Energie : « Nous dénonçons les opérations d’ingérences étrangères en France »



Lundi 2 Décembre 2024


Dans une tribune publiée par Le Point le 1er décembre 2024, plusieurs anciens hauts responsables politiques et industriels de l'énergie, parmi lesquels Henri Proglio (ancien président d’EDF), Louis Gallois (ancien Commissaire général à l’investissement) et Bernard Accoyer (ancien président de l'Assemblée nationale), adressent une lettre ouverte à Michel Barnier. Ils y expriment de vives inquiétudes quant à la politique énergétique actuelle de la France.



Une dénonciation explicite des ingérences étrangères

« Nous dénonçons les opérations d’ingérences étrangères en France visant également à promouvoir le modèle énergétique allemand », écrivent les signataires. Ces ingérences, selon eux, prennent différentes formes et ont pour but d'imposer à la France des choix énergétiques alignés sur l'Energiewende, la transition énergétique allemande.

Le modèle allemand, souvent salué pour son investissement dans les énergies renouvelables, est ici décrit comme un échec : « Ce modèle, dont l’échec est patent sur le plan économique et de l’impact sur le climat », repose largement sur des énergies fossiles pour pallier l’intermittence de la production solaire et éolienne. Les auteurs de la tribune mettent en garde contre le risque que la France, forte de son parc nucléaire, ne se laisse influencer par des directives européennes ou des campagnes étrangères contraires à ses intérêts stratégiques.
 

L’influence allemande et les pressions européennes

Les signataires pointent du doigt les directives européennes qui, selon eux, « refusent la prise en compte de la contribution de l’énergie nucléaire à la décarbonation et sanctionnent financièrement la France ». En effet, la France, grâce à son parc nucléaire, bénéficie d’un des mix électriques les moins carbonés au monde. Cependant, le nucléaire est régulièrement exclu des mécanismes de soutien financier européen destinés aux énergies décarbonées, ce qui pousse la France à s’aligner sur des politiques énergétiques moins performantes pour répondre aux critères européens.

« Non, la France n’est en aucun cas “en retard” et – contrairement à sa voisine d’outre-Rhin – émet, grâce à son nucléaire, très peu de CO2 pour produire son électricité », clament-ils. Selon eux, les normes européennes, influencées par le modèle allemand, forcent la France à adopter des solutions renouvelables intermittentes importées, au détriment de sa souveraineté énergétique. Les auteurs soulignent également la manière dont ces choix énergétiques rendent la France dépendante de technologies importées. « La quasi-totalité des éoliennes et des panneaux photovoltaïques sont importés de l’étranger », rappellent-ils.

La tribune met également en lumière le financement d’associations militantes opposées au nucléaire : « Nous dénonçons enfin le financement par l’État ou des entreprises énergétiques étatiques, d’associations et officines antinucléaires, pro-éolien et photovoltaïque, qui dénigrent le modèle énergétique français. »  Ils accusent notamment certaines de ces organisations d’avoir contribué à des choix politiques contestables, comme la fermeture de Fessenheim, qualifiée de décision idéologique plutôt que rationnelle. Cette fermeture, rappellent-ils, a été opérée malgré l’importance stratégique de maintenir un parc nucléaire opérationnel.

Aurélien Lacroix