Les réseaux de soins sont encore peu connus en France. Vous qui dirigez l’une des principales plateformes de santé en France, pourriez-vous nous expliquer leurs missions et leur fonctionnement ?
Les réseaux de soins comme Carte Blanche Partenaires sont des organismes chargés d’optimiser les parcours de soins des patients, dans une démarche partenariale avec les acteurs de leur prise en charge (professionnels de santé et assureurs, notamment). Cela signifie que nous mettons en œuvre des solutions organisationnelles, économiques ou techniques destinées à garantir aux assurés une qualité de soins maximale tout en participant à la maîtrise des dépenses de santé. Nous avons également en ligne de mire l’amélioration de l’accès aux soins pour tous, car tout le monde sait que les inégalités en la matière, même dans un pays comme le nôtre, restent criantes à certains égards.
Pour cela, nous contractualisons avec les professionnels de santé qui respectent un certain nombre de critères qualitatifs en termes de services rendus, et économiques (c’est-à-dire une certaine modération tarifaire). Les réseaux de soins ont ainsi démontré leur efficacité dans les domaines de l’optique, de l’audioprothèse, du dentaire ou de l’hospitalisation par exemple, qui représentent des postes de dépense importants pour les patients mais aussi pour l’assurance maladie obligatoire et complémentaire. Concrètement, pour les bénéficiaires, cela se traduit par des avantages négociés par Carte Blanche Partenaires : tiers payant généralisé, qualité des produits et de la prestation, tarifs négociés, services inclus, actions de prévention…
En fait des soins de qualité à un juste prix !
Pour cela, nous contractualisons avec les professionnels de santé qui respectent un certain nombre de critères qualitatifs en termes de services rendus, et économiques (c’est-à-dire une certaine modération tarifaire). Les réseaux de soins ont ainsi démontré leur efficacité dans les domaines de l’optique, de l’audioprothèse, du dentaire ou de l’hospitalisation par exemple, qui représentent des postes de dépense importants pour les patients mais aussi pour l’assurance maladie obligatoire et complémentaire. Concrètement, pour les bénéficiaires, cela se traduit par des avantages négociés par Carte Blanche Partenaires : tiers payant généralisé, qualité des produits et de la prestation, tarifs négociés, services inclus, actions de prévention…
En fait des soins de qualité à un juste prix !
Du point de vue du néophyte, on perçoit encore mal l’intérêt pour un professionnel de santé d’adhérer à un réseau de soins…
Et pourtant il est majeur : en adhérant librement à un réseau de soins ouvert, les professionnels de santé se voient garantir un volume d’activité significatif puisque nos bénéficiaires sont incités à s’orienter vers eux dans le cadre de leur parcours de soins. A cela, s’ajoutent les services que nous leur proposons tels que l’utilisation d’un système de dématérialisation des prises en charge, ce qui signifie pour le professionnel de santé moins de tâches administratives, et donc plus de temps consacré au patient.
Nous cherchons en permanence à améliorer l’équilibre entre l’intérêt économique du patient, celui des professionnels de santé, et celui des Assureurs santé. C’est le seul moyen de pérenniser notre système de santé sans mettre en péril la qualité des soins. Rappelons, en outre, que l’adhésion à Carte Blanche Partenaires est libre et non limitative en temps ou en nombre, contrairement aux pratiques des réseaux de soins fermés.
Nous cherchons en permanence à améliorer l’équilibre entre l’intérêt économique du patient, celui des professionnels de santé, et celui des Assureurs santé. C’est le seul moyen de pérenniser notre système de santé sans mettre en péril la qualité des soins. Rappelons, en outre, que l’adhésion à Carte Blanche Partenaires est libre et non limitative en temps ou en nombre, contrairement aux pratiques des réseaux de soins fermés.
A ce propos, comment distingue-t-on les réseaux ouverts des réseaux fermés ?
Il y a une différence fondamentale sur le plan de la philosophie. La première caractéristique d’un réseau fermé est sa sélectivité, puisque ce type de réseaux suppose la sélection d’un nombre limité de professionnels par zone géographique. Les réseaux fermés sont généralement dédiés à l’optique sur la base d’un cahier des charges assez restrictif qui se traduit par une forte limitation des verres disponibles et par un scoring du professionnel de santé. Cela a deux conséquences essentielles. La première, c’est que contrairement aux réseaux ouverts, la faible densité de professionnels adhérents au réseau fermé sur un territoire donné entraîne souvent une difficulté d’accès aux soins pour les bénéficiaires puisque mécaniquement, la couverture du territoire est moins bonne. La deuxième conséquence qui découle du système de scoring affecte directement les professionnels eux-mêmes, puisqu’ils se retrouvent en situation de concurrence exacerbée et peuvent du jour au lendemain, lors du renouvellement, perdre une part de clientèle non négligeable en cas de nouvelle notation défavorable. Le scoring lui-même peut poser aussi quelques questions de fiabilité en fonction des critères de notation, on peut voir par exemple que le fait d'offrir du café est un critère de sélection.
Puisque vous faites référence à l’optique, qui est emblématique des difficultés d’accès aux soins pour certains Français, comment mesurez-vous concrètement l’efficacité de votre action ?
D’abord à travers le niveau de service rendu à 6,5 millions de bénéficiaires, qui sont 90% à passer par notre réseau optique pour obtenir leurs équipements. Ensuite, à travers le service rendu aux professionnels de santé. Une enquête réalisée en février dernier auprès de 700 de nos opticiens adhérents révèle un taux de satisfaction de 86%. Notre volonté est d’améliorer sans cesse le taux d’utilisation du réseau, grâce à un maillage territorial qui incarne véritablement notre politique de proximité et de facilité d’accès aux soins.
Pourtant, des polémiques ont récemment porté sur l’utilité économique et sociale des réseaux de soins. Que répondez-vous à ceux qui dénoncent une américanisation du système de santé français pilotée par les réseaux de soins ?
Je leur réponds vigoureusement que c’est tout l’inverse ! Effectivement certains experts, la plupart du temps autoproclamés et/ou mal renseignés, décrivent les réseaux de soins comme l’incarnation d’une ombre vampirique planant au-dessus de nos têtes. Mais eux-mêmes n’y croient pas, puisque généralement ils admettent en creux, faute de démontrer le contraire, les avantages des réseaux de soins ouverts. J’attire surtout votre attention sur le fait que certains de ces experts ont des motivations assez floues – peut-être inavouables ? – et entretiennent des liens ténus avec certains lobbies, qui n’hésitent pas à instrumentaliser les discours politiques des uns et des autres en période pré-électorale.
Donc si américanisation il y a, c’est plutôt à travers leur démarche de lobbying que dans notre démarche d’amélioration de l’accès aux soins ! Cela pose, à mon sens, de graves questions démocratiques, car l’accès à la santé est un droit élémentaire dans notre pays, et ce droit devrait transcender les clivages politiques, les intérêts économiques particuliers et les ambitions individuelles pour devenir un véritable objet de débat sociétal.
Donc si américanisation il y a, c’est plutôt à travers leur démarche de lobbying que dans notre démarche d’amélioration de l’accès aux soins ! Cela pose, à mon sens, de graves questions démocratiques, car l’accès à la santé est un droit élémentaire dans notre pays, et ce droit devrait transcender les clivages politiques, les intérêts économiques particuliers et les ambitions individuelles pour devenir un véritable objet de débat sociétal.
A quel lobby faites-vous référence ?
Je fais référence aux lobbies qui constituent des réservoirs de voix suffisamment conséquents pour que l’on se montre sensible à leurs intérêts, en période de primaires.
Donc selon vous, la politique nuit gravement à la santé ?
Sûrement pas ! L’immense majorité des élus que je rencontre ont un sens aigu des responsabilités qui sont les leurs et font de la politique au sens noble du terme. J’ai encore pu le constater début juin à l’occasion du colloque organisé par le think tank Imaginons la Santé : il y a un large consensus quant au fait que les élus et les professionnels doivent travailler main dans la main pour moderniser notre système de soins. Les réseaux de soins ouverts incarnent d’ailleurs, aux yeux de la plupart des parlementaires, un véritable pivot de notre système de soins dans la mesure où nous contribuons à réguler son fonctionnement dans l’intérêt de tous, avec une flexibilité et une réactivité qui nous sont permises par notre proximité du terrain.
Que répondez-vous alors à ceux qui objectent que les réseaux de soins sont restrictifs de liberté de choix pour les patients, ou qu’ils portent atteinte à la libre concurrence ?
Ils n’ont qu’à se référer aux récentes décisions de l’autorité de la concurrence qui balaie d’un revers de la main ces arguments infondés. Quant à l’objection de la liberté de choix des patients, elle est péremptoire. Chez Carte Blanche Partenaires, il n’y a pas de différenciation de remboursement dans le réseau et hors réseau. Notre stratégie de régulation est fondée sur les avantages proposés aux uns et aux autres, et non sur des restrictions ou des obligations. Les professionnels de santé qui adhèrent à Carte Blanche, comme les bénéficiaires, conservent ainsi une totale liberté.
La révolution numérique a désormais touché le secteur de la santé. Ses acteurs sont-ils suffisamment préparés au virage numérique ? Le numérique peut-il servir la refonte de notre système de santé ?
Là encore, l’ensemble des acteurs de la prise en charge doivent travailler de concert car les enjeux sont immenses, tant du point de vue économique que du point de vue de la santé de nos concitoyens. Si l’on prend l’exemple des produits d’assurance santé à la personne, ceux-ci sont tellement réglementés qu’ils en sont devenus quasi-standardisés. En revanche, un énorme travail reste à faire sur les services associés à ces produits. Or, on parle beaucoup de Big Data aujourd’hui : ce concept a des implications concrètes dans notre métier. L’analyse de données collectives, par exemple, permet d’élaborer des services adaptés à la personne en temps réel. L’analyse prédictive, en particulier, permet d’améliorer des démarches de prévention avec un meilleur ciblage très en amont, pour une plus grande efficacité.
A partir de statistiques de santé et du profil-type du bénéficiaire, traitées anonymement et automatiquement, nous pourrons anticiper certains risques ou pathologies inhérents à son âge, son sexe, ou sa profession, et ainsi très tôt lui adresser des conseils de prévention pour pallier ces risques. Il peut s’agir de risques liés aux troubles musculo-squelettiques, de risques de cancers plus élevé auprès de certaines populations, ou de risques divers liés à un métier. Quand on sait ce que représentent ces multiples pathologies en termes de dépenses de prise en charge pour la collectivité, on voit bien que les enjeux sont aussi bien des enjeux de santé que des enjeux économiques. Les parlementaires que je rencontre ont vraiment conscience du rôle que nous avons à jouer ensemble de ce point de vue, il en va de l’équilibre – et donc de la survie – de notre système de santé.
A partir de statistiques de santé et du profil-type du bénéficiaire, traitées anonymement et automatiquement, nous pourrons anticiper certains risques ou pathologies inhérents à son âge, son sexe, ou sa profession, et ainsi très tôt lui adresser des conseils de prévention pour pallier ces risques. Il peut s’agir de risques liés aux troubles musculo-squelettiques, de risques de cancers plus élevé auprès de certaines populations, ou de risques divers liés à un métier. Quand on sait ce que représentent ces multiples pathologies en termes de dépenses de prise en charge pour la collectivité, on voit bien que les enjeux sont aussi bien des enjeux de santé que des enjeux économiques. Les parlementaires que je rencontre ont vraiment conscience du rôle que nous avons à jouer ensemble de ce point de vue, il en va de l’équilibre – et donc de la survie – de notre système de santé.