Hermès vs LVMH : qui conservera la couronne du CAC40 ?



Mercredi 16 Avril 2025


Le mardi 15 avril 2025, Hermès International (code ISIN : FR0000052292) est brièvement devenu le groupe français le plus valorisé en Bourse, dépassant LVMH avec une capitalisation atteignant 243,65 milliards d’euros, contre 243,44 milliards d’euros pour son concurrent direct, selon les chiffres relayés par Bloomberg. Vers 10h20, LVMH est repassé devant, mais sans regagner son avance antérieure.



Bourse : LVMH en crise, Hermès en profite

Cette inversion intervient dans un contexte de correction du secteur du luxe. LVMH a enregistré une chute de 13,4 % en 2024, et a cédé près de 23 % supplémentaires depuis le début de l’année 2025. Le groupe a souffert d’un ralentissement significatif de la demande chinoise, de moindres achats au Japon et d’une demande plus faible aux États-Unis, notamment pour les produits de beauté et les spiritueux.

Hermès affiche, de son côté, une performance atypique dans le secteur, avec une progression de +21 % en 2024, année pourtant marquée par un fort repli de l’ensemble des valeurs du luxe. Sur trois ans, cinq ans et dix ans, la société signe l’une des meilleures performances du CAC40.

Ce résultat repose sur une politique de rareté assumée : production limitée, listes d’attente prolongées, distribution sélective. La banque HSBC souligne le "pricing power exceptionnel" du groupe, qui place Hermès dans une situation comparable à celle de Ferrari, avec une demande structurellement supérieure à l’offre.

LVMH fragilisé par une croissance mondiale plus hétérogène

Selon Deutsche Bank, « Hermès est largement reconnue comme la société de produits de luxe cotée en Bourse la plus qualitative, la plus différenciée et la plus défensive », selon BFM Bourse. La croissance attendue pour 2025 est estimée à +11,1 %, soit l’une des plus élevées du secteur.

LVMH conserve des fondamentaux solides, mais fait face à une exposition accrue aux cycles macroéconomiques mondiaux. L’entreprise, qui contrôle 75 maisons, dont Louis Vuitton, Céline et Dior, a publié des résultats trimestriels jugés en deçà des attentes. Toutes les divisions affichent des ventes inférieures aux prévisions. Jie Zhang, analyste chez AlphaValue, explique que le groupe pâtit d’un « ralentissement des achats des Chinois au Japon et d’une dynamique inégale en Chine continentale ». À cela s’ajoute une sensibilité plus forte aux fluctuations monétaires, aux politiques douanières américaines, ainsi qu’à la saturation du segment premium sur certains marchés émergents.

Vers une période d’instabilité à la tête de la Bourse de Paris ?

Pour les marchés, le contraste entre les deux groupes devient un signal de rotation stratégique. D’un côté, Hermès cristallise l’intérêt pour des modèles épurés, à croissance organique, moins exposés aux risques d’image et aux cycles internationaux. De l’autre, LVMH incarne une logique de consolidation, qui nécessite une confiance totale dans la robustesse de ses synergies internes.
Le CAC40 a clôturé ce 15 avril 2025 à 7.335,40 points, en hausse de +0,86 %, porté notamment par un rebond partiel de LVMH (clôturant à 488,65 euros), et une stabilisation d’Hermès à 2.355,00 euros. Les écarts de capitalisation, désormais stabilisés autour de 249 milliards d’euros pour Hermès contre 256 milliards pour LVMH, montrent que la lutte pour la place de première capitalisation du CAC40 et, en parallèle, de première capitalisation du luxe européen risque de durer quelques temps.

 

François Lapierre