Éviction de Carlos Tavares : les coulisses d’une décision choc



Mercredi 4 Décembre 2024


Carlos Tavares, ancien PDG de Stellantis, a marqué l'industrie automobile par son management rigoureux et ses stratégies ambitieuses. Pourtant, il a dû quitter le groupe le 1er décembre 2024.



Une stratégie financière devenue un sujet de tension

Selon le directeur financier de Stellantis, des désaccords profonds ont émergé entre Carlos Tavares et le conseil d'administration.  « Une entreprise doit être plus qu’un simple centre de profits, elle doit collaborer intelligemment avec son écosystème », affirme-t-il. Ces divergences portaient notamment sur les priorités à court terme et les relations avec les partenaires externes. Le conseil reprochait au dirigeant une gestion trop centrée sur la rentabilité immédiate, au détriment des relations avec les concessionnaires, les fournisseurs et les gouvernements.

Sous la direction de Carlos Tavares, Stellantis a connu des succès financiers notables, notamment une augmentation de la rentabilité et une réduction des coûts opérationnels. Cependant, cette stratégie a montré ses limites. En cherchant à maintenir des marges élevées, les prix des véhicules ont fini par décourager les clients. Résultat : des baisses significatives des parts de marché et des stocks en hausse, mettant en péril la trésorerie de l'entreprise.

Le management controversé de Carlos Tavares

Le style de management de Carlos Tavares a souvent été critiqué pour son caractère autoritaire et sa centralisation du pouvoir. Il lui est reproché d’avoir instauré une culture d’entreprise peu collaborative, marginalisant certains cadres et divisions, notamment au sein de la filiale américaine Chrysler. De nombreux cadres dirigeants, jugés insuffisamment performants, ont été remplacés de manière brutale. Cette centralisation excessive a également conduit à une faible capacité d’adaptation face aux crises. 

Malgré ces critiques, Carlos Tavares a accompli des exploits majeurs. Il a supervisé le redressement de PSA Peugeot-Citroën dès 2014 et le rachat réussi d’Opel en 2017. La fusion de PSA avec Fiat Chrysler en 2021, pour un montant de 50 milliards de dollars (47,5 milliards d’euros), a donné naissance à Stellantis, aujourd'hui quatrième constructeur automobile mondial. Toutefois, cette croissance rapide a transformé Stellantis en une structure complexe, difficile à manœuvrer.

Adélaïde Motte
Dans cet article : carlos tavares stellantis