Industrie automobile : la filière européenne met sa production en pause



Lundi 23 Septembre 2024


Alors que les constructeurs automobiles chinois envisagent d'ouvrir des usines de production sur le sol européen pour échapper à la hausse des taxes douanières sur leurs voitures électriques, les constructeurs européens sont contraints de réduire leur production. Une initiative prise à contrecœur, le but étant pour eux d'échapper aux sanctions financières prévues par le calendrier CO2 de l'exécutif européen en 2025.



Une production automobile en perte de vitesse

Un tiers des usines automobiles européennes fonctionnent en sous-régime, voire ont réduit de moitié leur production, comme le souligne Auto Plus. Cette situation n’est pas simplement conjoncturelle, mais est aggravée par plusieurs facteurs : la pandémie de Covid-19, la pénurie mondiale de semi-conducteurs, la guerre en Ukraine, mais aussi, et surtout, le calendrier CO2 imposé par l'Union européenne et les sanctions que celui-ci prévoit dès l'année 2025 pour les constructeurs automobiles européens.
 
La demande de voitures électriques est en forte baisse : ce segment a enregistré un recul de 10,8 % en juillet 2024 sur un an. En Europe, les immatriculations progressent plus lentement en raison de la suppression des aides à l’achat, comme le bonus écologique, notamment en Allemagne.

Un avenir plus qu'incertain pour la filière....

Le prix élevé des véhicules électriques et le manque de bornes de recharge continue de dissuader de nombreux acheteurs. Conséquence : afin de répondre aux objectifs de réduction des émissions de CO2 de l'exécutif européen, plusieurs constructeurs automobiles, tels que Volkswagen, envisagent de fermer deux de ses usines en Allemagne. Celui-ci a par ailleurs annoncé un plan de restructuration de 10 milliards d'euros, qui comprend notamment la résiliation du contrat de garantie de l’emploi en vigueur depuis plus de 30 ans. Une initiative qui laisse présager de futures vagues de licenciements massifs pour ses effectifs...  

L’industrie automobile représente 8 % des emplois en Europe, soit environ 13 millions de travailleurs. Les fermetures d’usines risquent de causer des pertes massives d’emplois, impactant directement l’économie des régions concernées. Les constructeurs comme Mercedes et Audi envisagent également des fermetures, comme à Bruxelles pour Audi, en raison de la chute des ventes de son modèle Q8 e-tron. Autrement dit, les acteurs du secteur se battent pour une part décroissante du marché. Ce ralentissement de la production expose les constructeurs à des pertes financières importantes, tandis que les objectifs imposés par l'UE, tels que prévus par son calendrier CO2, pourraient les exposer à des amendes de 15 milliards d'euros dès 2025, selon Luca de Meo, patron de Renault et président de l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA).  

Axelle Ker