Les débuts de l’affaire, l’avalanche d’accusations
L’étincelle dans cette affaire, qui a de loin dépassé le champ du cinéma, a été l’enquête publiée dans le New York Times le 5 octobre 2017. Celle-ci a mis en avant les témoignages de nombreuses femmes l’accusant de harcèlement et d’agressions sexuelles. L’homme aurait abusé de sa position pendant des décennies et ce en tout impunité. Alors que le feu se propage déjà à vive allure, le New Yorker publie cinq jours après le NYT, les témoignages de treize femmes dont trois l’accusant de viol. La loi du silence rompue, c’est plus de quatre-vingts femmes dont Angelina Jolie, Gwyneth Paltrow ou encore Léa Seydoux qui ont pointé du doigt Harvey Weinstein dans les jours qui ont suivi la publication des deux enquêtes. Un grand nombre de personnalités dont Barack Obama et Hillary Clinton ont alors pris leurs distances avec le cinéaste et l’ont condamné publiquement. Tombé en disgrâce, licencié de la maison de production qu’il a fondée, visé par des enquêtes à New York et Londres, Harvey Weinstein se voit également exclu de l’Académie des Oscars.
Très vite, le producteur est devenu le symbole de l’oppresseur. Son affaire n’était plus seulement celle d’un homme ou même celle d’un milieu permettant silencieusement les abus mais celle de tous les agresseurs impunis. La parole des victimes d’autres agresseurs s’est alors déliée à travers les réseaux sociaux (mouvement MeToo). Si l’on peut raisonnablement penser que les accusations contre Harvey Weinstein étaient telles que son image sortirait plus qu’écornée des différentes allégations, sa gestion de l’affaire n’a sûrement pas arrangé les choses dans un premier temps.
Une communication qui laisse peu de place à la compassion
Et pourtant, Harvey Weinstein avait vu venir la tempête et s’y était préparé. Pour limiter l’impact des différentes attaques, il avait réuni autour de lui une équipe soigneusement choisie. Celle-ci comprenait ainsi Lisa Bloom, avocate connue pour avoir défendue des victimes d’agressions sexuelles, Lanny Davis, ancien conseiller de Bill Clinton ou encore Charles Harder spécialisé dans les médias et chargé d’enrayer la publication d’articles à charge. Fort de cette équipe, le jour de la parution de l’article du NYT, Harvey Weinstein a immédiatement fourni une réponse. Il y présente ses excuses aux victimes et dit avoir pris conscience de la peine qu’il a pu causer. Il dit avoir déjà engagé un combat contre ses démons et ce grâce à l’aide de Lisa Bloom qui joue ainsi le rôle de caution morale. Mais plus que les pâles excuses aux victimes, ce qui ressort de sa déclaration, ce sont les excuses qu’il se trouve. Effectivement, dès le début de sa réponse, il explique qu’il vient d’un autre temps. Les comportements et la culture au travail y étaient autre selon lui. Ce début de déclaration est à l’image du reste de celle-ci. Il s’agit moins de parler des victimes que de parler de lui. Il demande déjà une éventuelle seconde chance. Il paraît à côté de la plaque du début à la fin avec ses attaques hors-sujet contre la NRA (lobby pro-arme) ou encore une citation (‘I'm not the man I thought I was and I better be that man for my children.’ Je ne suis pas l’homme que je pensais être et je ferais bien d’être cet homme pour mes enfants) faussement attribuée à l’album 4:44 de Jay-Z dans lequel il revient sur son infidélité. Fausse citation ou non, il apparaît en tout cas déplacé de comparer une infidélité à des cas d’harcèlements sexuels. Toute trace de prise de responsabilité est enterrée par la banalisation de ses actes et une stratégie très offensive. En effet l’un de ses avocats a lancé une procédure contre le NYT et plusieurs articles dénoncent la collecte d’informations effectuée par son équipe sur les femmes souhaitant s’exprimer avec la volonté d’acheter leur silence ou de salir leur réputation.
Cette déclaration n’apaise en tout cas pas le situation, d’autres femmes commencent à s’exprimer alors que les trois conseillers précédemment évoqués quittent le navire. Sa communication ne consistera ensuite qu’à nier catégoriquement toute relation non consensuelle. Il affirmera ainsi à plusieurs reprises et en réponse à différentes femmes s’exprimant les médias, « avoir des souvenirs différents de ceux rapportés ». Si cette nouvelle stratégie avait de quoi agacer, elle s’avérait en tout cas moins maladroite que la première et devait surtout avoir pour but de ne pas le compromettre en vue d’un procès.
Retour à la case départ
Cependant, le cinéaste ne semble pas avoir appris de ses erreurs. Effectivement, à la veille de son procès, Harvey Weinstein a tenu des propos au New York Post qui rappellent sa première déclaration. Il dit se sentir oublié, souligne qu’il a réalisé plus de film dirigés par des femmes que n’importe quel autre producteur. Il insiste sur le fait qu’on devrait se souvenir de ses accomplissements passés. Ces derniers propos ouvrent ainsi son procès judiciaire de la même façon que des paroles aux mêmes sonorités avaient ouvert un procès médiatique plus de deux ans plus tôt. Si la communication ne pouvait sûrement pas sauver son image, la sienne a contribué à faire de lui le symbole négatif des oppresseurs, privilégiés, longtemps impunis et se pensant au-dessus de tout.
L’étincelle dans cette affaire, qui a de loin dépassé le champ du cinéma, a été l’enquête publiée dans le New York Times le 5 octobre 2017. Celle-ci a mis en avant les témoignages de nombreuses femmes l’accusant de harcèlement et d’agressions sexuelles. L’homme aurait abusé de sa position pendant des décennies et ce en tout impunité. Alors que le feu se propage déjà à vive allure, le New Yorker publie cinq jours après le NYT, les témoignages de treize femmes dont trois l’accusant de viol. La loi du silence rompue, c’est plus de quatre-vingts femmes dont Angelina Jolie, Gwyneth Paltrow ou encore Léa Seydoux qui ont pointé du doigt Harvey Weinstein dans les jours qui ont suivi la publication des deux enquêtes. Un grand nombre de personnalités dont Barack Obama et Hillary Clinton ont alors pris leurs distances avec le cinéaste et l’ont condamné publiquement. Tombé en disgrâce, licencié de la maison de production qu’il a fondée, visé par des enquêtes à New York et Londres, Harvey Weinstein se voit également exclu de l’Académie des Oscars.
Très vite, le producteur est devenu le symbole de l’oppresseur. Son affaire n’était plus seulement celle d’un homme ou même celle d’un milieu permettant silencieusement les abus mais celle de tous les agresseurs impunis. La parole des victimes d’autres agresseurs s’est alors déliée à travers les réseaux sociaux (mouvement MeToo). Si l’on peut raisonnablement penser que les accusations contre Harvey Weinstein étaient telles que son image sortirait plus qu’écornée des différentes allégations, sa gestion de l’affaire n’a sûrement pas arrangé les choses dans un premier temps.
Une communication qui laisse peu de place à la compassion
Et pourtant, Harvey Weinstein avait vu venir la tempête et s’y était préparé. Pour limiter l’impact des différentes attaques, il avait réuni autour de lui une équipe soigneusement choisie. Celle-ci comprenait ainsi Lisa Bloom, avocate connue pour avoir défendue des victimes d’agressions sexuelles, Lanny Davis, ancien conseiller de Bill Clinton ou encore Charles Harder spécialisé dans les médias et chargé d’enrayer la publication d’articles à charge. Fort de cette équipe, le jour de la parution de l’article du NYT, Harvey Weinstein a immédiatement fourni une réponse. Il y présente ses excuses aux victimes et dit avoir pris conscience de la peine qu’il a pu causer. Il dit avoir déjà engagé un combat contre ses démons et ce grâce à l’aide de Lisa Bloom qui joue ainsi le rôle de caution morale. Mais plus que les pâles excuses aux victimes, ce qui ressort de sa déclaration, ce sont les excuses qu’il se trouve. Effectivement, dès le début de sa réponse, il explique qu’il vient d’un autre temps. Les comportements et la culture au travail y étaient autre selon lui. Ce début de déclaration est à l’image du reste de celle-ci. Il s’agit moins de parler des victimes que de parler de lui. Il demande déjà une éventuelle seconde chance. Il paraît à côté de la plaque du début à la fin avec ses attaques hors-sujet contre la NRA (lobby pro-arme) ou encore une citation (‘I'm not the man I thought I was and I better be that man for my children.’ Je ne suis pas l’homme que je pensais être et je ferais bien d’être cet homme pour mes enfants) faussement attribuée à l’album 4:44 de Jay-Z dans lequel il revient sur son infidélité. Fausse citation ou non, il apparaît en tout cas déplacé de comparer une infidélité à des cas d’harcèlements sexuels. Toute trace de prise de responsabilité est enterrée par la banalisation de ses actes et une stratégie très offensive. En effet l’un de ses avocats a lancé une procédure contre le NYT et plusieurs articles dénoncent la collecte d’informations effectuée par son équipe sur les femmes souhaitant s’exprimer avec la volonté d’acheter leur silence ou de salir leur réputation.
Cette déclaration n’apaise en tout cas pas le situation, d’autres femmes commencent à s’exprimer alors que les trois conseillers précédemment évoqués quittent le navire. Sa communication ne consistera ensuite qu’à nier catégoriquement toute relation non consensuelle. Il affirmera ainsi à plusieurs reprises et en réponse à différentes femmes s’exprimant les médias, « avoir des souvenirs différents de ceux rapportés ». Si cette nouvelle stratégie avait de quoi agacer, elle s’avérait en tout cas moins maladroite que la première et devait surtout avoir pour but de ne pas le compromettre en vue d’un procès.
Retour à la case départ
Cependant, le cinéaste ne semble pas avoir appris de ses erreurs. Effectivement, à la veille de son procès, Harvey Weinstein a tenu des propos au New York Post qui rappellent sa première déclaration. Il dit se sentir oublié, souligne qu’il a réalisé plus de film dirigés par des femmes que n’importe quel autre producteur. Il insiste sur le fait qu’on devrait se souvenir de ses accomplissements passés. Ces derniers propos ouvrent ainsi son procès judiciaire de la même façon que des paroles aux mêmes sonorités avaient ouvert un procès médiatique plus de deux ans plus tôt. Si la communication ne pouvait sûrement pas sauver son image, la sienne a contribué à faire de lui le symbole négatif des oppresseurs, privilégiés, longtemps impunis et se pensant au-dessus de tout.