Comment la baisse des taux redéfinit les choix d’investissement



Vendredi 18 Avril 2025


La détente des taux de crédit immobilier amorcée au printemps 2025 n’est pas qu’un soulagement pour les ménages. Elle pourrait aussi rebattre certaines cartes dans le monde des affaires, en réactivant des dynamiques d’investissement et de financement endormies depuis deux ans.



Crédit immobilier : une reprise du financement à effet domino

Depuis la décision de la Banque centrale européenne (BCE) du 17 avril 2025, qui a abaissé son taux directeur à 3,75 %, les conditions de financement s’améliorent progressivement. Les banques bénéficient d’un accès moins coûteux à la liquidité, ce qui rejaillit sur leurs offres de crédit, y compris sur le segment professionnel. Cette évolution, bien que déclenchée par la baisse des taux du crédit immobilier, tend à affecter plus largement le coût global de l’argent. À titre d’exemple, les dernières données de la Banque de France montrent une baisse du taux moyen pour les prêts à l’habitat à 3,25 % en janvier 2025, soit une diminution de 14 points de base en un mois.

Cette détente redonne de l’oxygène à certaines entreprises dont les projets immobiliers – acquisition de locaux, extensions, réaménagements – avaient été gelés ou repoussés. Les acteurs du tertiaire, notamment dans les grandes métropoles, pourraient relancer des investissements jusqu’ici différés. De même, les promoteurs immobiliers, confrontés depuis deux ans à une raréfaction des crédits acheteurs, retrouvent un marché plus fluide, susceptible d’améliorer leurs prévisions de trésorerie et de relancer des chantiers à l’arrêt.


Effet d’entraînement sur les stratégies de croissance et de bilan

À moyen terme, cette baisse des taux pourrait également peser sur les arbitrages de croissance des entreprises. La baisse du coût d’endettement permet de rouvrir des options d’expansion ou de diversification qui étaient devenues trop coûteuses. Certaines structures pourront envisager une remontée du levier d’endettement pour financer des rachats ciblés ou accélérer des programmes d’investissement interne, en particulier dans les secteurs où l’immobilier reste une composante stratégique : logistique, distribution, hôtellerie, santé.

Sur le plan financier, la dynamique de taux plus bas pourrait aussi pousser les entreprises à restructurer leur dette. Plusieurs établissements anticipent déjà une vague de renégociations ou de refinancements, à la faveur d’un contexte plus favorable. Cela pourrait avoir des effets positifs sur la qualité de crédit des entreprises, en réduisant leur charge financière nette, et renforcer leur attractivité vis-à-vis des investisseurs ou des prêteurs. Cette nouvelle configuration remet ainsi en jeu certains équilibres établis depuis la phase de resserrement monétaire entamée en 2022.


Adélaïde Motte
Dans cet article : bce crédit immobilier taux