Bourse des PME-ETI : pourquoi et comment ?



Lundi 13 Mai 2013


Le 23 mai 2013 a été annoncé comme la date officielle du lancement d’une bourse entièrement dédiée aux PME et aux ETI. Créée par l’opérateur NYSE Euronext, la bourse devra permettre à ces entreprises de se développer plus facilement.



Une structure adaptée aux moyennes entreprises.

NYSE Euronext est la première bourse en Europe, regroupant les Bourses de Paris, Amsterdam, de Bruxelles et de Lisbonne. La création d’une bourse des PME-ETI permettrait de fournir une réponse à la difficulté qu’éprouvent certains entrepreneurs à financer leurs projets. L’introduction du capital de ces sociétés sur un tel marché financier leur procurerait un apport de liquidité utile à la réalisation de certains contrats, à la réponse d’appels d’offres, ou constituerait une solution à la volonté de croissance externe. Le projet de bourse de NYSE Euronext est censé voir le jour le 23 mai 2013. L’annonce, faite au lendemain de la clôture des Assises de l’entrepreneuriat concorde d'ailleurs avec l’orientation du gouvernement français, qui souhaite faciliter l’accès des PME au marché des capitaux, notamment renforcé par le septième point du Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi : « Créer une nouvelle bourse des PME, soutenue par la mise en place d’un PEA-PME, pour faciliter l’accès des PME et des ETI aux marchés des capitaux et favoriser l’investissement dans les ETI »(1).
 
En 1983 déjà, le « second marché » de la Bourse de Paris visait à intégrer les entreprises intermédiaires et 1996, le « nouveau marché » était destiné aux entreprises de la nouvelle économie, notamment l’économie d’Internet et des nouvelles communications. Cependant en 2005 est créé le marché réglementé « Euronext » comprenant trois compartiments A, B et C, correspondant à l’importance de la capitalisation (A, supérieure à 1 milliard d’euros ; B, comprise entre 150 millions et 1 milliard d’euros ; et C, inférieure à 150 millions d’euros). À cette date est aussi créé « Alternext », marché organisé, mais non réglementé permettant aux petites et moyennes entreprises d’accéder à un environnement plus souple juridiquement.
 
La Bourse PME-ETI se structurera donc comme une filiale couvrant les compartiments B et C du marché réglementé de NYSE Euronext et NYSE Alternext. Cela sous-entend un accès aux entreprises ayant une capitalisation boursière égale ou inférieure à 1 milliard d’euros dans les quatre pays où l’opérateur est présent, c’est-à-dire la France, la Belgique, le Portugal et les Pays-Bas. Il devrait y avoir des réductions tarifaires : 10 % sur les frais d’introduction en bourse et les frais de transfert du marché réglementé vers NYSE Alternext devraient obtenir 50 % de réduction. En outre, 18 millions devraient être annuellement alloués à la filiale PME-ETI.

La Bourse pour les PME-ETI est-elle une alternative possible au financement des entreprises ?

Une Bourse PME-ETI pourrait constituer une réponse pertinente en vue de réconcilier les petits entrepreneurs avec les investisseurs. Le futur marché est par ailleurs une excellente alternative au financement des PME-ETI (pour 90 % d’entre eux, provenant de crédits bancaires, aujourd’hui de plus en plus difficiles d’accès) à la fois dans sa capacité que dans sa rapidité.
 
Pourtant, l’idée d’une bourse consacrée aux petites entreprises comporte plusieurs points d’achoppement. Le premier est le manque de concertation lors de l’élaboration du projet. Le second point est l’absence d’ambition dans le projet, et des solutions attribués qui restent assez faibles. Caroline Weber, directrice générale de MiddleNext(2) confie d’ailleurs dans Les Échos, que c’est un « projet a minima, pour ne pas dire cosmétique. Les moyens alloués ne sont pas du tout à la hauteur des besoins des PME »(3). Mme Weber ajoute : « je ne comprends pas pourquoi on ne se donne pas les moyens de créer quelque chose qui fonctionne, alors qu'il y a une vraie demande de la place parisienne ».
 
Même si le projet est en accord avec le Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi, le gouvernement reste prudent et dit ne pas « apporter de soutien particulier au projet ». Pourtant la réussite d’un tel marché pourrait dynamiser l’économie en apportant une source de financement aux PME et ETI qui sont la force active de la France. Le besoin existe, reste maintenant à savoir si la nouvelle bourse soutenue par NYSE Euronext parviendra à le combler.

(1) http://www.economie.gouv.fr/ma-competitivite/repondre-aux-besoins-des-tpe-pme-eti
(2) MiddleNext est une association professionnelle française indépendante exclusivement représentative des valeurs moyennes cotées sur Euronext et Alternext de NYSE-Euronext, tous secteurs d’activités confondus.
(3) http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/finance-marches/actu/0202739513692-la-place-s-interroge-sur-la-future-bourse-des-pme-563536.php

Arthur Fournier