Une intervention justifiée
Le choix de faire appel à l’OTAN peut paraître étonnant de prime abord. En effet, son objectif initial est d’assurer la sécurité de ses pays membres sur le plan politico-militaire. De plus, ses membres ne sont pas tous européens. Or, cette crise, strictement européenne, est censée être gérée par FRONTEX, l’agence de l’UE en charge de la protection des frontières extérieurs à l’espace Schengen. Mais les divisions internes à l’UE quant à la gestion de la crise et les moyens limités de FRONTEX ont conduit l’Allemagne, la Turquie et la Grèce à réclamer l’aide de l’OTAN.
Ces arguments sont repris par son secrétaire général, le norvégien Jens Stoltenberg, qui, dans son allocution du 25 février 2016 explique « répondre aux propositions de l’Allemagne, de la Grèce et de la Turquie ». Afin de prévenir les doutes sur l’engagement d’une organisation militaire dans une telle crise, il affirme que l’OTAN « établir(a) aussi des liens directs avec FRONTEX ». Dans un premier temps, l’Alliance a donc tenu à légitimer son action.
Un rôle précis auquel l’OTAN compte se confiner
La deuxième phase de cette gestion de crise contribue à expliciter le rôle de l’OTAN dans cette crise. Elle précise qu’elle a un rôle d’informateur auprès des gardes-frontières grecs, turcs et de FRONTEX. Son action n’est pas de refouler les bateaux aux portes de l’UE mais de proposer, à l’aider de ses satellites militaires et de sa flotte, les données de géolocalisation les plus précises possibles aux garde-côtes.
L’OTAN se présente également comme un médiateur entre les pays. Elle affirme vouloir faciliter la coopération gréco-turque en mer d’Egée par le partage d’informations entre les deux pays. Par ailleurs, l’Alliance transatlantique assure qu’ils effectueront leur devoir moral si un de ses navires venait à apercevoir des migrants en détresse. Enfin, elle précise que ses actions se feront dans le cadre du droit et qu’elle ne prendrait pas d’initiatives personnelles dans la prise en charge des bateaux de passeurs une fois ces derniers accompagnés à bon port.
Un bilan très mitigé
Quel bilan peut-on faire de l’action de l’OTAN dans sa participation à la gestion de la « crise des migrants » ? Si l’OTAN a permis une amélioration des capacités de repérage des garde-côtes européens, les quelques 20000 morts dans la Méditerranée depuis 2014 assombrissent ses résultats même si des dizaines de milliers de personnes ont été sauvées. En effet, bien qu’elle ne porte pas l’entière responsabilité de ces disparitions, l’image de l’organisation en ressort ternie.
Son rôle de médiateur entre la Grèce, et plus généralement l’UE, et la Turquie semble également être remis en cause. Si cela avait favorisé la signature d’un accord entre l’UE et la Turquie en mars 2016, l’OTAN est aujourd’hui la cible d’Ankara. Il était prévu que la Turquie empêche les réfugiés, syriens pour la grande majorité, d’accéder à l’UE en contrepartie d’une aide financière de 4 milliards d’euros. Fin 2019, la Turquie exige de l’OTAN qu’elle l’appuie dans son combat en Syrie contre les forces armées kurdes après la mort de 33 militaires turcs. Or certains pays comme la France ne souhaitent pas entrer en guerre contre les Kurdes qui ont aidé la coalition internationale en Irak et en Syrie à vaincre Daesh. Face à ce refus, le président turc Erdogan a menace l’UE de rouvrir les frontières turques et de laisser les réfugiés rejoindre l’Europe.
L’OTAN apparaît donc désemparée face à la crise à laquelle elle fait face. Si son approche de la crise a été bonne à son déclenchement, l’alliance souffre des divergences entre les pays concernés par la crise, qui sont également ses membres. Cela provoque une contradiction interne à l’OTAN qui ne sait plus sur quel pied danser. De plus, l’UE et la Turquie ont tour à tour pris l’OTAN pour cible afin de souligner son incompétence à honorer ses objectifs. Ne s’agit-il pas un moyen pour ces protagonistes, censés être alliés, de masquer leur incapacité à faire face à cette crise depuis 2015 ?
Le choix de faire appel à l’OTAN peut paraître étonnant de prime abord. En effet, son objectif initial est d’assurer la sécurité de ses pays membres sur le plan politico-militaire. De plus, ses membres ne sont pas tous européens. Or, cette crise, strictement européenne, est censée être gérée par FRONTEX, l’agence de l’UE en charge de la protection des frontières extérieurs à l’espace Schengen. Mais les divisions internes à l’UE quant à la gestion de la crise et les moyens limités de FRONTEX ont conduit l’Allemagne, la Turquie et la Grèce à réclamer l’aide de l’OTAN.
Ces arguments sont repris par son secrétaire général, le norvégien Jens Stoltenberg, qui, dans son allocution du 25 février 2016 explique « répondre aux propositions de l’Allemagne, de la Grèce et de la Turquie ». Afin de prévenir les doutes sur l’engagement d’une organisation militaire dans une telle crise, il affirme que l’OTAN « établir(a) aussi des liens directs avec FRONTEX ». Dans un premier temps, l’Alliance a donc tenu à légitimer son action.
Un rôle précis auquel l’OTAN compte se confiner
La deuxième phase de cette gestion de crise contribue à expliciter le rôle de l’OTAN dans cette crise. Elle précise qu’elle a un rôle d’informateur auprès des gardes-frontières grecs, turcs et de FRONTEX. Son action n’est pas de refouler les bateaux aux portes de l’UE mais de proposer, à l’aider de ses satellites militaires et de sa flotte, les données de géolocalisation les plus précises possibles aux garde-côtes.
L’OTAN se présente également comme un médiateur entre les pays. Elle affirme vouloir faciliter la coopération gréco-turque en mer d’Egée par le partage d’informations entre les deux pays. Par ailleurs, l’Alliance transatlantique assure qu’ils effectueront leur devoir moral si un de ses navires venait à apercevoir des migrants en détresse. Enfin, elle précise que ses actions se feront dans le cadre du droit et qu’elle ne prendrait pas d’initiatives personnelles dans la prise en charge des bateaux de passeurs une fois ces derniers accompagnés à bon port.
Un bilan très mitigé
Quel bilan peut-on faire de l’action de l’OTAN dans sa participation à la gestion de la « crise des migrants » ? Si l’OTAN a permis une amélioration des capacités de repérage des garde-côtes européens, les quelques 20000 morts dans la Méditerranée depuis 2014 assombrissent ses résultats même si des dizaines de milliers de personnes ont été sauvées. En effet, bien qu’elle ne porte pas l’entière responsabilité de ces disparitions, l’image de l’organisation en ressort ternie.
Son rôle de médiateur entre la Grèce, et plus généralement l’UE, et la Turquie semble également être remis en cause. Si cela avait favorisé la signature d’un accord entre l’UE et la Turquie en mars 2016, l’OTAN est aujourd’hui la cible d’Ankara. Il était prévu que la Turquie empêche les réfugiés, syriens pour la grande majorité, d’accéder à l’UE en contrepartie d’une aide financière de 4 milliards d’euros. Fin 2019, la Turquie exige de l’OTAN qu’elle l’appuie dans son combat en Syrie contre les forces armées kurdes après la mort de 33 militaires turcs. Or certains pays comme la France ne souhaitent pas entrer en guerre contre les Kurdes qui ont aidé la coalition internationale en Irak et en Syrie à vaincre Daesh. Face à ce refus, le président turc Erdogan a menace l’UE de rouvrir les frontières turques et de laisser les réfugiés rejoindre l’Europe.
L’OTAN apparaît donc désemparée face à la crise à laquelle elle fait face. Si son approche de la crise a été bonne à son déclenchement, l’alliance souffre des divergences entre les pays concernés par la crise, qui sont également ses membres. Cela provoque une contradiction interne à l’OTAN qui ne sait plus sur quel pied danser. De plus, l’UE et la Turquie ont tour à tour pris l’OTAN pour cible afin de souligner son incompétence à honorer ses objectifs. Ne s’agit-il pas un moyen pour ces protagonistes, censés être alliés, de masquer leur incapacité à faire face à cette crise depuis 2015 ?