Effondrement du Rana Plaza au Bangladesh, la réaction des firmes multinationales



Vendredi 13 Novembre 2020


La « catastrophe de Daca » ou l’effondrement du Rana Plaza fait référence à l’effondrement d’une usine textile de 9 étages à Savar, faubourg ouest de Dacca, la capitale du Bangladesh. Cet immeuble abritait plusieurs ateliers de confection travaillant pour diverses marques internationales de vêtements telles que Zara, H&M ou Gap.



La « catastrophe de Daca » ou l’effondrement du Rana Plaza fait référence à l’effondrement d’une usine textile de 9 étages à Savar, faubourg ouest de Dacca, la capitale du Bangladesh. Cet immeuble abritait plusieurs ateliers de confection travaillant pour diverses marques internationales de vêtements telles que Zara, H&M ou Gap. Ce dramatique accident a eu lieu le 24 avril 2013 et a causé au moins 1 127 morts pour 2 500 rescapés alors que 3 122 salariés se trouvaient à ce moment dans l’immeuble. L’apparition de fissures avait été remarquée la veille de l’accident mais les consignes d’évacuation et de fermeture du site avaient été ignorées par les responsables des ateliers. Cette catastrophe est souvent perçue comme un problème lié à la fast fashion et à la mondialisation.

De grandes marques mises en cause

De grandes marques internationales, telles que Mango ou Primark faisaient fabriquer leurs vêtements dans cet immeuble, comptant un total d’environ 5 000 salariés. Les quatre derniers étages de cet immeuble auraient été construits sans permis d’après le responsable de la sécurité civile et de la lutte contre les incendies du Bangladesh. Ainsi les marques sont accusées d’avoir autorisé la confection de leurs produits en connaissance de ces causes.  

La manière dont les évènements se déroulent le jour de l’accident aggrave la crise. En effet, le 24 avril, les ouvriers refusent d’entrer dans le bâtiment en raison des fissures apparues la veille. Toutefois, la direction menace de licenciement les employés, ce qui les oblige alors à prendre leur poste. Survient alors une panne de courant, puis vers 9 heures le sol se met à trembler avant que le bâtiment ne s’effondre totalement, n’épargnant que le rez-de-chaussée. Le drame fut engendré par les vibrations provoquées par les générateurs d’électricité installés en haut du toit pour alimenter les usines. Le lendemain de la catastrophe au moins 275 morts et un millier de blessés sont annoncés, la moitié des victimes étant des femmes. Le ministre de l’intérieur, Muhiuddin Khan Alamgir, a annoncé que les équipes des pompiers ainsi que la police participaient aux efforts de secours. Des secouristes volontaires ont utilisé des rouleaux de tissu pour aider les survivants à s’extraire du bâtiment.

Une journée de deuil national est organisé le lendemain. Le 28 avril, le propriétaire de l’immeuble Sohel Rana est arrêté. 
 
Comment ces grandes marques internationales ont alors réagi à cette crise ?
 
La communication s’est imposée pour les différentes firmes concernées par la catastrophe. En effet, Mango doit faire face à cette crise car coupable en laissant ces salariés travailler dans de telles conditions. Les différentes firmes ont majoritairement assumé leur responsabilité et se sont occupées de contrôler la communication afin de minimiser la dégradation de leur image et de la confiance des consommateurs. Elles ont également rappelé que la faute venait principalement des propriétaires de l’usine qui assuraient que l’immeuble avait été construit en respectant les normes de sécurité. La communication s’est voulu très transparente par ces firmes. En effet, le public avait accès aux informations en temps réel. Toutefois, certaines sociétés ont nié avoir fait appel à des travailleurs du Rana Plaza ou d’autres rejettent la faute sur leurs sous-traitants.
 
Des réactions des grandes entreprise et du gouvernement du Bangladesh
 
Des actions ont été entreprises par certaines grandes firmes et par le gouvernement bangladais. A la suite de l’accident, un groupe de députés a cherché à agrandir la responsabilité sociétale des entreprises, en imposant un devoir de vigilance aux multinationales concernant le respect de ces normes par leurs filiales et sous-traitants. Environ 150 multinationales (notamment Adidas, Mango, H&M, Inditex…) qui sous-traitaient au Bangladesh ont signé l’Accord sur le feu et la sécurité des bâtiments, visant à sécuriser les usines textiles bangladaises grâce à des inspections d’ingénieurs locaux et internationaux. Davantage de transparence de la part des membres est également exigée. Quant à Mango, la marque s’engage personnellement à redéfinir sa politique de responsabilité sociale.

Ensuite, « l’arrangement du Rana Plaza » a été mis en place dans le but de soutenir financièrement les familles des victimes et blessés. Un fond est également dédié aux dédommagements des victimes sous l’égide de l’Organisation internationale du Travail. Le groupe Auchan dans un communiqué officiel a par exemple exprimé son soutien à l’opération de solidarité aux victimes du Rana Plaza afin de montrer son engagement au sein de la crise.

Par ailleurs, la marque suédoise H&M, en raison d’une erreur de destinataire dans un mail, est accusée d’être présente dans ces ateliers de confection. En effet, suite à l’accident la marque porte beaucoup d’attention à sa réputation et une étiquette de leur marque a de surcroit été retrouvée dans le bâtiment. La marque gère la crise en externe en assurant qu’elle ne concevait aucun vêtement dans le Rana Plaza. Cette étiquette retrouvée ne constitue en rien une preuve selon la marque. Pour des raisons humanitaires seulement et non en raison d’une quelconque implication dans la catastrophe, H&M a décidé de faire un don aux fonds d’aide aux victimes de la catastrophe.   
 

Maureen Rahal