Le constat est sans appel. Moins de jeunes médecins qui s’installent que d’aînés qui partent en retraite et un fort déséquilibre dans la répartition géographique de ces spécialistes sont les deux principaux facteurs qui conduisent à une offre de soins optiques actuellement insuffisante. En parallèle, l’espérance de vie de la population ne cesse de croître et avec elle, des besoins médicaux spécifiques toujours plus importants. En effet, si tous les sens s’altèrent avec l’âge, la vue est particulièrement malmenée après 50 ans. Les professionnels de santé du secteur de l’optique doivent donc faire face à une plus grande demande de consultations et de soins et s’accommoder d’une offre qui n’augmente pas assez et qui de surcroit, est mal répartie.
Un décret longtemps attendu par les opticiens
La délégation de compétences apparaît alors comme une solution indispensable pour désengorger les cabinets surchargés des ophtalmologues, et répondre aux urgences médicales avérées. Ce concept de délégation de compétences dans les secteurs médicaux est extrêmement encadré. Il ne s’agit pas pour un médecin de confier un acte à un autre professionnel de santé non qualifié. Il s’agit d’un cadre légal qui légitime les actions et la compétence médicale d’un professionnel pour agir auprès d’un patient dans le besoin. Des mesures sont donc mises en place, notamment le décret du 12 octobre 2016, pour élargir les prérogatives des opticiens. Depuis cette date, « l’opticien-lunetier peut adapter dans le cadre d’un renouvellement de délivrance, après réalisation d’un examen de la réfraction et sauf opposition du médecin mentionnée expressément sur l’ordonnance, les corrections optiques des prescriptions médicales de lentilles de contact oculaire datant de moins de un an pour les patients âgés de moins de 16 ans, et de moins de trois ans pour les patients âgés de plus 16 ans »(1).
Chez les opticiens, ce décret est perçu comme une étape cohérente dans l’accompagnement de leurs clients-patients. Pour Yves Guénin, secrétaire général du Groupe Optic 2000, « la délégation de compétences est sans doute la voie la plus prometteuse pour améliorer l’accès aux soins visuels ». Ce décret semble s’inscrire dans la logique du Groupe qui multiplie les actions pour aller au plus près de ses clients : visites à domicile, campagnes de prévention, sensibilisations aux risques d’une mauvaise santé visuelle dans les entreprises et les EHPAD (Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes). En plus d’apporter une réponse au manque de médecins, Optic 2000 mène une politique volontaire « hors les magasins » pour compenser l’implantation déséquilibrée des ophtalmologues sur le territoire. D’autres opticiens indépendants, comme Julien Gaucher, Yves Thévenoux et Benjamin Samson installés dans le Cantal, font également le pari de la proximité. À l’aide de camping-cars spécialement aménagés, ces professionnels de santé partent à la rencontre des clients-patients les plus isolés. Personnes âgées, personnes non véhiculées et parfois jeunes parents simplement séduits par la démarche, sont les nouvelles cibles de ces professionnels engagés. Une démarche qui s’inscrit dans une logique d’accès aux soins visuels accessibles à tous et partout.
Des plateformes en ligne
D’autres professionnels de santé, eux-aussi directement concernés, s’impliquent dans cette mission de désengorgement des cabinets. C’est le cas notamment du Dr Étienne Gardea, ophtalmologue à Rouen, qui a créé la plateforme « Eyeneed »(2), sur laquelle les professionnels de la santé visuelle se coordonnent pour assurer une certaine fluidité dans le parcours de soins. Les patients, après avoir rempli un questionnaire précis, sont redirigés vers un opticien, un orthoptiste ou un ophtalmologiste selon leurs besoins. Chacun de ces professionnels bénéficient d’une plateforme sécurisée pour échanger sur le cas des patients, et accélérer les rendez-vous en cas d’urgence. Objectifs : désengorgement des cabinets d’ophtalmologie, élargissement des compétences des orthoptistes et accès aux soins plus rapide pour les patients. Pour le Dr Étienne Gardea, l’intérêt est aussi valable pour les opticiens car ils bénéficient d’« une patientèle qui les identifie progressivement comme recours pour réaliser un contrôle de la vue ». Cet organisation des « 3O(3)» illustre la complémentarité de tous ces professionnels dans le parcours de santé visuelle. Yves Guénin de conclure : « À condition de s’en donner les moyens avec une politique volontariste, et de faire évoluer les missions de chacun de façon raisonnée, et encadrée, on peut réellement améliorer la situation en matière d’accès aux soins visuels ! »
(1) Article 1 du Décret no 2016-1381 du 12 octobre 2016 relatif aux conditions de délivrance de verres correcteurs ou de lentilles de contact oculaire correctrices et aux règles d’exercice de la profession d’opticien-lunetier
https://www.acuite.fr/sites/acuite.fr/files/articles_pj/decret_no_2016-1381_du_12_octobre_2016_relatif_aux_conditions_de_delivrance_de_verres_correcteurs.pdf
(2) https://www.eyeneed.fr/
(3) Ophtalmologistes, Opticiens, Orthoptistes
Un décret longtemps attendu par les opticiens
La délégation de compétences apparaît alors comme une solution indispensable pour désengorger les cabinets surchargés des ophtalmologues, et répondre aux urgences médicales avérées. Ce concept de délégation de compétences dans les secteurs médicaux est extrêmement encadré. Il ne s’agit pas pour un médecin de confier un acte à un autre professionnel de santé non qualifié. Il s’agit d’un cadre légal qui légitime les actions et la compétence médicale d’un professionnel pour agir auprès d’un patient dans le besoin. Des mesures sont donc mises en place, notamment le décret du 12 octobre 2016, pour élargir les prérogatives des opticiens. Depuis cette date, « l’opticien-lunetier peut adapter dans le cadre d’un renouvellement de délivrance, après réalisation d’un examen de la réfraction et sauf opposition du médecin mentionnée expressément sur l’ordonnance, les corrections optiques des prescriptions médicales de lentilles de contact oculaire datant de moins de un an pour les patients âgés de moins de 16 ans, et de moins de trois ans pour les patients âgés de plus 16 ans »(1).
Chez les opticiens, ce décret est perçu comme une étape cohérente dans l’accompagnement de leurs clients-patients. Pour Yves Guénin, secrétaire général du Groupe Optic 2000, « la délégation de compétences est sans doute la voie la plus prometteuse pour améliorer l’accès aux soins visuels ». Ce décret semble s’inscrire dans la logique du Groupe qui multiplie les actions pour aller au plus près de ses clients : visites à domicile, campagnes de prévention, sensibilisations aux risques d’une mauvaise santé visuelle dans les entreprises et les EHPAD (Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes). En plus d’apporter une réponse au manque de médecins, Optic 2000 mène une politique volontaire « hors les magasins » pour compenser l’implantation déséquilibrée des ophtalmologues sur le territoire. D’autres opticiens indépendants, comme Julien Gaucher, Yves Thévenoux et Benjamin Samson installés dans le Cantal, font également le pari de la proximité. À l’aide de camping-cars spécialement aménagés, ces professionnels de santé partent à la rencontre des clients-patients les plus isolés. Personnes âgées, personnes non véhiculées et parfois jeunes parents simplement séduits par la démarche, sont les nouvelles cibles de ces professionnels engagés. Une démarche qui s’inscrit dans une logique d’accès aux soins visuels accessibles à tous et partout.
Des plateformes en ligne
D’autres professionnels de santé, eux-aussi directement concernés, s’impliquent dans cette mission de désengorgement des cabinets. C’est le cas notamment du Dr Étienne Gardea, ophtalmologue à Rouen, qui a créé la plateforme « Eyeneed »(2), sur laquelle les professionnels de la santé visuelle se coordonnent pour assurer une certaine fluidité dans le parcours de soins. Les patients, après avoir rempli un questionnaire précis, sont redirigés vers un opticien, un orthoptiste ou un ophtalmologiste selon leurs besoins. Chacun de ces professionnels bénéficient d’une plateforme sécurisée pour échanger sur le cas des patients, et accélérer les rendez-vous en cas d’urgence. Objectifs : désengorgement des cabinets d’ophtalmologie, élargissement des compétences des orthoptistes et accès aux soins plus rapide pour les patients. Pour le Dr Étienne Gardea, l’intérêt est aussi valable pour les opticiens car ils bénéficient d’« une patientèle qui les identifie progressivement comme recours pour réaliser un contrôle de la vue ». Cet organisation des « 3O(3)» illustre la complémentarité de tous ces professionnels dans le parcours de santé visuelle. Yves Guénin de conclure : « À condition de s’en donner les moyens avec une politique volontariste, et de faire évoluer les missions de chacun de façon raisonnée, et encadrée, on peut réellement améliorer la situation en matière d’accès aux soins visuels ! »
(1) Article 1 du Décret no 2016-1381 du 12 octobre 2016 relatif aux conditions de délivrance de verres correcteurs ou de lentilles de contact oculaire correctrices et aux règles d’exercice de la profession d’opticien-lunetier
https://www.acuite.fr/sites/acuite.fr/files/articles_pj/decret_no_2016-1381_du_12_octobre_2016_relatif_aux_conditions_de_delivrance_de_verres_correcteurs.pdf
(2) https://www.eyeneed.fr/
(3) Ophtalmologistes, Opticiens, Orthoptistes