’AFIEG milite pour l’ouverture du marché français de l’énergie



Mardi 13 Mars 2012


Les sociétés Alpiq (Suisse), Eon (Allemagne), Enel (Italie) et Vattenfall (Suède) se sont regroupées au sein d’une association. Baptisée Association française indépendante de l’électricité et du gaz (AFIEG) elle a pour ambition de « promouvoir l’ouverture des marchés de l’énergie en France ».



Un communiqué de presse daté du 8 mars 2012 rend publique la naissance de l’AFIEG. Présidée par Fleur Thesmar, cette association souhaite devenir un interlocuteur de référence au sujet de la concurrence sur le marché français de l’énergie. Selon cette association composée de grands énergéticiens européens, il est « indispensable » d’accentuer l’ouverture à la concurrence du marché énergétique français.

L’AFIEG entends s’exprimer sur au sujet du gaz et de l’électricité mais elle condamne particulièrement l’état du marché de l’électricité. A l’heure actuelle, « 85% des volumes [d’électricité vendus aux grands consommateurs industriels et tertiaires] restent commercialisés par l’opérateur historique [EDF] » en France, précise l’AFIEG. L’association condamne notamment la position favorisée dont jouit EDF en vertu de la loi NOME d’avril 2011. Celle-ci institue en effet l’ « accès régulé à l’électricité nucléaire historique », et impose à EDF de vendre à des distributeurs tiers, à des conditions fixée par la Commission de régulation de l’énergie, jusqu’à 100TWh par an.

L’entreprise de l’AFIEG est ambitieuse. Fruit d’une stratégie politique de long terme, l’énergie nucléaire française est en effet considérée depuis les débuts de la Vème République comme participant de l’indépendance militaire et énergétique de la France. Aujourd’hui, EDF est une société anonyme dont les capitaux sont détenus à 85% par l’État français. Le statut privilégié d’EDF, en tant qu’exploitant des 19 centrales nucléaires françaises et distributeurs d’énergie, s’inscrit donc toujours dans la politique historique d’indépendance énergétique de la France.

A l’heure actuelle, la loi NOME place de fait EDF en position de fournisseur quasi-exclusif d’électricité pour tous les fournisseurs alternatifs exerçant en France. Les volumes d’énergie distribués par les membres de l’AFIEG et ne provenant pas de la production d’EDF sont donc résiduels. « Les évolutions réglementaires récentes ne permettent pas de poser les bases d’une concurrence durable et équitable » affirme ainsi l’AFIEG.

Rien n’indique que le statut d’EDF est amené à changer. Néanmoins selon Fleur Thesmar : « de très lourds investissement sont nécessaires en France, seul un cadre concurrentiel et attractif permettra qu’ils soient efficaces et garantissent la sécurité des approvisionnements ». Pour l’AFIEG donc, la position française au sujet de sa sécurité énergétique n’est pas viable à long terme.

Au tournant des années 1980, le programme nucléaire civil français mettait en service les premières centrales nucléaires du territoire. Aujourd’hui, une petite trentaine de réacteurs arrive en fin de vie à une époque où n’ont pas diminué les besoins énergétiques de la France. La nécessité de renouveler le parc de centrales nucléaires français est amené à se poser au cours des prochaines décennies. A l’heure où le gouvernement français n’en parle pas encore au public, l’AFIEG prend donc l’initiative du débat sur la continuité de la politique nucléaire française.

En prenant le contre-pied de la position historique du gouvernement français au sujet de l’électricité nucléaire, l’AFIEG témoigne de la détermination des fournisseurs d’électricité étrangers à investir le marché français. La démarche de l’AFIEG vient aussi s’ajouter à celle de l’Association nationale des opérateurs détaillants en énergie (ANODE) qui regroupe des distributeurs d’électricité tels que Poweo ou Direct Énergie, concurrents d’EDF sur le marché des particuliers. Déterminé à appuyer la position de ses membres auprès des pouvoirs publics nationaux et européens, l’AFIEG s’attaque ici à une caractéristique de fond de la politique énergétique française.

La Rédaction